Plaisirs coupables
La semaine dernière, nos confrères de Closer nous apprenaient que Valérie Trierweiler partageait sa vie avec l’ancien pilier de Bourgoin, Romain Magellan. À la rédaction, la nouvelle a suscité le débat. Il y avait ceux, majoritaires, qui disaient : « C’est sa vie privée, on la respecte. » Il y avait ceux, vertueux ou faisant semblant de l’être, qui se posaient en vieux sages : « Cette presse de caniveau n’intéresse personne. » Je décidais quant à moi d’assumer mon côté
« girly » et d’affirmer que si l’ex-première dame du pays était tombée amoureuse d’un enfant du sérail, certains lecteurs de Midi Olympique ou Rugbyrama seraient heureux de l’apprendre. Je dis « certains » tout étant convaincu que l’immense majorité d’entre eux se seraient jetés sur ces quelques lignes avant même d’avoir posé les yeux sur le debrief technique du dernier Brive - Oyonnax…
Ainsi va le rapport de l’homme moderne au potin, au bavardage : s’adonner à la lecture people, c’est comme picoler tout seul chez soi, c’est un plaisir inavouable. Mais franchement : est-il moralement plus acceptable de parler de la « soirée fessée » des Bleus à Édimbourg ou du pognon lâché par tel ou tel président pour se payer un ouvreur ? La romance entre un ancien rugbyman professionnel et une personnalité de notre société contemporaine serait-elle vraiment plus futile, plus légère, moins vulgaire ? Qu’on le veuille ou non, presse sportive et people sont de lointaines cousines, dans le sens où elles n’ont d’autre but que d’émouvoir ou divertir. Au Midol, on nous a assez reprochés l’existence même de ces pages « Cris et Chuchotements » - les plus lues du journal, et de loin - pour faire la différence entre ce qui est assumé et ce qui ne l’est pas. Jean-Marc Lhermet, Vincent Merling ou Thomas Savare, en son temps, avaient beau vouer à ces trois pages une haine féroce, on aurait adoré les voir se délecter de ce plaisir coupable, les fois où leurs clubs n’en faisaient pas le coeur…