Rouen terrasse Nantes
RIGOUREUX ET APPLIQUÉS, LES TARNAIS ATOMISENT OLORON. L’AMPLEUR DU SCORE POSE L’INTÉRÊT DE CE CHAMPIONNAT QUI APPARAÎT PLUS BANCAL QUE JAMAIS.
Quinze jours après les Basques de Nafarroa, étrillés 73-22 dans le Tarn, ce sont les Béarnais d’Oloron qui sont passés, samedi soir, sous le rouleau compresseur albigeois. Comme il y a quinze jours, et sans doute comme cela se reproduira encore cette saison, les Tarnais ont déroulé leur rugby programmé, séquencé, professionnel pour balayer sans vergogne des Oloronais qui n’avaient que leur courage et leur envie à leur opposer. 73-11, 11 essais à 1, les chiffres parlent d’eux-mêmes et posent question. Bien sûr, on ne saurait que trop saluer les deux équipes. Les Albigeois d’abord, parce qu’ils ont livré le match que l’on attendait d’eux. Froids, appliqués, rigoureux, ils ont joué le jeu et ne sont pas tombés dans la facilité, ce qui est une marque de respect pour leur adversaire. Les Béarnais, de leur côté, ont lutté avec leurs moyens. Mais, vraiment, la marche était trop haute. En théorie, et dans les discours de façade, l’argent ne fait pas tout et c’est sur le terrain que l’on gagne ou que l’on perd. Mais en pratique, une fois le moment venu de chausser les crampons, une équipe comme Oloron, avec une bourse d’à peine plus de 600 000 €, ne peut pas rivaliser avec les budgets à sept chiffres des millionnaires de la Fédérale 1.
PERSONNE N’EST GAGNANT
Au-delà du résultat qui n’honore personne - à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire - ces matchs à quatre-vingts points interrogent déjà sur la légitimité de cette formule. À peine trois journées se sont écoulées que déjà la tendance se dessine : dans cette guerre des mondes, professionnels et amateurs ne peuvent pas cohabiter. Plus le temps va passer, plus les matchs vont devenir importants dans l’optique de la qualification pour les uns, du maintien pour les autres ; et plus nous assisterons
Photo Marie-Pierre Volle à des impasses. Les « petits » ne prendront pas le risque d’aligner leurs meilleurs XV face aux « gros », réservant leurs forces vitales pour les matchs contre leurs concurrents directs. Et les cadors, formatés pour jouer la phase finale, ne s’y préparent pas en se livrant à ces parodies à intervalles réguliers. Cette guerre des mondes se joue sur tous les terrains financiers, structurels, humains, et contrairement à ce qui se passe dans les textes de la Bible, en Fédérale 1, David ne bat jamais Goliath…
On en vient presque à regretter feu la poule élite, morte de n’avoir pas eu assez de combattants fiables jusqu’à son terme. Si elle aussi a montré ses limites, au moins était-elle sportivement équitable. Et intéressante…