Midi Olympique

8 MAI, JOUR DE LIBÉRATION

PLUS DE 20 000 CATALANS SE SONT RASSEMBLÉS SUR LA PLACE DU CASTILLET POUR FETER LE RETOUR DE L’USAP EN TOP 14, 4 ANS APRÈS. TOUT UN PEUPLE, ENFIN LIBÉRÉ, QUI N’AVAIT PLUS CONNU UNE TELLE LIESSE DEPUIS UN SOIR DE JUIN 2009. UN MOMENT RARE ET INTENSE. RÉCIT

- François Rivière, Christophe André, Enzo Selponi et Romain Millo-Chluski soulèvent le bouclier de Pro D2 devant la foule du Castillet. Par Lucas MEIRINHO, envoyé spécial

Un jour historique. Le retour des héros dans la cité catalane après leur victoire face à Grenoble qui permet au club de retrouver l’élite du rugby français. Après leur victoire, les festivités ont vite commencé. « Denis Navizet, le directeur général du club, a décidé d’organiser une soirée en petit comité. On s’est retrouvé à Toulouse entre joueurs, staff et salariés du club. Et j’ai passé la meilleure soirée depuis que je suis au club », reconnaiss­ait François Rivière, le président de l’Usap à la tête du club depuis quatre ans. Lundi après-midi, les joueurs se sont retrouvés chez Mathieu Acébès pour un moment de conviviali­té rare dans une saison. « Nous étions tous ensemble autour d’un très bon barbecue, même si Mathieu n’est pas le pro de la saucisse », souriait Julien Farnoux. Le lendemain, à 11 heures, dans son magnifique bureau, François Rivière s’attendait à un grand moment de fête et de partage : « L’Usap est bien plus qu’un club, c’est un territoire. Ici il y a un ADN chromosomi­que du rugby dans le sang catalan. Le pays avait besoin de nous pour vivre des bons moments. Le maire m’a souvent dit, quand l’Usap gagne, c’est bon pour le commerce à Perpignan. Vous allez vous promener en ville, les gens ont le moral encore plus aujourd’hui. Les succès restent un indicateur de bonne santé. J’espère que la fête sera très belle. Ce sont des moments à savourer et l’émotion va être très forte. » Et il ne s’est pas trompé.

DE LA SOUFFRANCE A L’EXTASE

Mardi, dès 13 heures, Jean-Bernard Pujol, Julien Farnoux et Romain Millo-Chluski se rejoignaie­nt dans un bar charmant, la Halle Vauban, pour y siroter quelques bières. Trente minutes plus tard, Karl Chateau, le vice-capitaine de l’équipe, arrivait avec un cadeau entre les mains, le bouclier. Les premiers chants montaient, les joueurs, heureux de se retrouver, s’étreignaie­nt.

Les minutes passaient (très) vite et c’était déjà le moment de prendre la direction de la place du Castillet où 20 000 supporters n’attendaien­t plus qu’une chose : retrouver leurs héros ! Neuf ans après le titre de Top 14 . Neuf années de souffrance­s gommées par cette victoire sur Grenoble. Et la furieuse envie, depuis, de hurler son amour aux hommes d’Arlettaz. Le bus se gare, les poils se hérissent, les oreilles bourdonnen­t, un moment rare et intense dans une carrière de rugbyman. « C‘est un plaisir d’être ici, de vivre un instant comme celui-ci. L’année a été difficile, on a connu des galères. La fête est d’autant plus belle. C’est de la pure folie ! » reconnaiss­ait Lucas Bachelier l’ancien capitaine de l’équipe de France des moins de 20 ans, grand absent de la saison pour cause de blessure.

MAFI, L’IDOLE DE TOUT UN PEUPLE

18 h 30, les coéquipier­s de Tom Ecochard se rejoignaie­nt tous (ce n’était pas gagné pour certains) sur la scène de la place de la Victoire au pied du Castillet. Les joueurs étaient présentés un par un et à ce petit jeu, Lifeimi Mafi, le capitaine de l’Usap, fut le plus acclamé.Véritable idole à Perpignan, il brandissai­t ce bouclier tant attendu par tout un peuple. Les 20 000 personnes en rêvaient. « C’est mon club de toujours, ma raison de vivre. Voir notre capitaine brandir ce bouclier, c’est fantastiqu­e. J’ai les larmes aux yeux, c’est clairement le plus beau moment de ma vie », exultait Nicolas, fervent supporter.

Pendant que Genesis Mamea Lemalu jouait de la batterie et Tristan Labouteley s’improvisai­t DJ d’un soir, une magnifique communion s’installait. Les joueurs descendaie­nt de l’estrade et se mélangeaie­nt à une foule en délire. Tous les deux mètres, les supporters réclamaien­t des photos, des autographe­s et des bisous pour les plus chanceux. Arrivés aux Galeries Lafayettes, où la fête se poursuivai­t, les deux centres perpignana­is Sione Piukala et Seilala Lam interpella­ient Patrick Arlettaz : « Patrick, c’est incroyable, nous avons jamais vu une ambiance aussi folle. » Le coach usapiste leur répondait : « C’est Perpignan mes amis, les Catalans sont des passionnés. Ici, c’est mon village. » Un village qui n’attendait que de vibrer aux couleurs « Sang et Or ».

Le soleil se couchait mais les festivités se poursuivai­ent sur le toit du célèbre magasin avec vue imprenable sur la cité catalane. La soirée était loin d’être terminée. Les Catalans finissaien­t la nuit dans une boîte de nuit à Canet-en-Rousillon. Le périple ne faisait que commencer puisqu’ils étaient reçus mercredi à 16 heures à la mairie. Ils seront ce vendredi à 18 heures au Palais des rois de Majorque. L’ivresse de la montée n’est pas près de s’envoler dans une région qui n’a pas fini de vibrer.

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Photo En.D.

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