Midi Olympique

« TEDDY, NOTRE FIDJIEN À NOUS »

LE 8 NOVEMBRE 2014, L’AILIER DU RACING AVAIT INSCRIT UN TRIPLÉ FACE AUX FIDJI POUR SA PREMIÈRE SÉLECTION. CE MATCH AVAIT PERMIS DE MESURER SON TALENT COMME SA MARGE DE PROGRESSIO­N. QUATRE ANS APRÈS, IL RESTE IMPRÉVISIB­LE DANS TOUS LES SENS DU TERME MAIS I

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Teddy, c’est notre Fidjien à nous. » Stade Vélodrome de Marseille, le 8 novembre 2014 : Philippe Saint-André parle de Teddy Thomas avec le sourire aux lèvres et une étincelle dans les yeux. La pépite de 21 ans vient d’inscrire un triplé face aux Fidji. Ce jour-là, l’ailier honorait sa première cape.

Quarante-deux secondes après le coup d’envoi de sa carrière internatio­nale, il avait déjà ouvert son compteur personnel, à la réception d’une transversa­le de Camille Lopez. Il allait encore frapper à deux reprises en trois minutes, en début de seconde période, avec deux pures réalisatio­ns d’ailier, parfaiteme­nt amenées par Scott Spedding. « C’est mieux que dans mes rêves d’enfant, hallucinai­t le natif de Biarritz au coup de sifflet final. Je n’aurais jamais osé rêver de trois essais pour une première. Ni même d’un seul. » En spécialist­e du poste, Patrice Lagisquet, alors entraîneur des trois-quarts, avait senti l’âme du « chasseur » au travers des entraîneme­nts et appréciait le travail accompli à sa juste valeur : « C’est un marqueur d’essais né. Il a le don d’attirer des situations de ce style, il sort toujours à hauteur. » Philippe Saint-André complétait le tableau avec des éloges rares, puissants : « Il a dans son ADN tout ce qu’il faut pour être un des meilleurs attaquants au monde. En tant qu’ancien trois-quarts aile, je suis stupéfait par sa classe. J’aurais aimé avoir ne seraitce que 10 % de son talent… »

« NE M’EN FAITES PAS UNE STAR TOUT DE SUITE », DISAIT « PSA »

Ce jour-là, à Marseille, Teddy Thomas s’était révélé au grand public pour le meilleur, en grande partie, mais pour le pire, aussi. Serge Blanco, son président du temps de ses années au BO, préférait en rire : « Il a marqué vingt-cinq points : quinze pour la France, dix pour les Fidji. » Décisif et inspiré en attaque, le Basque d’origine avait pêché sans ballon. Philippe Saint-André, encore, tempérait : « Je lui ai dit : « Tu as mis trois essais, c’est très bien. » Mais défensivem­ent, c’est insuffisan­t. Sur le premier essai fidjien, il est clairement en cause mais il l’est aussi sur le deuxième où il doit faire mieux. » L’intéressé avait entendu et reçu le message de prévention : « Je suis content mais je ne peux pas éluder le fait que j’ai fauté sur ces essais, ça ne pardonne pas à ce niveau. » Une leçon pour la suite. À un an de la Coupe du monde, Teddy Thomas avait tout de même marqué des points, dans tous les sens du terme. « PSA » se voulait encore prudent à propos de son évolution à court terme : « S’il vous plaît, ne m’en faites pas une star tout de suite. Il a encore beaucoup de choses à améliorer, il le sait et ses entraîneur­s de club aussi. » L’avenir avait malheureus­ement donné raison au boss des Bleus : après son splendide exploit personnel face à l’Australie - six défenseurs battus - dans la foulée de son triplé fidjien, le Racingman avait été écarté pour raisons extra-sportives en amont du troisième test-match. En suivant, il avait perdu sa place lors du Tournoi des 6 Nations, au regard de deux prestation­s mitigées, et avait disparu de la rotation. Pour se retrouver à regarder la Coupe du monde depuis son canapé.

IL A INSCRIT PRÈS D’UN TIERS DES ESSAIS DES BLEUS EN 2018

Après un retour fugace en février 2016, il avait dû attendre la tournée de novembre 2017 pour retrouver les honneurs de la sélection. Depuis, il s’est progressiv­ement imposé comme un des éléments incontourn­ables des lignes arrière : ce samedi, face aux Fidji, il va ainsi honorer sa huitième titularisa­tion de l’année 2018. Jacques Brunel lui maintient une entière confiance, convaincu de son talent et de sa capacité à réaliser des exploits à tout moment. Son gâchis majuscule face à l’Afrique du Sud et ses difficulté­s dans le jeu aérien contre l’Argentine sont quelque peu venus ternir son bilan de l’automne. Mais avec deux réalisatio­ns face à ces mêmes Pumas, Teddy Thomas n’en a pas moins rempli sa mission d’attaquant. « Je ne veux pas sur me focaliser sur un joueur. Après, je note que Teddy a inscrit deux essais », glissait, malicieuse­ment, Jacques Brunel depuis Villeneuve­d’Ascq, samedi dernier.

Quatre ans et une poignée de jours après une première sélection tellement révélatric­e de son profil de joueur, le Racingman reste perfectibl­e mais il a su mettre son talent à profit pour s’imposer comme le finisseur le plus redoutable du XV de France, son facteur X de prédilecti­on. La preuve en chiffres : il a inscrit près d’un tiers des essais des Bleus cette année cinq sur seize. Et ce n’est peut-être pas fini… Les Fidji sont prévenus, en tout cas : l’attaquant le plus imprévisib­le sur la pelouse ce samedi n’évolue peut-être pas dans leurs rangs.

 ??  ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Auteur d’un doublé la semaine dernière à Lille, Teddy Thomas est un redoutable finisseur. Samedi, l’ailier du Racing retrouvera les Fidji, une sélection qui lui réussit plutôt bien : en 2014 il s’était offert un triplé à Marseille.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Auteur d’un doublé la semaine dernière à Lille, Teddy Thomas est un redoutable finisseur. Samedi, l’ailier du Racing retrouvera les Fidji, une sélection qui lui réussit plutôt bien : en 2014 il s’était offert un triplé à Marseille.

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