Midi Olympique

« OYO » RATE SA CIBLE

OYONNAX REVENUE DE NULLE PART, L’ÉQUIPE DE L’AIN N’A FINALEMENT PAS RÉUSSI À ALLER AU BOUT DE SON DÉFI ET DE SES AMBITIONS.

- Par Jean-Pierre DUNAND

Le contraste est saisissant, autant qu’a pu l’être le scénario d’un duel maîtrisé de bout en bout par les Grenoblois. Aux portes du Stade des Alpes, la foule compacte des supporters du FCG salue dans la liesse la sortie de chacun de ses joueurs. À une trentaine de mètres de là, dans le repli de l’une des arches du stade, Thierry Emin, le président oyonnaxien est en discussion avec une demi-douzaine de personnes, juste à côté, quelques joueurs sont rassemblés avec femmes et enfants. « C’est auprès d’eux que l’on peut trouver du soutien dans des moments comme celui que nous vivons. C’est très dur », confie l’arrière Quentin Etienne. Dur au mal, le talonneur Benjamin Geledan livre lui aussi la douleur qui l’assaille, plus morale que physique : « Ça fait mal à la tête, mal au ventre. Finir comme cela après tout ce que nous avons vécu. Ce match nous le voulions… On va se relever, on va se remettre au boulot, mais aujourd’hui c’est très difficile à vivre. » Oyonnax avait placé tant d’espoirs dans ce rendez-vous attendu, mais surtout voulu, ce match qui depuis février constituai­t l’objectif à atteindre. Peut-être les Oyonnaxien­s ont-ils trop focalisé sur cette échéance, depuis trop longtemps, pour être en mesure de l’honorer ? « Ce match était ciblé, peutêtre pas suffisamme­nt, répond Adrien Buononato en évacuant d’autres éventuelle­s interrogat­ions. Avec la saison que les joueurs ont réalisée, l’énergie qu’ils ont déployée depuis plusieurs semaines sur le terrain, il est difficile de leur en vouloir. Aujourd’hui on entend beaucoup parler de résilience. Durant toute la saison ce groupe a tout donné pour revenir de nulle part et finalement arriver là où personne ne l’attendait. J’éprouve une énorme déception pour les joueurs, car ils ont fait ce qu’il fallait pour démontrer qu’ils pouvaient rester en Top 14. Toute la saison, ils n’ont cessé d’élever leur niveau individuel et collectif. »

UN GÂCHIS

Dans les rangs oyonnaxien­s, au-delà de l’énorme déception partagée avec l’ensemble des supporters, ceux qui étaient présents au Stade des Alpes comme ceux qui attendaien­t dans l’Ain pour rejoindre le groupe au stade Mathon en début de soirée, un sentiment prédomine, traduit par Adrien Buononato : « C’est un gâchis, une déception et une grosse désillusio­n. »

Dans les couloirs du stade des Alpes, Thierry Emin évoque lui aussi un gâchis : « Tout ça pour ça. Je le vis comme un échec par rapport à la dynamique que nous avions su mettre en place pour parvenir à asseoir notre club en Top 14, par rapport également à tout l’investisse­ment humain qui a été engagé dans notre projet. Cette issue constitue une véritable remise en question. Nous connaisson­s le Pro D2. Notre club a déjà connu une relégation, dans des conditions qui étaient plus difficiles et a su retrouver le Top 14. Cette saison, nous avons la chance d’avoir su convaincre des joueurs importants de prolonger leur engagement avec Oyonnax. Nous n’allons pas repartir d’une page blanche, mais il faudra voir comment nous voulons nous reconstrui­re au niveau du jeu. »

L’abattement prédomine, dans les rangs des joueurs il vient s’ajouter à une forme d’incompréhe­nsion. « On se dit, putain, mais qu’est-ce qui se passe ? On voit les supporters qui ne bougent pas. Le plus dur c’est de terminer comme ça. Nous sommes déçus pour le public, déçus pour le club. Quand nous rentrons sur le terrain, nous avons la rage du maintien… et on se fait dominer, pas uniquement sur l’état d’esprit, en fait on a manqué de tout. C’est dur à admettre et à comprendre quand on est allé gagner à Clermont, quand on a battu Toulon. Mais nous savons que nous pouvons relever la tête et que nous avons notre place en Top 14 », lâche le troisième ligne, Bilel Taieb.

Le plus dur sera d’évacuer ce goût d’inachevé, ce sentiment d’échec, cette forme « d’humiliatio­n » aussi à laquelle fait référence Adrien Buononato en évoquant l’issue du match et son déroulemen­t. Ce travail, Oyonnax n’attendra pas pour l’engager.

Samedi soir, joueurs et supporters se sont malgré tout retrouvés à Mathon. L’ambiance n’était pas à la fête, mais un premier pas a déjà été fait vers la prochaine saison en confirmant la solidité du lien qui unit les uns et les autres. Ce mardi, une présentati­on du projet de l’USO et de son nouveau visuel était programmée. Elle n’a pas été annulée, juste un peu décalée dans le calendrier, pour donner du temps au temps et permettre à une cicatrice douloureus­e de se refermer avant de parler et de nouvelles ambitions.

Thierry Emin a pris un engagement : « Oyonnax restera un grand club. » Adrien Buononato affirme les mêmes certitudes : « Un échec, ce n’est pas la fin du monde. Il peut marquer le début d’autre chose. Il y a dans ce club, dans cette ville, des travailleu­rs acharnés. C’est inscrit dans les gènes d’Oyonnax. Sur la saison, nous n’avons pas été si loin. Nous savons qu’il faudra reconstrui­re pour revenir encore plus forts… Mais nous reviendron­s. »

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