PRÉSIDENT MALGRÉ LUI
Jean-Marc Legland est un « ex » responsable heureux. Marié avec Aurélie depuis ce 1er septembre, l’ancien premier magistrat de Lauterbourg, après quatorze années de présidence, voulait passer la main. Ce souhait, il le formulait même depuis plus de deux ans. Et il a enfin trouvé un successeur. Il aura fallu une assemblée générale ordinaire le 22 juin, au cours de laquelle personne n’a été désigné, puis une assemblée générale extraordinaire le 5 juillet, pour élire le nouveau chef de file des gars de l’outre-forêt. Le club de rugby le plus à l’Est de la France, enclavé dans une péninsule bordée du Nord au Sud par l’Allemagne, a fini par porter à sa tête le trois-quarts centre de l’équipe première Yves Dreger. Pour lui, ce ne fut pas sans difficulté, ni sans hésitation. « Je ne voulais pas y aller, raconte-t-il. Franchement, je pensais que j’avais autre chose à faire. J’imaginais fonder une famille et construire une maison avant de prendre des responsabilités au club. Mais bon, personne ne voulait y aller, et il fallait bien que quelqu’un se désigne. Mais vraiment j’imaginais faire autre chose. » Et le voilà depuis la reprise il y a un mois corseté dans son nouveau costume, dirigeant ici une opération rémunératrice initiée par son prédécesseur, et se préparant à sa première assemblée départementale du collège des présidents. Son profil le prédestinait un peu tout de même à sa nouvelle fonction.
LE FILS DE LA BOULANGÈRE
Dans la famille Dreger, on donne de son temps. La maman Cathy prépare les repas du vendredi soir des seniors après l’entraînement depuis vingt-cinq ans. Les responsables de l’époque l’avaient rencontrée parce qu’ils allaient se fournir en baguettes de pain dans sa boulangerie. Ils étaient sympathiques. Quand ses enfants ont débuté le sport, ils sont donc allés au rugby. Et Cathy Dreger de se proposer de nourrir les joueurs après leur dernier entraînement de la semaine. Son mari Jacky occupe depuis cette année le poste de président de l’intersociétés de la municipalité de Lauterbourg, qui gère la coordination entre toutes les associations. Le fils aîné Joël joue toujours au club en tant que troisième ligne. Et Yves son petit frère, le centre qui pensait faire autre chose, est devenu le président à seulement 33 ans. Enfant de Schalkendorf et licencié au club depuis l’école de rugby, il a étrenné sa fonction pour la première fois de façon très officielle lors du forum des associations le samedi 15 septembre. Un projet ? « Sans doute, souffle-t-il. Des projets, il en faut, et nous allons en faire. Mais pour l’instant, je dois dire qu’il n’y a rien de concret. Comme tout le monde, nous voulons faire grandir notre école de rugby, augmenter les effectifs seniors aussi, et organiser une vie interne sympathique. Mais c’est difficile. Le rugby n’a pas forcément bonne réputation chez nous. Le football dévore tout, et notre position géographique n’est pas très évidente. Mais si j’ai accepté ce poste, et même après avoir beaucoup réfléchi, c’est pour agir. De toute façon, je ne regrette pas. Une fois que j’ai décidé, j’ai décidé. Tout le bureau est resté solidaire, et nous allons essayer tous ensemble de relancer la machine. »