Michael Leitch, ce Japonais
Il n’y a qu’à assister à une conférence de presse du capitaine actuel des Brave Blossoms, Michael Leitch, pour mesurer l’authenticité du bonhomme. La raison ? L’échange s’effectue en japonais et les journalistes occidentaux doivent attendent la traduction pour en connaître l’essence. Voilà qui peut étonner quand on sait les origines de Leitch, né dans le Canterbury. En réalité, il est à la croisée des cultures. Sa mère a grandi aux Fidji dans une plantation de cannes à sucre. Là-bas, elle a rencontré son futur mari, un ingénieur néo-zélandais qui travaillait sur place. Ils ont ensuite migré à Christchurch où ils ont donné naissance à quatre enfants, dont l’aîné Michael. Mais le Français Nicolas Kraska qui évolue avec lui aux Toshiba Brave Lupus, assure : « Dans ses attitudes, ses réactions, il est Japonais à part entière. Il parle japonais, écrit japonais, mange japonais… » Si ses racines sont ailleurs, la connexion avec le pays du soleil levant a commencé tôt. Dès l’enfance, quand ses parents achetaient des billets pour le Japon durant les vacances scolaires. Dans le même temps, plusieurs Nippons, devenus ses amis, se rendaient chaque hiver dans l’établissement catholique que fréquentait Leitch pour y apprendre le rugby. Mais sa vie a basculé en 2003 quand ce même collège a proposé une bourse pour que l’un des pensionnaires se rende à Sapporo dans le cadre d’un échange d’un an. Lui s’est porté volontaire : « Ma mère voulait que je termine l’école avant de partir mais je lui ai dit que l’opportunité ne se présenterait
plus. » Il a donc décollé, à quinze ans, pour cette nouvelle terre. Et ne fera jamais machine arrière. Si bien qu’aujourd’hui, à bientôt trente ans, il a passé la moitié de son existence dans l’archipel asiatique, où il a épousé une Nippone. Même s’il est depuis revenu chez les Kiwis disputer le Super Rugby avec les Chiefs à trois reprises. Déjà capitaine de la sélection japonaise lors de la Coupe du monde junior en 2008, il s’est ensuite vu confier les mêmes responsabilités à l’échelon supérieur. C’est notamment lui qui a mené les siens à l’exploit historique contre les Springboks au Mondial 2015.