SIDÉRANT !

34-36 : COLOSSAL EXPLOIT DES SPRINGBOKS AU TERME D’UN MATCH TOTALEMENT DEBRIDÉ. CINQ ESSAIS EN TRENTE-SEPT MINUTES LES ONT ENVOYÉ AU FIRMAMENT.

Rassie Erasmus a réussi le plus beau pari de sa vie d’entraîneur. Il avait mis, à la surprise générale, sa démission dans la balance et cela a fonctionné. Pour la première fois depuis neuf ans, les Sud-Africains sont allés s’imposer chez les ogres néo-zélandais, colossale surprise tant les All Blacks semblaient intouchables à domicile depuis des années.*

Le plus incroyable, c’est que les Sud-Africains ont remonté un 12 à 0, fruit de deux essais précoces. Puis ils sont revenus dans la rencontre avec cinq essais en trente-sept minutes, dont une interception du Toulousain Kolbe, à peine entré en jeu, mais aussi deux belles attaques pour l’ailier Dyanty en bout de ligne. Bien sûr, il y a d’autres façons de rendre compte de cette rencontre passionnante et totalement débridée. Pourquoi les All Blacks n’ont-ils pas tenté le drop dans les dernières minutes ? Ont-ils commis un péché d’orgueil ? On peut aussi insister sur les quatre coups de pied manqués par Beauden Barrett, pourtant célébré comme un demi-dieu depuis quelques semaines. Mais les Boks ont livré une colossale partie, à l’image de Darren Whiteley, impressionnant en défense, surtout en fin de match quand Perenara perça. Marx, Du Toit et Kolysi furent aussi sidérants. Mention spéciale au grand escogriffe Snyman, excellent pendant les trente minutes qu’il a passées sur la pelouse.

LE ROUX ET SON ESSAI CASQUETTE

Dans les coulisses du Westpac Stadium,Willie Le Roux, l’arrière des Wasps, exprimait toute sa fierté : « J’ai vécu d’autres performances, e celle-ci, je ne sais pas pourquoi, on l’a senti venir. Nous avons passé la semaine à se dire qu’elle était pour nous… Après, c’est vrai qu’en deuxième période, il y eut un moment où tout nous a réussi. C’est ainsi. Il y a des matchs où rien ne marche et d’autres où on arrive à saisir deux ou trois opportunités et ça bascule. » L’arrière des Boks fut au coeur des débats avec un carton jaune mais aussi un essai « casquette » offert par Jordie Barrett qui joua une touche rapide sur lui. « Dans un match, il y a des moments où les rebonds sont bons et les ballons improbables tournent en votre faveur. »

Les Springboks ont encaissé six essais, certes, c’est inévitable face aux Barrett, Ioane, Ben Smith, mais leur défense fut vraiment intraitable dans les dernières minutes. C’est ce qui aboutit au « non-drop ». « Les gars ont montré qu’ils avaient des tripes, a souligné Erasmus. C’est formidable pour nous de venir gagner ici et ça nous donne le moral avant le Mondial… » La Coupe du monde ? Pas un de ses joueurs ne semblait vraiment y penser dans les coulisses du stade de Wellington. Ils étaient trop occupés à savourer ce moment, qui comme une comète, ne revient que tous les dix ans.