RECORD DU MONDE !
QUEL MATCH À CHRISTCHURCH ET SURTOUT QUEL RENVERSEMENT. LES CHAMPIONS SORTANTS ONT REMONTÉ VINGT-NEUF POINTS POUR S’IMPOSER SUR LE FIL. DU JAMAIS-VU !
La journée de Super Rugby a été marqué par l’extraordinaire victoire des Crusaders sur les Waratahs (31-29) après avoir été menés 29 à 0. C’est, à notre sens, la plus belle remontée de l’histoire du rugby de haut niveau. Le plus incroyable, c’est que les joueurs de Sydney ont marqué leurs vingt-neuf points après vingthuit minutes de jeu sous l’influence d’un incroyable Israel Folau. Mais les Waratahs ont été rattrapés par la malédiction qui veut que, depuis deux ans, les équipes néo-zélandaises battent toujours leurs homologues australiennes. Elles en sont à trenteneuf victoires consécutives.
L’explication du phénomène est basique : il reflète la différence de niveau du réservoir des deux pays. La ponction des championnats européens est bien plus dommageable d’un côté de la mer de Tasman que de l’autre. Juste avant le coup d’envoi, nous en avions eu un aperçu en apprenant la défaite sidérante des Reds sur le terrain des Sunwolves à Tokyo (63-28). La franchise japonaise n’avait pas encore gagné de match cette saison et ils n’avaient jamais battu de franchise australienne dans toute leur histoire. La semaine passée, nous avions déjà eu l’illustration de la descente aux enfers des équipes australiennes avec cette défaite des Waratahs à domicile face aux Blues (21-24), censée être la plus faible des franchises néo-zélandaises.
MOODY PASSE À TRAVERS LES GOUTTES
Ceci dit, Daryl Gibson est venu tempérer cette théorie : « Nous étions très proches de l’emporter. Cela s’est joué à deux coups de pied manqués en fin de match mais aussi à une décision arbitrale ou, plutôt, une absence de décision sur l’incident qui a opposé Joe Moody à Kurtley Beale. » C’est vrai que Moody, le pilier international des Crusaders, aurait dû être sanctionné pour un coup de coude à la tête de son adversaire alors qu’il était en train de marquer le premier essai de son équipe. La preuve, il a été suspendu pour deux matchs après coup par la Sanzaar, la Confédération qui gère le Super Rugby. Mais sur le moment, M. O’Keefe n’a pas bronché. S’il avait refusé ce premier essai, l’issue du match en aurait été changée. Quant aux coups de pied, ils ont été manqué par Bernard Foley, l’ouvreur des Wallabies, modèle de sang-froid et de précision en principe. Mais à la 74e minute, son pied fourcha inexplicablement.
Au rayon des faits de jeu, on pourrait aussi évoquer les deux cartons jaunes infligés à Phipps (faute
délibéré en défense) et à Nayaravoro (en-avant volontaire). Ils furent cruels mais pas illogiques. Cedi dit, cette rencontre fut un formidable rendez-vous de rugby car les Crusaders, commandés par le deuxième ligne Sam Whitelock, ont su revenir dans la partie dans le sillage d’un formidable Sopoaga, le demi d’ouverture international qui jouera la saison prochaine aux Wasps. Quant à Seta Tamanivalu, il aura fait plaisir aux observateurs de l’UBB car le futur ailier bordelais a marqué lui aussi un essai décisif. Le talonneur Codie Taylor et le remplaçant Brendan Ennor ont marqué à leur tour.
Les champions sortants ont attendu la 68e minute pour prendre l’avantage sur un essai de pénalité consécutif à une série de mêlées enfoncées et écroulées près de la ligne australienne. Les Crusaders ont donc été capables de marquer trente points en trente-trois minutes. Rarement une rencontre aura été à ce point partagée en deux périodes aussi symétriques.