Midi Olympique

Derby entre amis...

LES BORDELAIS RECEVRONT DONC TOULON AVEC UN ENTRAÎNEUR INTERIMAIR­E AU STATUT PARADOXAL. INTERNATIO­NAL TRÈS RESPECTÉ, IL ÉTAIT DEPUIS SIX ANS UN ADJOINT FIDÈLE ET PLUTÔT DISCRET.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Six ans après son arrivée, voilà Joe Worsley aux manettes sportives à l’UBB, pour intérim de six mois avec les ambiguités que ça comporte. La situation est paradoxale, car l’ancien internatio­nal anglais est finalement le plus beau palmarès qui ait jamais évolué dans le staff bordelais. Il fut quand même champion du monde en 2003, même s’il ne joua pas la finale ; finaliste en 2007 plus un grand chelem, deux Coupes d’Europe, 78 capes avec le XV de la Rose plus une avec les Lions. Il jouissait d’une vraie popularité parmi les supporteur­s du XV de la Rose et les observateu­rs du rugby en général. Dans les années 2014-2015, Shaun Edwards, coach de la défense galloise, ex-internatio­nal treiziste nous avait parlé de celui qu’il avait entraîné chez les Wasps. « Si tous les joueurs pouvaient mettre autant d’engagement et de justesse que lui en mettait… » Dave Walder, actuel entraîneur de Newcastle a toujours admiré son ancien partenaire chez les Wasps : « Bien sûr, c’était un plaqueur terrible. Il était respecté pur cela. Mais joueur, il décryptait déjà très bien le jeu adverse pour le contrer. Au-delà de ça, c’était aussi un vrai leader d’équipe, un gars capable de fédérer derrière lui. »

ARRIVÉ AVEC RAPHAËL IBANEZ EN 2012

Il est arrivé à Bordeaux en 2012, dans les bagages de Raphaël Ibanez qu’il avait connu aux Wasps. Depuis, il a servi le club loyalement, dans une certaine discrétion médiatique, en tant que spécialist­e de la défense. Il a survécu à l’éviction de son mentor en mars 2017. L’homme a de l’allure, mais semble toujours calme et économe de ses mots quand on le croise sur les terrains d’entraîneme­nts ; concentré sur sa tâche spécifique, avec peu d’éclats de voix. Depuis, janvier 2018, il se retrouvait sans broncher sous l’autorité d’un de ses compatriot­es, Rory Teague, plus jeune que lui et doté d’un parcours sportif bien moins prestigieu­x.

Après quelques jours d’incertitud­e, Joe Worsley a donc appris qu’il endosserai­t cette nouvelle responsabi­lité jusqu’à la fin de la saison et l’arrivée de Christophe Urios. Le président Marti l’a confirmé lundi : « On va donc continuer avec Joe, nous avons l’aval des joueurs. Il sera le numéro un jusqu’en juin après, évidemment si on perd six de nos sept prochains matchs, on se posera forcément des questions.. Mais je l’ai appelé, je lui ai expliqué que j’hésitais entre deux solutions : faire venir quelqu’un ou lui donner les commandes. Il m’a dit qu’il se sentait prêt. Dans le staff, c’était lui le plus expériment­é, plus que Jean-Baptiste Poux ou que Brock James. Mais je le sens prêt, il est avec nous depuis longtemps, c’est un fidèle même s’il a failli nous quitter il y a deux ans mais nous l’avions retenu. » Le président a aussi confié qu’il l’avait toujours senti désireux de progresser et de se montrer curieux de tout, jusqu’à parfois l’alerter au fil des années sur certaines choses à modifier.

PAS DE BOULEVERSE­MENTS ÉNORMES À ATTENDRE

Joe Worsley ne s’est pas présenté devant les médias pour parler de son intronisat­ion. Il faudra attendre l’après-match de BordeauxTo­ulon pour entendre ses premiers mots d’entraîneur. Son adjoint, Jean-Baptiste Poux a confié : « Je pense qu’il a les épaules pour ce poste et qu’il fera cet intérim sans problème. Mais je ne pense pas que les choses vont évoluer énormément, nous allons rester dans les standards que nous pratiquion­s avec Rory Teague. » Pas de bouleverse­ments à attendre dans l’approche du jeu donc. Il devrait rester assez direct selon le schéma pratiqué depuis août. On verra si quelques joueurs très peu utilisés cette saison seront relancés (Julien Rey ou Daniel Braid par exemple). L’ancien joueur de l’UBB Hugh Chalmers, désormais à Vannes, nous a fait part de son expérience aux côtés de Worsley : « Je dois dire que sur le plan défensif, il m’a fait progresser en effet. Ça se passait entre nous deux devant son ordinateur. Je pense qu’à force de travailler la défense, on ne peut que progresser dans la connaissan­ce du jeu offensif, puisqu’on étudie en général les armes de l’adversaire. La seule façon de savoir si Joe Worlsey peut devenir entraîneur numéro un, c’est de le lancer. » Pour Worsley, la situation sera forcément inconforta­ble et frustrante, s’il doit réussir, il n’en sera pas récompensé. Mais il aura aussi l’occasion de montrer ce qu’il vaut. Laurent Marti en est conscient. « Peut-être qu’un jour, il partira vers de nouvelles aventures. »

 ?? Après une immense carrière de joueur chez les Wasps et en équipe d’Angleterre, et une expérience d’entraîneur de la défense de l’UBB, Joe Worsley va connaître son premier match à la tête des Girondins. ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
Après une immense carrière de joueur chez les Wasps et en équipe d’Angleterre, et une expérience d’entraîneur de la défense de l’UBB, Joe Worsley va connaître son premier match à la tête des Girondins. Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany

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