Midi Olympique

Reggiardo ce Castrais

MAURICIO REGGIARDO - Manager du SUALG SAMEDI, LE TECHNICIEN ARGENTIN IRA DÉFIER CASTRES À PIERRE-FABRE POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS L’ANNONCE DE SON DÉPART VERS LE CO, LA SAISON PROCHAINE. UN RETOUR AUX SOURCES, QUI ÉTAIT ÉCRIT TANT L’HISTOIRE DE SA VIE E

- Par Émilie DUDON (avec J.Fa.) emilie.dudon@midi-olympique.fr

En ce jour d’été 1996, Mauricio Reggiardo est né une deuxième fois. À 26 ans. Alors que son épouse portait leur premier fils. C’est là, quelques semaines après deux tests perdus par les Pumas sur leur sol face au XV de France, que le pilier argentin (50 sélections) est arrivé dans le Tarn. Le premier jour du reste de sa vie, comme il l’expliquait l‘an dernier au cours d’un entretien paru sur rugbyrama.fr (nous l’avons sollicité pour ce portrait mais il a préféré, à quelques jours du déplacemen­t agenais à Pierre-Fabre, faire « profil bas » sur le sujet). « Je ne réalisais pas. Pour moi, c’était nouveau. Dans ma démarche, j’imaginais venir un an, prendre du plaisir, voir ce que ça donnait. Finalement, je suis resté. Et je suis resté un moment, même… » Treize ans exactement, avant de repartir en Argentine en 2008 pour prendre en charge les avants des Pumas aux côtés du sélectionn­eur, Santiago Phelan. Le temps de vivre mille choses, mille amours. « Castres, ça va au-delà d’un club […] C’est là où sont nés mes enfants. J’y ai fondé ma famille et passé un tiers de ma vie. Castres, c’est tout. » Alors, comme il le confessa au moment de justifier son départ - négocié et annoncé très tôt dans la saison - au CO en septembre dernier, son retour à Castres lui permettra de « boucler la boucle. L’histoire n’était pas finie avec ce club. » De ses années castraises, Mauricio Reggiardo a gardé des souvenirs pour la vie. Et une amitié particuliè­rement forte : celle qui le lie à Ugo Mola. Les deux hommes ont joué ensemble sous le maillot tarnais de 1997 à 2005. Ils ont tenu un bar-restaurant argentin dans la préfecture tarnaise, aussi, où l’actuel manager d’Agen et son épouse, Natalia, travaillai­ent aux côtés des parents de l’internatio­nal tricolore. Georgia, la femme de ce dernier, est la marraine du plus jeune des trois fils de son ami, Valentino. Sur le pré, ils ont connu leur premier poste d’entraîneur­s ensemble dans un autre coin du Tarn, à Mazamet en Fédérale 2 en 2005-2006, avant de se retrouver au CO fin 2007, quand l’Argentin était venu accomplir une mission sauvetage (réussie) pour les quatre derniers matchs de la saison.

MISSIONS SAUVETAGES

Les deux hommes avaient de nouveau travaillé ensemble, plus discrèteme­nt, quand l’ancien pilier, de nouveau appelé à la rescousse par le CO, venait un jour par semaine faire travailler la mêlée d’une équipe albigeoise coachée par Mola. C’était en 2015 et l’histoire avait bégayé : le champion de France castrais était dernier du Top 14, en danger de relégation, et Mauricio Reggiardo avait une nouvelle fois endossé ses habits de sauveur. Parmi ceux qui avaient soufflé son nom, un certain Ugo Mola : « À l’époque, j’avais encore quelques relations au club et j’avais soumis le nom de Mauricio parce qu’il me semblait être typiquemen­t le mec, sur les plans humain et rugbystiqu­e, capable de relancer la machine. Vous savez, Mauricio est quelqu’un de très fidèle qui, pour lui, n’a eu qu’un club. Ses expérience­s à Albi et à Agen ont été vécues de manière sincère et profession­nelle, mais son club, c’est Castres. » Quand il avait vu arriver Reggiardo au Lévezou (centre d’entraîneme­nt du CO) un matin de février 2015, David Darricarrè­re avait immédiatem­ent « senti combien il était proche du club. Il le connaît par coeur. Mauricio possède une image très positive au CO. » Auprès de Pierre-Yves Revol, notamment. Les deux hommes, qui n’ont jamais perdu contact, entretienn­ent une relation privilégié­e : « Il y a beaucoup, beaucoup de respect entre Mauricio et Pierre-Yves, témoigne un autre Castrais proche de l’Argentin, le vice-président du CO, Patrick Thillet. Attention, il ne lui tape pas sur le ventre non plus mais Mauricio fait partie du premier cercle du CO. Comme c’est le cas de Christophe Urios ou d’autres anciens joueurs tels Gary Whetton et Gérard Cholley. Avant chacun de nos grands rendez-vous, comme les finales de Top 14 en 2013 et en 2014, par exemple, je lui téléphonai­s à chaque fois. Je ne sais pas, juste pour partager avec lui. Je l’appelais comme on appelle un parent. »

UNE DEUXIÈME FAMILLE

Le dirigeant castrais est en fait à l’origine de la venue de Mauricio Reggiardo au CO, il y a douze ans. À cette époque, le pilier devait parcourir chaque semaine les 400 km qui séparent Mar del Plata, où il tenait un magasin avec son père, et Buenos Aires, où il jouait au rugby. « Un très bon ami à moi, l’ancien talonneur des Pumas Andres Courrege m’avait parlé de lui. Nous en avions discuté avec PierreYves Revol et l’avions fait venir. Il y avait très peu d’Argentins dans le championna­t à ce moment-là. » Patrick Thillet n’imaginait pas qu’une histoire d’amour était née. « Au moment où il est arrivé, la vie était très dure en Argentine. Il y avait des difficulté­s économique­s et une grande insécurité, alors je pense qu’il a trouvé un équilibre chez nous, qu’il a un trouvé une deuxième famille. C’est cool, à Castres, et ça lui convient bien. Il s’est senti entouré, respecté, considéré. » « Il s’est construit à Castres, étaye Ugo Mola. Il y a construit sa vie d’homme, sa vie de famille et il a marqué l’histoire du CO parce qu’il est resté à un moment où tout le monde fuyait, quand le club réduisait la voilure ou quand il y avait des changement­s d’entraîneur­s.

Ensuite, il a prêté main-forte à plusieurs reprises. C’est un mec qui a beaucoup donné à Castres et il paraît légitime qu’il revienne aujourd’hui. »

En s’engageant au CO pour les trois prochaines années, Mauricio

Reggiardo sait qu’il retourne dans un club où il aura « la confiance de tout le monde », explique David

Darricarrè­re. Pour être resté proche de l’Argentin, l’entraîneur des

Moins de 20 ans champions du monde a beaucoup parlé de ce retour avec lui. Inéluctabl­e également selon lui : « Il a beaucoup d’idées pour le club, il en est encore très proche et il a l‘envie de faire avancer les choses. Il le fera à 300 %, comme toujours. C’est comme ça qu’il fonctionne et pour ça que ça marche. En fait, il retrouve son club de coeur. C’est aussi simple que ça » « Mais sa vie est à Castres, insiste Ugo Mola. Il est arrivé là-bas, ses trois fils sont nés là-bas, il a monté une affaire là-bas. Nous ne l’avons pas gardée parce qu’il partait en Argentine et moi à Brive alors c’était difficile mais cette aventure, aussi, a participé à faire de lui un Castrais. Elle a fini de solidifier notre amitié, aussi. Il est viscéralem­ent attaché à cette ville et à ce club. Le fait d’être revenu le sauver dans une situation compliquée il y a quelques années a fini de sceller son sort avec le CO. Il y a beaucoup d’affect là-dedans et c’est tout à fait naturel qu’il se retrouve à l’entraîner la saison prochaine. L’histoire entre Castres et Mauricio est très forte. Et très belle. » Elle n‘est pas finie, surtout. Mauricio Reggiardo n’a pas gagné de titre majeur durant ses années castraises. Ce sera son défi à la tête d’un CO au statut nouveau. Mieux vaut Tarn que jamais.

« Mauricio est viscéralem­ent attaché à cette ville et à ce club. Le fait d’être revenu le sauver il y a quelques années a fini de sceller son sort avec le CO. » Ugo MOLA

Manager du Stade toulousain

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