CIEL, MON DERBY !
DANS QUEL ÉTAT DE FORME SE TROUVENT LES CIEL ET BLANC AVANT LE DERBY FRANCILIEN ? ET DES RETOURS SONT-ILS ENFIN ATTENDUS À JEAN BOUIN ? QUELQUES RÉPONSES, ICI…
Ce n’est pas encore le grand Racing, celui d’avril dernier, qui fessait ses rivaux en Champion’s Cup et blackboulait ses concurrents directs en championnat. Ce n’est pas encore le Racing intraversable du printemps 2018, celui dont le rideau défensif repoussait l’adversaire jusqu’à l’écoeurement. Au crépuscule de l’été, le club des Hauts-de-Seine ne dégage pas encore l’invraisemblable sérénité de l’an passé et, à ce propos, Xavier Chauveau évoquait samedi soir quelques « scories ». En réalité, elles sont multiples et touchent différentes strates de l’équipe. D’abord, les Ciel et Blanc sont encore trop fragiles en mêlée fermée : contre Castres, Ben Tameifuna fut pénalisé deux fois dans ce secteur de jeu, Cedate Gomes-Sa tout autant, quand Vasil Kakovin en était peu ou prou réduit au même tarif. Alors, les Tarnais présentent probablement le meilleur édifice du Top 14 et mettront au supplice d’autres hommes, au fil de la saison. Il n’empêche : à quelques jours d’affronter le pack retrouvé du Stade français, et quand bien même celui-ci sera amputé samedi soir du Puma Ramiro Herrera (il est retenu pour le Four Nation), Patricio Noriega serait bien inspiré de consolider sa grosse Bertha, 940 kilos au coup d’envoi du dernier match. Au-delà de la mêlée fermée, et pour en finir dès à présent les sujets qui fâchent, on regrettera aussi les quelques imprécisions sous les renvois (au moins trois, face au CO...), le temps d’adaptation dont a encore besoin Dominic Bird dans l’alignement (deux ballons perdus) ou ces deux coups d’envoi bottés directement en touche par Finn Russell, en deuxième période. Vous nous direz que tout ça n’a rien insurmontable. Mais tout ça fait aussi partie des choses non-négociables du rugby, qu’on le pratique dans un champ de patates de la Chalosse ou sur le synthétique 2.0 de l’Arena...
Ce Racing a beau posséder une marge de progression évidente, il faudrait être aveugle, ou fou, ou les deux, pour omettre qu’il manquait samedi soir sept internationaux français (Brice Dulin, Bernard Le Roux, Eddie Ben Arous, Maxime Machenaud, Dimitri Szarzewski, Camille Chat, Wenceslas Lauret, Fabien Sanconnie et Teddy Thomas), un postulant à l’équipe de France (Teddy Iribaren) et l’ancien ouvreur des Springboks (Pat Lambie) à un collectif ayant déjà perdu trois meneurs de jeu (Rémi Talès, Dan Carter et Benjamin Dambielle) à l’intersaison. En ce sens, et même si le rendu global est encore loin d’être parfait, le Racing a donc plutôt bien négocié un début d’exercice (trois victoires, deux défaites) qu’on lui aurait promis plus difficile. Passé le traquenard castrais, les deux Laurent vont même intégrer six joueurs en vue du derby francilien, un match dont on connaît l’importance aux yeux de Jacky Lorenzetti.
SIX RETOURS POUR LE DERBY !
À Jean Bouin, Lauret, Ben Arous, Sanconnie, Chat, Iribaren et Thomas feront ainsi leur retour dans le 15 majeur francilien. De quoi servir un peu plus le projet de jeu qui se dessine, par fragments, dans les Hauts-de-Seine. Au fil des matchs, le punch nouveau que donnent Finn Russell et Simon Zebo à la ligne d’attaque du Racing est en effet de plus en plus évident. À tel point que Camille Gérondeau, le flanker d’en face, nous confiait samedi soir : « Derrière, ils sont vraiment impressionnants. Ils ont d’ailleurs joué leur meilleur match contre nous. » Et si les « pets de branquardise » de Finn Russell peuvent parfois agacer, comment ne pas succomber lorsque le demi d’ouverture écossais offre deux caviars aussi décisifs que disparates ? Le premier, « main-main » pour Simon Zebo, avec un flanker et un demi de mêlée sur le dos. Le second, d’une passe laser dans l’intervalle, pour le même irlandais. Franchement, y a-t-il aujourd’hui plus fort que Russell dans le domaine offensif en Top 14 ? Et surtout, jusqu’où ce joueur serait-il capable d’aller s’il était un jour pourvu du sens stratégique quasi militaire d’un Carter ou d’un Wilkinson ?