Midi Olympique

« Nous n’avons pas peur »

CHRISTIAN LANTA, LE MANAGER DE PERPIGNAN, VEUT CROIRE AU RÉVEIL DE SES JOUEURS POUR VALIDER LEUR PROGRESSIO­N. DÈS CE WEEK-END, FACE À CASTRES.

- Propos recueillis par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Qu’est-ce qui pourrait provoquer, enfin, le déclic et permettre à l’Usap de l’emporter face à Castres ce samedi ?

L’état d’esprit du groupe, avant tout. Notre meilleure arme tient dans la force du collectif. Aucun joueur ne décroche, il y a de la conviction à tous les niveaux, c’est très positif. Ça peut paraître être un discours de façade mais c’est tellement vrai pour voir évoluer cette équipe au quotidien.

On sent en tout cas beaucoup de sincérité, dans vos propos…

Je peux vous dire qu’il y a une grande envie de réussir et de la croyance en notre travail. Après, tout le monde a conscience qu’il nous faut hausser notre niveau, en défense, en attaque, dans l’alternance… J’en ai d’ailleurs marre d’entendre que l’Usap joue bien. Il y a beaucoup de gens qui commencent à parler de peur, de pression. Très franchemen­t, je peux dire que nous n’avons pas peur et que nous faisons en sorte que la pression soit la moins négative possible. Quand on voit le soutien de notre public, qui ne nous lâche pas, ça renforce cette déterminat­ion.

Après la coupure, considérez-vous, vous et vos joueurs, qu’une nouvelle saison démarre ce samedi ?

Nous avions demandé au groupe d’opérer une vraie cassure, de couper vraiment, pour recharger les batteries, surtout sur le plan mental. Mais cette reprise s’inscrit dans la continuité des premiers matchs. Depuis le retour à l’entraîneme­nt, je sens surtout de l’impatience d’en découdre à nouveau et de décrocher enfin ce premier succès. Ce qui s’est passé avant ne doit pas être jeté, il doit nous servir. Face à Toulouse et à Toulon, nous avons par exemple réalisé à chaque fois une mi-temps pleine. Ça n’a pas suffi mais ça a forgé notre expérience. À Mayol, il faut savoir que l’équipe comptait une moyenne de six matchs de Top 14 et elle est tout de même parvenue à rivaliser longuement avec des All Blacks ou un grand Taofifenua qui compte 200 matchs au plus haut niveau. Notre chemin est porteur d’espoirs. Peut-être que nous ne réussirons pas mais j’y crois.

On entend votre optimisme. Avez-vous fixé des objectifs concrets de succès sur les deux réceptions successive­s de Castres et Bordeaux-Bègles ? Car à un moment, il faudra des points…

Il faudrait à tout prix gratter une victoire sur les deux prochaines rencontres. Après, nous avons toujours l’espoir de gagner les deux. Mais aujourd’hui, au vu de notre début de saison et du niveau des adversaire­s, nous ne pouvons pas prétendre tout gagner.

Jusqu’à présent, vous avez reçu uniquement des prétendant­s à la qualificat­ion (Paris, Lyon, Montpellie­r et Toulouse). Samedi, la marche sera encore très haute avec Castres…

Et oui, c’est le champion de France. Ce sera même plus dur que contre Toulouse, à mon avis. Le Stade a pris le dessus sur nous une fois que les extraterre­stres Dupont et Kolbe ont mis le turbo en deuxième période. Mais collective­ment, nous étions dans le vrai. La grande force des Castrais, c’est justement de faire déjouer leur adversaire et ensuite de mettre son jeu en place. C’est tout à leur gloire. C’est une problémati­que complexe à aborder. Si nous ne jouons pas, nous ne gagnerons pas. Mais il est très dur de développer son rugby face à cette équipe… C’est un très beau challenge, en tout cas.

À 66 ans, vous vivez votre plus longue période de disette sur le plan sportif. Comment la gérez-vous ?

Oui, c’est la première fois que je me retrouve dans un tel contexte. Ça peut surprendre mais je le vis à fond, je ne trouve pas ça rebutant. C’est à la fois passionnan­t et très dur, je ne le cache pas. D’un côté, je savoure l’aventure humaine, qui est forgée depuis deux ans et demi, et de l’autre, je m’efforce de trouver des solutions pour améliorer nos résultats. Tout en sachant que nous bataillons avec des frondes et des canifs. Ce n’est presque pas logique de se retrouver là où nous sommes.

Comment luttez-vous contre la sinistrose ?

Si nous étions Clermont, le Racing ou Montpellie­r, ce serait dramatique à vivre mais, à l’Usap, on ne peut pas avoir la même approche. Nous venons de loin et ça, nous ne pouvons pas le changer. Ce que j’apprécie, c’est que la démarche reste collective et que tout le monde garde l’envie. L’équipe est soudée, les leaders sont forts dans leur tête et le staff est en adhésion. Si je sens que ça commence à décrocher, que les entraîneur­s versent dans le doute, je suis là pour les soutenir. Si, après tous ces efforts, il y a le maintien à l’arrivée, ce sera la plus belle des réponses. Cela bouclerait une aventure formidable.

Que pouvez-vous nous dire sur Lotima Fainga’anuku, joueur supplément­aire fraîchemen­t arrivé en Catalogne ?

C’est un jeune joueur avec de vraies références. Il est champion du monde junior et a effectué quelques piges avec les Crusaders. Il est très complet, va vite et peut jouer ailier et centre, voire même arrière. Il va découvrir le Top 14 progressiv­ement. Il ne sera pas dans le groupe pour le match de Castres mais va vite être intégré. Sa venue était nécessaire : Pujol en a encore pour six semaines, Mjekevu pour deux mois… Nous étions justes derrière même si les absences ont permis l’émergence de Pierre Lucas.

Le recrutemen­t du Puma Pablo Zeiss en joker au poste de pilier est-il toujours envisagé ?

Oui, c’est encore d’actualité.

Et quid de d’arrivée de Gérald Bastide en renfort de l’encadremen­t ?

C’est une idée qui est dans les tuyaux depuis plus d’un an déjà. Patrick (Arlettaz) avait envie qu’il nous rejoigne depuis un moment. Il le connaît très bien, il est Catalan, il a travaillé au plus haut niveau. C’est un profil intéressan­t mais ça ne serait que pour l’année prochaine. Ce n’est pas encore finalisé.

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
 ?? Photo M.O. - D.P. ?? Christian Lanta espère que la coupure internatio­nale aura fait du bien au mental de ses hommes afin de décrocher une première victoire cette saison.
Photo M.O. - D.P. Christian Lanta espère que la coupure internatio­nale aura fait du bien au mental de ses hommes afin de décrocher une première victoire cette saison.

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