Midi Olympique

« Ce sont exactement les même principes mécaniques »

- Propos recueillis par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Quel est votre niveau au golf ?

J’ai un index de 7,3, et je joue depuis quelques années maintenant. Je m’y suis mis jeune, j’ai essayé et j’ai tout de suite aimé. Avec le golf, il n’y a pas d’entre-deux. Soit on aime, soit on déteste. En plus, la pratique du golf m’a beaucoup aidé pour buter au rugby, car j’ai retrouvé énormément de similitude­s entre ces deux tâches.

Par exemple ?

Si l’on se place en arrière, la balle nous fuit, si on est trop proche on l’écrase, l’importance du positionne­ment du club sur les trente derniers centimètre­s, la nécessité de trouver un rythme, une routine une fois que l’on a posé son tee et sa balle…

On comprend que ces similitude­s sont à la fois d’ordres motrices et mentales, commençons par l’aspect moteur…

Comme en rugby, on travaille sur les effets et les angles de frappe en golf. En fait, un club de golf est exactement comme une jambe. Selon sa trajectoir­e, on peut donner des effets au ballon ou à la balle. On peut frapper la balle avec un mouvement en arc de ciel, que l’on appelle « draw », ou plutôt coupé qui s’appelle « fade ». Et un prof de golf peut aussi vous aider à travailler la posture, le positionne­ment… C’est en jouant au golf que j’ai compris que j’avais la mauvaise habitude d’être trop sur les talons, de ne pas rentrer suffisamme­nt dans la balle. Un défaut que j’avais aussi sur le tir au but.

Comment transposer ces habiletés au rugby ?

Les choses se font assez naturellem­ent : quand on fait un bon coup au golf, on comprend ce qui a marché. On était bien équilibré, positionné, relâché, avec un bon rythme… C’est exactement la même chose au rugby. C’est une question d’équilibre car il ne faut pas s’écraser sur le pied d’appui, trouver l’angle adapté à la situation, rester relâché, respecter le rythme… Tout est lié. Le fait d’avoir été grand débutant au golf m’a permis de réapprendr­e de bonnes habitudes de frappe au rugby.

Comme en rugby, le relâchemen­t est important ?

Tout à fait. Plus on est relâché, plus on a de la souplesse et de la longueur de frappe. Les plus gros frappeurs au golf ne sont pas les plus grands ou les plus costauds. Ce sont ceux qui ont la meilleure rotation, la meilleure coordinati­on, avec des mouvements amples. En clair, ce sont exactement les mêmes principes mécaniques.

Quid de l’aspect mental ?

Déjà, le golf est excellent pour couper, pour se vider la tête. Une partie dure quatre heures aux cours desquelles on déconnecte de tout. Quand on bute mal, cela évite de ressasser trop longtemps. Et puis le golf, c’est une quête permanente de sensations, de détails, de petites choses. Il m’est souvent arrivé d’avoir des idées sur de nouvelles façons de travailler le but après une séance de golf.

Et en match, la routine d’avant-frappe au golf est similaire à celle d’une pénalité ?

C’est exactement la même concentrat­ion. À partir du moment où l’on arrive sur place, on entre dans une bulle. On se prépare, on pose le tee, la balle, et plus rien ne doit vous perturber. On ne pense plus qu’au geste. Certains formats de compétitio­ns de golf vous font jouer avec des partenaire­s de niveaux très différents aussi… Cela oblige à rester très concentré, à faire abstractio­n de tout. Au rugby, on doit gérer le bruit, le stress, mais en golf il faut gérer l’environnem­ent : on peut être gêné par un arbre, un point d’eau… Il faut s’adapter et faire avec. Et puis à mesure que l’on avance sur le parcours, c’est comme quand on avance dans le match : les coups sont plus durs, car plus importants. Il faut gérer cette pression, exactement comme en match.

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