Midi Olympique

Mais pourquoi, Teddy ?

PEU INSPIRÉ À BILBAO, TEDDY THOMAS FUT EN PARTIE RESPONSABL­E DE L’ÉCHEC FRANCILIEN EN FINALE DE CHAMPIONS CUP.

- Par Marc DUZAN, envoyé spécial marc.duzan@midi-olympique.com

Samedi soir, au Palais des Congrès de Bilbao, les joueurs du Racing, le staff, leurs épouses, leur descendanc­e et une très grosse poignée de partenaire­s tentaient en vain de faire honneur à la vaste salle qu’avait louée pour eux Jacky Lorenzetti. Ici, on sirotait un Gin Tonic en battant mollement du pied. Là, on hurlait à l’oreille de son collègue pour passer outre les flots de décibels que déversait le DJ local, peu concerné par la funeste issue de la finale européenne. Près d’un large comptoir en bois brut, Laurent Labit se tenait aux côtés de son épouse, Pacale. Non loin de là, Chris Masoe refaisait le match avec des copains de passage. Albert Vulivuli, en chef de clan, était entouré de ses quatre enfants. Au creux de ses bras, un nourrisson de quelques mois était étrangemen­t parvenu à s’endormir. Sur l’avenue Abandoibar­ra, seuls les jeunes loups du Racing parvenaien­t en réalité à assumer leur goût pour la bringue : les pieds sur la piste, Camille Chat, Antoine Gibert et Boris Palu oubliaient sur une ritournell­e du groupe ABBA que, deux heures plus tôt, ce faux frère de Johnny Sexton brandissai­t sous leurs yeux la coupe aux grandes oreilles. Chienne de vie, foutu destin… Dans le coin droit de la salle,Teddy Thomas était quant à lui entouré de sa mère et son grand-père. « Le

gosse est très touché », nous avait confié à son sujet un de ses collègues, quelques minutes plus tôt. Le « gosse » avait en effet mis plus d’une heure à quitter les vestiaires de San Mamès, escorté de son compagnon d’infortune Rémi Tales et espérant probableme­nt que les cinquante journalist­es français présents à Bilbao auraient, de guerre lasse, tous quitté le stade de l’Athletic avant lui. Constatant que ce n’était pas le cas, Teddy Thomas avait alors poliment décliné les invitation­s à s’exprimer, accélérant le pas pour totalement disparaîtr­e, un temps plus tard, dans la nuit de Biscaye…

IL SERA TITULAIRE EN DEMI-FINALE DU TOP 14

Où qu’il se trouve, quoi qu’il fasse, l’ailier du XV de France est toujours au centre du monde, au carrefour des conversati­ons. Souvent parce que son incomparab­le talent lui permet de se défaire de n’importe quel défenseur pour aplatir un essai magnifique (dix depuis le début de saison), parfois parce qu’il commet une malencontr­euse cagade qui plombe l’ambiance, noircit le regard des deux Laurent ou, dans les cas les plus violents, coûte le match. Sur un terrain, Teddy Thomas ne suit que son instinct, son feeling et ses poussées d’hormone. En ce sens, se demander pourquoi l’ailier des Bleus a piétiné la stratégie ultra-sécuritair­e mise en place sur cette finale pour relancer l’un des derniers ballons de manière suicidaire est hors de propos. Par atavisme, Thomas n’appartient à aucun plan de jeu, aucun système. « Je l’adore, lâchait un membre du staff samedi. Mais s’il avait mis un grand coup de pompe dans ce dernier ballon, on aurait arraché la prolongati­on et, dans ce cas, tout était ouvert. » De fait, les lois du jeu veulent que lorsque l’on vole un ballon à un alignement adverse dans son propre camp, on renverse aussitôt la pression par un jeu au pied long. Mû par une étrange idée, Teddy Thomas a préféré contourner l’alignement, tenter une relance avant de finir en touche, provoquant sur le terrain l’exaspérati­on de Leone Nakarawa, arrachant en tribunes une moue dubitative à Jacky Lorenzetti… Alors quoi ? Doitil être puni, fouetté, écartelé place de Grève ? Hors de propos. Passé la douche irlandaise, Teddy Thomas sera placé quelques jours dans le formol par le staff francilien. « Après ça, nous expliquait dimanche midi un membre du club, on le fera démarrer à Lyon pour la demi-finale. Quand tu tombes de cheval, l’important est de tout de suite remonter en selle… » ■

 ?? Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Teddy Thomas (à gauche) a tenté la relance-suicide qui a condamné les siens. Yannick Nyanga (médaillon), Virimi Vakatawa (en haut) et Leone Nakarawa (en bas) furent les symboles de ce Racing qui dispose sans doute de la meilleure défense d’Europe....
Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany Teddy Thomas (à gauche) a tenté la relance-suicide qui a condamné les siens. Yannick Nyanga (médaillon), Virimi Vakatawa (en haut) et Leone Nakarawa (en bas) furent les symboles de ce Racing qui dispose sans doute de la meilleure défense d’Europe....
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France