TOULOUSE PUISSANCE 8
RÉALISTES ET SOLIDES EN DÉFENSE, LES TOULOUSAINS ONT SIGNÉ LE BON COUP DE CE WEEK-END DE COUPE D’EUROPE EN S’IMPOSANT SUR LA PELOUSE DES WASPS (24-16). LE STADE RESTE SUR UNE INCROYABLE SÉRIE DE HUIT VICTOIRES QUI CONFIRME SON RETOUR AU PREMIER PLAN.
MALADROIT ET INDISCIPLINÉ, LE STADE N’A DÛ QU’À SON ÉNORME DÉFENSE ET À DES EXPLOITS INDIVIDUELS DE KOLBE ET GUITOUNE DE REMPORTER SA HUITIÈME VICTOIRE CONSÉCUTIVE. UNE COPIE IMPARFAITE, QUI AURA AU MOINS LE MÉRITE DE NE PAS BERCER LES TOULOUSAINS D’ILLUSIONS AVANT LE MATCH RETOUR…
Certes, on entend d’ici les supporters nous reprocher de ne pas voler béatement au secours de la victoire. Peut-être, en effet, que l’atmosphère lugubre de cette Ricoh Arena battue par un vent glacial a pu taper sur notre système… Mais quoi ! C’est la rançon du succès et, après tout, c’est bien le moins que l’on peut attendre d’un Stade toulousain digne de ce nom que de se montrer exigeant avec lui. Car là, pardon ! Si la gagne a bien été au rendez-vous, s’il convient de saluer avec le co-entraîneur Régis Sonnes « le caractère et de la solidarité » d’une équipe « qui a su répondre dans les moments importants », on ne peut que rétorquer que jamais, au grand jamais, le Stade toulousain n’aurait dû se faire autant de frayeurs dans le dernier quart d’heure. Parce que les Haut-Garonnais étaient trop supérieurs pour risquer quoi que ce soit face au jeu si lisible des Wasps, et qu’il n’y avait vraiment qu’un fait de jeu stupide pour les faire passer à côté d’une victoire tranquille…
DEUX LANCEMENTS, TROIS PASSES, DEUX ESSAIS
Le pire ? C’est que celui-ci n’a pas manqué d’arriver, sous la forme d’une ruade d’un Louis-Benoît Madaule bien naïf sur le coup… « Il faut que nos joueurs grandissent encore et apprennent à gérer leurs émotions, car cela aurait encore pu nous coûter plus cher, convenait Sonnes. On s’en sort vraiment pas mal. » D’autant mieux qu’au-delà de ce fait de jeu, l’entame de match toulousaine avait déjà été assez triste en soi, polluée par une multitude d’imprécisions techniques qui fit sortir du bois Ugo Mola à la pause, fustigeant les « erreurs de cadets » de son équipe. « Il y a eu beaucoup de scories, prolongeait Sonnes. Heureusement, la qualité de nos individualités a fait la différence. » Drôle d’euphémisme. Mal servi par une touche imprécise, le Stade n’a en tout et pour tout lancé le jeu qu’à deux reprises… pour deux essais ! L’un en une passe pour celui de Kolbe, deux pour celui de Guitoune. Plus froid, tu meurs… « Mais il ne faut pas que ce genre d’action devienne ordinaire, plaidait Yoann Huget. Il faut au contraire que ces individualités soient servies par le collectif, et n’aient pas à faire la différence toutes seules. »
LA DÉFENSE, CHANTIER DE SERVAT DEPUIS CASTRES
Voilà pour le rayon offensif, en tout cas. Parce qu’en matière de défense, pardon, mais les Toulousains ont gaillardement mis leur corps sur la ligne (128 plaquages au total), dans le sillage des Kaino, Tekori, Elstadt et consorts qui ont tout bonnement massacré les Wasps malgré 65 % de possession de balle pour les Anglais… Le socle de cette huitième victoire consécutive, qui n’est évidemment pas le fruit du hasard. En effet, depuis la défaite à domicile devant Castres, les rênes du secteur défensif ont été confiées à William Servat (lequel travaille avec l’ex-vidéaste Laurent Thuéry, devenu entraîneur des espoirs et désormais chargé de l’analyse des lancements adverses), qui s’est attelé à peaufiner leur organisation en fonction des qualités de ses joueurs, en ne laissant aucun ballon facile à l’adversaire (encore 8 ballons volés au sol samedi). Un changement de système qui se retrouve dans l’état d’esprit puisque, même « breakés », les Toulousains arrivent pratiquement toujours à se replier pour rattraper les coups. « En défense, ça ne s’est pas trop mal passé », euphémisait l’ex-talonneur international, croisé dans les coursives. On comprend ainsi mieux a posteriori certains choix qui paraissaient étonnants, comme celui de promouvoir en deuxième ligne Carl Axtens pour mieux libérer la « bête » Elstadt au poste de flanker (25 plaquages à lui seul…). Une assise suffisante pour voir venir, au moment de valider la qualification avec la réception de ces mêmes Wasps ? « On sait d’expérience que ces doubles confrontations sont très dures à gérer, se méfiait Yoann Huget. Surtout face aux Anglais, qui sont toujours très studieux dans l’analyse de l’adversaire. Alors, on ne doit surtout pas s’endormir maintenant. » Peu de risque, à vrai dire, tant la manière de cette poussive victoire a peu convaincu l’état-major toulousain…