UNE CHARNIÈRE EN QUESTION
RAREMENT, L’ILE CONTINENT AURA MANQUÉ À CE POINT D’UNE CHARNIÈRE DE QUALITÉ. L’ÉQUIPE NATIONALE POURRAIT EN PÂTIR...
Où sont passées les charnières australiennes ? La première moitié du Super Rugby 2018 est maintenant derrière nous et les franchises australiennes ont largement montré leur manque de profondeur à certains postes. Si la concurrence fait rage pour le poste de talonneur après les départs de Stephen Moore (retraite) et Tatafu Polota-Nau (Leicester), il est deux positions où la pénurie devient dramatique et la concurrence reste faible : demi de mêlée et ouverture. L’exemple le plus criant se trouve à Melbourne où les pauvres Rebels sont à la recherche d’une charnière capable de conduire une franchise riche en talent mais pauvre en intelligence de jeu. Les blessures à répétition de Will Genia montrent le rôle central joué par l’ancien du Stade français comme meneur de jeu. Quand il est sur le terrain, l’équipe est efficace, séduisante, avec un jeu ambitieux. Dès qu’il sort, le jeu des Rebels sombre dans une médiocrité consternante, l’ouvreur Jack Debreczeni montrant toutes ses limites dans l’animation du jeu. Michael Ruru, le remplaçant de Genia est solide physiquement mais besogneux. La chute des Rebels (5 défaites de rang) est directement liée aux absences de Genia.
FRANCHIR LE PALIER
Ce problème de charnière se répète dans toutes les franchises et commence à poser de sérieuses questions en vue de la venue des Irlandais pour trois tests en juin prochain. Chez les Waratahs, la paire Phipps - Foley n’a été associée qu’en de très rares occasions, Phipps revenant seulement d’une blessure à la cuisse (on passera sous silence ses frasques récentes). Son remplaçant, Jake Gordon, prometteur, semble avoir atteint un palier qu’il n’arrive pas à franchir. Le même jugement peut être porté sur Joe Powell, le demi de mêlée des Brumbies, très solide en défense mais qui ne pèse pas suffisamment sur le jeu de son équipe. Brad Thorn, aux Reds, s’appuie sur un trio de très jeunes joueurs qui ont besoin de s’aguerrir avant de prétendre à une place en équipe nationale, même si James Tuttle pourrait bénéficier du manque de concurrence.
La situation est encore pire à l’ouverture où, derrière Bernard Foley, c’est le vide complet. Le jeune Mack Mason, n’a pas eu la moindre minute de jeu. La solution de remplacement est Kurtley Beale, le joueur protée par excellence. Une blessure de Foley sonnerait le glas des espoirs des Waratahs mais aussi des Wallabies. Le rejet de Quade Cooper par Brad Thorn, renvoyant le joueur dans la compétition des clubs de Brisbane, prive les Reds d’une sérieuse expérience à un poste clef. Il est sûr que Cooper a ses défauts mais, son expérience est indéniable et amènerait beaucoup dans une équipe très jeune. À sa place, Thorn fait confiance à Jono Lance, un joueur honnête mais incapable d’insuffler la moindre créativité. Le jeune Hamish Stewart, titulaire contre les Lions, est prometteur, c’est vrai mais doit encore gagner en temps de jeu car il a de sérieuses lacunes, notamment dans le jeu au pied. Quant aux Brumbies, la conduite du jeu est pour le moment confiée à un Néo-Zélandais, donc nonsélectionnable,Wharenui Hawera. Christian Leali’ifano semble plus adapter au rôle « cinq-huitième » en jouant au centre. On comprend mieux maintenant l’indigence du jeu des équipes australiennes dans ce Super Rugby où les matches à répétition commencent à peser sur des joueurs qui manquent cruellement de concurrence pour pouvoir respirer et prendre un peu de recul.