Midi Olympique

BIG BEN DONNE LE RYTHME

LE MEILLEUR RÉALISATEU­R DU TOP 14 ET AUSSI DEVENU L’UN DES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DU SYSTÈME DE JEU OYONNAXIEN.

- Par Jean-Pierre DUNAND

C’était face au Lou, il y a deux semaines. Après dixsept minutes de jeu, en réussissan­t la transforma­tion du premier essai oyonnaxien inscrit par Quentin MacDonald, l’ouvreur de l’USO, Benjamin Botica, franchissa­it le seuil symbolique des 300 points inscrits dans la saison. Celui qui devrait être sacré meilleur réalisateu­r du Top 14 est aussi l’un des maillons essentiels du jeu oyonnaxien. En un peu plus d’une année, Botica, le joker médical arrivé sur la pointe des pieds en janvier 2017, après une expérience avortée avec Montpellie­r, est devenu « Big Ben », le joueur qui pour sa première saison dans l’Ain avait rythmé l’avancée de l’USO vers le Top 14, avant de donner à nouveau la cadence dans la poursuite menée depuis février pour arracher la treizième place et s’offrir la possibilit­é de jouer le maintien lors d’un barrage face à Grenoble. Le 15 janvier 2017, après huit matchs de Top 14 disputés avec Montpellie­r, club qu’il venait de rejoindre après deux saisons passées aux Harlequins, Benjamin Botica débarquait à Oyonnax. Ces attentes étaient alors aussi affirmées que sa motivation : « À Montpellie­r, je jouais avec les espoirs et je pense être un peu vieux pour faire partie des espoirs. J’ai faim, j’ai très faim, je veux jouer. Je suis là pour six mois et je veux emmener Oyonnax en Top 14. » Quelques jours plus tard, le Néo-Zélandais disputait son premier match avec Oyonnax, à Aurillac, et en réussissan­t après la sirène la transforma­tion du deuxième essai oyonnaxien, il permettait à l’USO de mettre fin à la longue invincibil­ité d’Aurillac sur ses terres. L’engagement allait être tenu, en disputant onze rencontres avec l’USO, Benjamin Botica fut l’un des artisans du retour en Top 14. Il ne s’était trompé que sur un point, la durée de son engagement avec le club du Haut-Bugey, prolongé cette saison, mais également jusqu’en 2020.

SEPT ESSAIS ET VINGT ET UN FRANCHISSE­MENTS

Car celui qui est vite devenu « Big Ben » ne se contente pas d’être un excellent buteur (84 % de réussite). Il est aussi un régulateur essentiel du jeu. « J’aime porter le ballon, attaquer la ligne, aller chercher la défense adverse », revendique l’ouvreur oyonnaxien en

poursuivan­t : « Dans tout ce que j’entreprend­s, je cherche à structurer autour de moi. L’objectif est de pouvoir jouer avec différente­s options

autour et de réussir à prendre la bonne décision. » Le bilan de la saison traduit la réalité de cette approche du jeu tout autant que celle des talents de buteur du Néo-Zélandais, auteur de 68 pénalités, 36 transforma­tions, réalisateu­r de sept essais et détenteur d’un nombre impression­nant de passes décisives. Il pointe aussi dans le top 15 des joueurs les plus perforants du championna­t à hauteur du Castrais (et ex-Grenoblois) Armand Battle ou du Toulousain Thomas Ramos avec 21 franchisse­ments.

FAUSSES APPARENCES

Vu « bad de boy l’extérieur, », adepte Benjamin des voitures Botica, sportives qui cultive aux pneus volontiers taille le basse look pas toujours adaptés aux conditions hivernales du Haut-Bugey, peut laisser l’image d’un personnage parfois décalé. Les apparences sont trompeuses, Adrien Buononato ne manque pas de le rappeler : « Ben peut effectivem­ent paraître parfois un peu fantasque et dans certains clubs, c’est quelque chose qui peut ne pas très bien passer. Il ne faut pas se fier à cette première approche, Ben est avant tout un joueur capable d’être très sérieux dans ce qu’il fait sans jamais se prendre au sérieux. » À Oyonnax, le Néo-Zélandais admet avoir trouvé le cadre qui lui convient et il ne faut certaineme­nt pas chercher plus loin les raisons de cet épanouisse­ment. « Venir à Oyonnax a relevé de mon propre choix. La ville, l‘environnem­ent, l’état d’esprit du groupe, la façon de procéder des coachs qui ont compris comment je fonctionne, les relations avec les dirigeants… tout me convient. C’est vraiment le club qu’il me fallait pour mûrir et avancer. C’est aussi pourquoi j’ai choisi de rester à Oyonnax. » Preuve de cet attachemen­t à l’USO, « Big Ben », il y a quelques semaines, mettait en balance la perspectiv­e d’être sacré meilleur

réalisateu­r du Top 14 et le destin de son club. « Si j’en suis là, c’est parce qu’à Oyonnax on a su me redonner confiance en moi. Terminer la saison en étant le meilleur réalisateu­r du Top 14 ne constitue pas pour moi un objectif prioritair­e. Je serais encore plus heureux si je terminais à la cinquième place des réalisateu­rs et si, dans le même temps, Oyonnax bouclait le championna­t au douzième rang. » Ce voeu n’a pas été exaucé. Reste celui de permettre à Oyonnax de rester en Top 14, un an après l’avoir aidé à y retrouver sa place. Pour tenter de le réaliser, « Big Ben » sera encore là ce samedi pour donner le rythme à l’USO. ■

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Photo M. O. - Patrick Derewiany

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