Midi Olympique

La fin des tournées

RÉFORME EN JUILLET À SAN FRANCISCO, LE VICE-PRÉSIDENT DE WORLD RUGBY AGUSTIN PICHOT A LANCÉ SON GRAND PROJET : CRÉER UNE LIGUE MONDIALE À L’INSTAR DU FOOTBALL. FORMULE LE BUT SERAIT DE SUPPRIMER LES TOURNÉES ESTIVALES ET AUTOMNALES, DONC LES TESTS-MATCHS,

- Par Jérémy FADAT (avec Pierre-Laurent GOU) jeremy.fadat@midi-olympique.fr

San Francisco, lieu de révolution ? C’est là, fin juillet, que le rugby à 7 a sûrement changé de dimension lors de la Coupe du monde qui se disputait sur place et qui a rencontré un succès aussi impression­nant que prometteur. Mais, en coulisses, une nouvelle page du rugby à XV, et de son calendrier internatio­nal, a aussi commencé à s’écrire. Selon nos informatio­ns, au sein de la cité californie­nne, l’Argentin Agustin Pichot, vice-président de World Rugby depuis mai 2016, a initié une réunion avec le président de Fédération néo-zélandaise Steve Tew, celui de la Fédération française Bernard Laporte, ainsi que le directeur exécutif de la Fédération sudafricai­ne Jurie Roux, pour leur exposer son grand projet. Son idée : supprimer les tournées estivales et automnales, puis créer tous les ans une compétitio­n internatio­nale, calquée sur la Ligue des Nations du football, en novembre. La propositio­n de l’ancien demi de mêlée puma aurait alors reçu un accueil plutôt enthousias­te des dirigeants présents. Notamment de la part de Steve Tew, qui se serait immédiatem­ent montré favorable à une telle résolution. La raison ? Lui et ses collaborat­eurs néo-zélandais se sont rendu compte que les tests de juin contre les sélections majeures d’Europe, dont la France, n’étaient pas rentables. En clair: cela ne remplirait pas plus les caisses que s’ils recevaient les Samoa ou les Tonga.

UNE ANNÉE DANS L’HÉMISPHÈRE NORD, L’AUTRE DANS LE SUD

Depuis San Francisco, le plan a déjà fait son chemin. Surtout, les contours du projet, et de sa mise en place, ont considérab­lement avancé. En effet, le but serait de voir naître une première édition dès 2020, soit un an après la Coupe du monde japonaise. Chaque année, la Ligue des Nations concernera­it les douze meilleures équipes internatio­nales des deux hémisphère­s, selon le classement World Rugby, avec un système de montées et de descentes. Elles seraient ainsi réparties en quatre poules de trois formations. Au total, la compétitio­n se disputerai­t sur cinq dates au mois de novembre : trois matchs de poule (soit un match entre toutes les équipes de chaque groupe) puis les quatre premiers de poule seraient qualifiés pour les demi-finales, dont les vainqueurs se retrouvera­ient en finale. Il est d’ailleurs prévu que les demies et la finale soient organisées sur un seul et même lieu. Cette Ligue mondiale se déroulerai­t tour à tour dans l’hémisphère Nord puis l’hémisphère Sud. Ainsi, en 2020, c’est le Nord qui devrait recevoir la première édition si le projet va à son terme. L’idée serait aussi que les quatre poules soient réparties dans plusieurs pays différents. Prenons un exemple : la France pourrait accueillir le groupe A, l’Angleterre le groupe B, l’Italie le groupe C et l’Irlande le groupe D.

AU PROGRAMME DE LA RÉUNION DE WORLD RUGBY CE JEUDI

Aujourd’hui, le dessein n’a plus rien de secret pour les différents dirigeants internatio­naux. Au siège de World Rugby, à Dublin, non plus. La discussion, autour du dossier imaginé et défendu par Pichot, sera d’ailleurs au programme de la grande réunion de l’instance prévue ce jeudi 27 septembre 2018, à Sidney. Avec quels soutiens ? Et quels détracteur­s ? Du côté des Sudistes, Néo-Zélandais, Sud-Africains et Argentins auraient donc pris position. Pour ce qui est des pays nordistes, outre la France, l’Ecosse, la Roumanie, l’Italie et la Géorgie auraient déjà clairement affiché leur appui à cette réforme. La puissante Angleterre, dubitative et méfiante dans un premier temps, n’y serait plus forcément opposée. Reste à connaître la teneur des échanges à venir. Car, si l’optique d’une telle évolution est validée et si le dialogue se poursuit en cette fin de semaine, le rugby mondial va s’en trouver bouleversé. À terme, cela signifiera­it purement et simplement l’abolition du concept de test-match, donc de rencontre « amicale ». Cela aurait aussi pour conséquenc­e de modifier sensibleme­nt le calendrier internatio­nal : pour les Sudistes, l’objectif serait de libérer le mois de juin, ce qui permettrai­t alors d’enchaîner Super Rugby et Rugby Championsh­ip. Pour les Nordistes, dont pour la France, l’ambition serait évidemment de gagner des dates dans un planning surchargé et alors de favoriser une vraie trêve estivale pour les internatio­naux, sans omettre de diminuer le nombre de doublons dans la saison. Bref, et si elle n’en est qu’à son ébauche, c’est ce qu’on appelle une révolution.

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Photo Icon Sport Agustin Pichot, vice-président de World Rugby.

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