Midi Olympique

L’ANNÉE DE L’IRLANDE

ENTRE LE GRAND CHELEM DU DERNIER TOURNOI ET CE TITRE EUROPÉEN POUR LE LEINSTER, L’IRLANDE A PROUVÉ QU’ELLE ÉTAIT BIEN LA MEILLEURE NATION EUROPÉENNE. ANALYSE DU RÉVEIL DU GÉANT VERT.

- Par Simon VALZER, envoyé spécial simon.valzer@midi-olympique.fr

Qui c’est les plus forts ? Évidemment, c’est les Verts. Ou les Bleus, selon qu’ils soient en sélection ou en club. En tout cas, on parle bien des mêmes joueurs : les Sexton, Furlong, Healy, McGrath, Toner, Henshaw, Ringrose, Kearney. Ces joueurs qui, grosso modo, figurent tous dans le Top 3 des meilleurs à leurs postes respectifs. Ceux-là qui, le 17 mars dernier, ont marché sur l’Angleterre d’Eddie Jones à Twickenham (15-24, 5-21 à la mi-temps) pour signer le troisième Grand chelem de l’histoire du rugby irlandais, réparant ainsi l’échec de l’édition précédent qui les avait vus échouer d’un souffle face à l’éternel rival anglais. C’est aujourd’hui un fait, l’Irlande a clairement détrôné l’Angleterre sur l’échiquier européen. Tant en sélection qu’en clubs, puisque l’Irlande comptait pas moins de deux demifinali­stes quand les Saracens, derniers représenta­nts anglais en quarts de finale ont été balayés 30 à 19.

Des performanc­es qui, si l’on en croit le pilier internatio­nal du Leinster Jack McGrath, ont trouvé leur origine dans les échecs passés : « Pendant plusieurs années, nous n’avons pas été en mesure de nous imposer. Nous n’étions pas loin du compte, tant en club qu’en sélection, mais nous échouions. Quand on passe des saisons comme cela, à accumuler de la frustratio­n, on est forcément plus motivés pour se sortir de l’ornière. Le fait d’avoir perdu l’année dernière en demi-finale européenne face à Clermont avec le Leinster, le fait d’avoir terminé seconds du Tournoi avec l’Irlande, ou même de ne pas se qualifier du coup en Champions Cup comme cela nous est arrivé à la fin de la saison 2012 nous a mis la rage. »

MCGRATH : « À CAUSE DE NOS JEUNES, JE ME SENS DÉJÀ VIEUX ! »

L’autre facteur de la réussite des Irlandais consiste en l’émergence d’une nouvelle génération de talents, à l’image du deuxième ligne James Ryan (21 ans), du flanker Dan Leavy (24 ans) du centre Garry Ringrose (23 ans), ou encore de la nouvelle machine à marquer des essais, l’Ulsterman Jacob Stockdale (22 ans, 9 capes, 11 essais) : « Je pense que nous sommes arrivés à un bon équilibre dans les génération­s, tant en club qu’en sélection, reprend McGrath. Ici, au Leinster, vous avez des mecs qui possèdent une immense expérience sur qui on peut s’appuyer quand viennent les grands matchs. Mais nous avons aussi des jeunes incroyable­s, qui apportent une fraîcheur et une bonne volonté incroyable, des gosses qui n’ont peur de rien, pas même de la défaite ou de ses conséquenc­es. Et puis il faut voir leur niveau technique à seulement 20 ou 21 ans : ils sont déjà prêts pour le haut niveau. Regardez notre deuxième ligne James Ryan, qui a été élu homme du match aujourd’hui, il n’a que 21 ans ! Et notre ailier Jordie Larmour n’a que 20 ans. Ces gosses sont incroyable­s… Bordel, je n’ai que 28 ans mais à cause d’eux je me sens déjà vieux ! » s’exclamait le colosse du Leinster. Oui, le rugby irlandais a retrouvé la banane. Et ça se voit.

L’APPORT DES TECHNICIEN­S ANGLAIS

Il a aussi su s’ouvrir vers l’extérieur : on pense bien sûr au travail effectué par le sélectionn­eur néo-zélandais Joe Schmidt, lequel a su s’adjoindre les services de l’Anglais Andy Farrell, à qui il a confié le secteur défensif, sans pour autant se couper des technicien­s irlandais comme l’entraîneur des avants Simon Easterby. Au Leinster, Leo Cullen a parfaiteme­nt réussi sa transition de joueur à entraîneur, et a été rejoint par un autre Anglais, l’ex-sélectionn­eur Stuart Lancaster. Au sujet de l’apport de ce dernier, l’ouvreur Jonathan Sexton disait ceci : « Stuart a été critiqué à la fin de sa mission avec l’Angleterre, mais j’ai toujours su qu’il était un excellent coach. Pour avoir affronté l’Angleterre une paire de fois, je peux vous assurer qu’elle attaquait très bien, qu’elle défendait très bien, et les résultats suivaient. J’ai trouvé certaines réactions exagérées à son sujet. Il nous apporte énormément au Leinster, et nous avons de la chance de l’avoir. »

Reste que la saison n’est pas terminée. Ni pour le Leinster, ni pour l’Irlande. Et que les Diables Verts, Bleus ou Rouges ont encore des titres à gagner, comme l’expliquait Sexton à l’issue du match : « Il nous reste encore une demi-finale de Ligue Celte à disputer face au Munster la semaine prochaine et je l’espère une nouvelle finale en suivant. Ensuite, viendra la tournée avec l’Irlande en Australie. Il nous faut donc faire encore un effort pour faire de cette année une saison de rêve. » Les Australien­s sont prévenus, Jonathan Sexton et compères débarquero­nt sur l’île-continent avec le statut de rois du Nord.

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Après que le XV du Trèfle a gagné brillament le Tournoi des 6 Nations, les Leinsterme­n ont marché sur la Champions cup, symbole d’une Irlande qui n’en finit plus de gagner, dans le sillage d’un Jonathan Sexton revenu à son meilleur niveau.
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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
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