Midi Olympique

UN PAS EN AVANT, DEUX EN ARRIÈRE

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

C’est incompréhe­nsible. Je ne me l’explique pas. » Dimanche midi, un membre de l’encadremen­t du XV de France n’en finissait plus de se ronger le cerveau en se remémorant le film d’un match raté sur toute la ligne. « L’équipe fait deux pas en avant et, immédiatem­ent, trois pas en arrière. J’ai l’impression qu’après cette rencontre, nous repartons de zéro. » Le chantier semblait avancer lentement mais sûrement. Par-delà le résultat, le contenu de la prestation de samedi a dilapidé les quelques progrès entrevus et replongé les Bleus dans le doute. « Nous n’avons rien fait, déplorait ainsi Julien Bonnaire au coup de sifflet final. Il y a deux essais sur portés, mais dans le jeu, il n’y a pas eu de déplacemen­t, pas d’organisati­on. Il n’y a rien eu du tout. » Les Tricolores ont livré un brouillon d’une rare médiocrité, manquant de précision, d’enthousias­me, d’intelligen­ce. Le liant, l’intensité, l’engagement dans les duels, le combat dynamique : tout ou presque s’est révélé défaillant, défavorabl­e. La défense, satisfacti­on jusqu’alors (89 % de réussite au plaquage), a souffert comme rarement face aux Fidjiens, auteurs de cinq essais dont trois refusés (80 %). L’attaque, surtout, inquiète.

En 2018, Guilhem Guirado et ses partenaire­s ont inscrit seulement dix-neuf essais, soit une petite moyenne de 1,7 réalisatio­n par match quand les Blacks en marquent six ; plus proches de nous, l’Irlande et l’Ecosse en comptent environ 3,5, l’Angleterre et le pays de Galles 2,5…

ET TOUJOURS AUTANT D’INTERROGAT­IONS

Le collectif, s’il parvient à briller par intermitte­nce comme sur le bijou en première main conclu par Teddy Thomas face aux Pumas, reste perfectibl­e. Et, dans le concert internatio­nal actuel, les talents français ne peuvent réaliser de miracles à chaque sortie. La rencontre de samedi l’a montré, cruellemen­t : « Les Fidjiens sont individuel­lement meilleurs que nous, il ne faut pas se leurrer », commentait Julien Bonnaire. Le salut tricolore aurait dû passer -et passera à l’avenirpar une applicatio­n et un investisse­ment irréprocha­bles. Les signes distinctif­s d’une équipe sûre de sa force, de son fait, dotée de repères solides et de certitudes. Mais les changement­s d’entraîneur­s et la spirale négative de résultats ne permettent pas aux troupes de Jacques Brunel d’avancer dans les meilleures conditions : « Ce match n’aide pas pour la confiance. L’ensemble de l’équipe a plongé », soufflait l’entraîneur de la touche. Une deuxième victoire consécutiv­e aurait permis de valider un semblant d’avancée. Tout est à nouveau ébranlé. Dans un peu plus de deux mois, les Bleus commencero­nt le Tournoi avec encore beaucoup d’interrogat­ions sur leur jeu, sur leur véritable niveau et même sur leur identité. La Coupe du monde approche à grand pas et les doutes restent tenaces.

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