Midi Olympique

FEUX TRICOLORES

APRÈS LA VICTOIRE FACE À L’ARGENTINE, LES BLEUS NE DOIVENT PAS MANQUER CE DERNIER RENDEZ-VOUS FACE À UNE ÉQUIPE FIDJIENNE À LEUR PORTÉE, MALGRÉ UN CONTEXTE QUI NE PRÊTE PAS À LA FÊTE.

- Par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

REGONFLÉS PAR LEUR VICTOIRE FACE AUX ARGENTINS, LES BLEUS D’ARTHUR ITURRIA DOIVENT CONFIRMER DEVANT LES FIDJIENS. UN DÉFI SPECTACULA­IRE ?

Avec un peu de chance, la France aurait dû gagner le Tournoi.» Le président de la Fédération, Bernard Laporte, a attaqué fort cette dernière semaine internatio­nale de l’année 2018. L’enthousias­me est donc de retour du côté de Marcoussis après le succès précieux remporté face à l’Argentine, qui offre l’espoir de terminer l’année sur deux victoires consécutiv­es. Sportiveme­nt, ce rendez-vous face aux Fidjiens, certes souvent présentés comme les Brésiliens du rugby par leur capacité à faire danser les ballons et à donner le tournis à leurs adversaire­s, ne devrait être qu’une formalité pour les Français qui n’ont jamais perdu contre cet adversaire.Tout est réuni pour assister à une belle fête de fin d’année, célébrant ainsi une presque victoire dans le Tournoi et l’espoir renaissant de voir cette équipe passer le premier tour de la Coupe du monde dans quelques mois au Japon. Sortez les cotillons, ça va swinger et s’embrasser sur la verte pelouse du Stade de France. Belle répétition générale avant la Saint-Sylvestre qui vient rappeler à tous les amoureux du ballon ovale que la magie du Tournoi n’est pas loin de réchauffer nos très frais week-ends d’hiver.

VERS UN TRISTE RECORD

Orgie de jeu en perspectiv­e sur le pré, puisqu’en neuf confrontat­ions les Bleus ont inscrit en moyenne quarante points de moyenne, mais pour le Bunga Bunga en tribune, il faudra certaineme­nt repasser. Si Bernard Laporte est optimisite sur le niveau des hommes de Jacques Brunel, le trésorier de la FFR, Alexandre Martinez, n’était certaineme­nt pas d’humeur à enfiler un nez rouge et un chapeau pointu pour faire rire les collègues. Même les chiffres les plus optimistes laissent à penser que ce match entrera quoi qu’il arrive dans le livre des records avec la plus faible affluence pour un match internatio­nal disputé au Stade de France ! Après la victoire à Lille, le retour à Paris ne s’annonce donc pas triomphal. C’est bien dommage car, la frousse de revivre le même d’automne que la saison passée étant évacuée, il aurait précieux de s’offrir un peu d’allégresse après tant de défaites et de regrets qui ont plombé les crampons. Miné le moral.

La faute à ces Fidjiens finalement peu sexy aux yeux du grand public ? Fantasques mais pas assez effrayants pour assurer un spectacle digne de ce nom ? Cette explicatio­n ne tient franchemen­t pas. Ils étaient 67 144 Écossais à Murrayfiel­d début novembre pour assister au large succès du XV du Chardon face à ces mêmes Fidjiens (54-17). Au pays de Galles, ils étaient 61 284 dans les travées du Principali­ty Stadium pour voir le quinze du Poireau corriger de pauvres Tonguiens (74-24). Paris offre certaineme­nt plus de distractio­ns un samedi soir qu’Edimbourg ou Cardiff mais cette abondance n’avait jamais jusqu’ici autant dépeuplé le Stade de France pour un match des Bleus.

Si la remontée sportive du XV de France a débuté à Lille, la reconquête des coeurs pourrait s’avérer plus lente. Battre successive­ment l’Argentine et même les Fidji ne suffira pas à retrouver l’ivresse des grands soirs. Les promesses passées, trop vite balayées, ont rendu les supporters méfiants. Celles de Lille ont pourtant de quoi rassurer. Tout du moins, elles ont de quoi piquer la curiosité des amoureux du ballon ovale.

FICKOU, THOMAS, ITURRIA POUR VIBRER

Le maintien en place de la même épine dorsale sur trois rencontres est presque un événement en soi, après tant d’années à avoir souhaité de la stabilité, du temps, pour forger un collectif et en finir avec les coups d’éclats sans lendemain. L’argument est néanmoins timide pour fédérer tout un peuple derrière les Bleus, remplir un Stade de France jusqu’à la gueule et sentir ses poils se dresser quand il s’époumone en braillant la Marseillai­se. Mais après tant de tatônement­s, on saliverait presque, malgré le froid annoncé à Saint-Denis, en attendant de revoir Gaël Fickou électriser l’attaque tricolore. On serait même impatient de découvrir quel tour de passe-passe inattendu Teddy Thomas peut encore inventer, ou si Arthur Iturria se laisse encore aller à un coup de pied en fin de match après avoir tant donné pendant quatre-vingt minutes... Juré, craché, on serait prêt à s’enthousias­mer, mâchoire grande ouverte, devant un nouvel essai en première main, et à demander au voisin de nous pincer pour être certain de ne pas rêver.

Alors, même si l’ambiance s’apparenter­a plus à une soirée « à la bonne franquette» qu’à une réception chez Monsieur l’Ambassadeu­r, les Français ne doivent pas oublier que la réussite d’une fête ne tient pas seulement au nombre de ses participan­ts.

Il existe deux façons de gérer la situation quand la salle n’est pas très bien garnie : rester dans son coin, attendre que ça passe et rentrer chez soi au plus vite ; ou prendre les choses en main pour assurer le spectacle et l’ambiance. Les Bleus savent ce qu’ils doivent faire : battre les Fidji et réchauffer ce Stade de France, donner envie aux courageux présents de revenir, et faire naître des regrets chez ceux qui ont préféré bouder... Le regret de ne pas avoir été là, signe d’une fête réussie.

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
 ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Enchaîner sera le maître-mot face aux Fidji pour Teddy Thomas, Mathieu Bastareaud, Yoann Maestri, Wenceslas Lauret et les Bleus.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Enchaîner sera le maître-mot face aux Fidji pour Teddy Thomas, Mathieu Bastareaud, Yoann Maestri, Wenceslas Lauret et les Bleus.
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