Midi Olympique

UNE VICTOIRE TALISMAN

CE SUCCÈS ACQUIS HUIT MINUTES APRÈS LE TERME PEUT SERVIR DE BASE À LA CONSTRUCTI­ON DU COLLECTIF.

- Les Charentais de Dorian Jones ont réussi une très belle opération à l’extérieur. Par Guillaume CYPRIEN

N’était l’arrière Pierre Lafitte, sorti sur civière l’oeil en vrac et complèteme­nt dans les vapes à la suite de ce choc sévère avec Benjamin Dumas le plaquant trop haut dans un élan de sauvetage ahurissant (83e). N‘était aussi Salva Sutuaishvi­li, tout désolé qu’il était en observateu­r civil pour ses anciens coéquipier­s de Massy. Pour le reste, tous les joueurs angoumoisi­ns présents, vendredi soir au Ladoumègue, resteront imprégnés par les conditions de ce succès ahurissant, qui a changé ce déplacemen­t en souvenir collectif rare, en pierre blanche à polir dans leur jardin cérémonieu­sement. « Côté rugby, on repassera. Mais côté coeur et déterminat­ion, on a touché un Graal », puisait le manager Julien Laïrle dans ce magma de fin de partie. « On en a connu des succès marquants, mais des comme ça, jamais », soufflait le talonneur remplaçant Romain Mareuil, l’un des six de cette feuille de match qui, depuis la Fédérale 2, ont vécu la croissance exponentie­lle.

HUIT MINUTES DE FOLIE

Marueil, rentré tardivemen­t sur le terrain, se trouvait en tête de pont de ce huit de devant au moment de cette mêlée de la 80e minute, emportée par eux à la poussée jusqu’au gain de la balle sur introducti­on massicoise. Ce gain obtenu, ils ont dépensé huit minutes à se procurer l’occasion favorable offerte au buteur Erwan Nicolas. Son explosion de joie personnell­e, le libérant de la tension au moment où il a compris que son coup de pied passerait entre les barres, a dépassé le niveau normal de la mer. Huit minutes de forcing, un drop contré, une occasion franche d’essai assassinée par la défense de ce dur au mal de Benjamin Dumas, et une autre occasion vendangée dans l’en-but sur une diagonale impeccable de Jones rendue improducti­ve par le retour désespéré d’Adriu Delaï, ont fabriqué ce dénouement extravagan­t.

Côté rugby, effectivem­ent, on repassera. On a même frôlé la purge. On se souviendra tout de même que l’ailier fidjien Sakiusa Bureitakiy­aca, dont le début de saison manqué devait le laisser à la maison en charentais­es, a profité du forfait de l’Argentin Lucas Caneda (blessure au dos, examens prévus à Bordeaux) pour se mettre à niveau et même au-delà. Son essai de quatre-vingt-dix mètres, sa solidité au contact quand Christophe Desassis est venu le tamponner quand il a intercepté, et son accélérati­on foudroyant­e ont justifié pour la première fois son recrutemen­t depuis Dax. Quatre points engrangés, une histoire de fou à raconter, et l’avènement d’un talent qui s’oubliait : côté rugby, on repassera. Certes. Mais que la soirée a été prolifique.

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