Bastareaud - Fickou, de l’importance du jeu sans ballon
« Le meilleur des Boniface, c’est celui qui n’a pas
le ballon », s’amusaient les anciens chroniqueurs de ce jeu à l’heure de déterminer qui de Guy et d’André incarnait le plus gros danger pour les défenses adverses. Alors, si le jeu a beaucoup changé depuis le temps des frangins de Mont-de-Marsan et le milieu de terrain actuel du XV de France, force est de constater que l’adage initial colle plutôt bien à la peau de ses successeurs actuels. La preuve ? Elle est que sur l’essai inscrit en première main par Teddy Thomas, aucun des centres français n’a touché le ballon… Une hérésie, diront les ayatollahs du jeu d’attaque ? Même pas. En réalité, ce sont bien les centres français qui (associés au superbe travail de Camille Lopez, qui n’a pas hésité à attaquer la ligne au point de se sacrifier devant Matera pour lancer l’attaque) ont fixé tous les défenseurs argentins samedi dernier. Par sa course rentrante en effet, Bastareaud avait totalement « aspiré » son visà-vis De La Fuente tandis que, de crainte de se faire prendre de vitesse par Fickou sur l’extérieur, le deuxième centre Orlando se décala un peu trop de son partenaire. Au point d’ouvrir l’intervalle à Huget…
La suite ? Elle doit encore beaucoup à Gaël Fickou puisque c’est bien ce dernier qui permit la continuité de l’action, en faisant l’effort d’appeler Huget en croisée. Une course de soutien qui eut le mérite de fixer tout le deuxième rideau argentin et permit à l’ailier toulousain de « ressortir » sur l’extérieur, offrant à Fall et Thomas l’opportunité d’un deux contre un imparable… La conclusion ? Elle est qu’au centre de son terrain, le XV de France dispose de deux individualités aux profils certes opposés, mais qui ont le mérite de focaliser l’attention de leurs adversaires. Et ouvrir des espaces à leurs partenaires, à condition de les utiliser intelligemment ? C’est précisément ce qu’on attendra des Bleus ce week-end…