CHEIKA SAIT REBONDIR !
LES ANGLAIS N’ONT PLUS PERDU DEPUIS TROIS ANS CONTRE LES WALLABIES. MAIS MICHAEL CHEIKA EST LE GENRE DE GARS QUI SAIT REBONDIR, MÊME SUR SES MAUVAISES PASSES, POUR OBTENIR PLUS DE MOYENS.
Depuis le désastre de 2015, la roue a tourné en faveur des Anglais. Cinq victoires consécutives face aux Wallabies, Michael Cheika paye donc cher le match mythique qui élimina l’Angleterre de sa propre Coupe du monde (33-18) avec l’essai extraordinaire de Bernard Foley. Le coach des Wallabies ne respire pas la sérénité à l’idée de revenir dans la banlieue ouest de Londres samedi. Mais sa Fédération (RA) lui a mis du baume au coeur en lui maintenant sa confiance jusqu’au prochain Mondial. Après tout, ce n’est là que la durée prévue de son contrat. Mais face aux critiques des derniers mois et la défaite à zéro essai de Cardiff, Rugby Australia a préféré mettre les points sur les « i ». Mais ça méritait d’être précisé en cette fin d’année 2018 où l’Australie a chuté à huit reprises et où la défaite à zéro essai face aux Gallois (96) a vraiment fait vilain. Mais Cheika a assez de personnalité et de caractère pour rebondir dans ce genre de situation. Il peut même se targuer du soutien de Steve Hansen qui, fin octobre, a réclamé de la continuité pour son homologue australien en le comparant à Alex Ferguson, plusieurs fois menacé à ses débuts à Manchester United.
En tout cas Cheika a profité de cette « mauvaise passe » pour augmenter ses exigences envers RA. Selon le South Morning Herald, la situation commence même à se tendre entre Cheika et les provinces majeures. En effet, selon le planning voulu par le sélectionneur, les Wallabies seraient convoqués pour un camp d’entraînement pendant dix jours dès janvier. Or, c’est le moment où les internationaux reprennent l’entraînement avec leurs franchises en prévision du coup d’envoi du Super Rugby, le 15 février. Les Rebels, les Waratahs, les Reds et les Brumbies ne récupéreraient alors leurs internationaux que le 21 janvier, ce qui signifie qu’ils n’auraient que trois semaines de préparation avant le début des hostilités. Ce camp d’entraînement vient se rajouter à une demande de Cheika de réduire de 20 % le temps de jeu de ces mêmes internationaux pendant le Super Rugby. Qu’il est loin le temps où la saison sudiste nous paraissait particulièrement équilibrée entre les exigences domestiques et le calendrier international. Même là-bas, les tiraillements existent, ce qui est assez déprimant quant on n’y pense. Les gros fournisseurs des Wallabies du moment, Waratahs et Rebels, devraient ainsi opérer sans dix joueurs pendant de longues journées.
C’est tout le savoir-faire et la roublardise de Cheika que profiter d’une mauvaise passe de son équipe pour renforcer sa position.Après tout, en 2015, il avait amené l’Australie en finale sans être ridicule face à des All Blacks intouchables. Mais samedi, Cheika sera confronté à Eddie Jones, l’un de ses prédécesseurs, pas mal critiqué lui aussi en 2018. Difficile dévaluer encore son bilan automnal. La défaite in extremis face aux All Blacks l’a un peu revigoré mais la première mi-temps face au Japon fut clairement décevante. Mais les Anglais ont révélé ou confirmé quelques jeunes talents : Mark Wilson, Sam Underhill, Tom Curry ou Zach Mercer. Des troisième ligne moins puissants que les absents Hugues, Vunipola ou Simmonds. Cela a donné un peu de fraîcheur et de variété à l’arsenal anglais.