Midi Olympique

UN SI LONG VOYAGE

DÉPASSÉS DANS TROP DE SECTEURS DE JEU, LES CASTRAIS N’ONT PAS EXISTÉ FACE À UN MUNSTER QUI N’A MÊME PAS FORCÉ SON TALENT. UN VOYAGE DUQUEL LES TARNAIS NE RAMÈNENT AUCUNE CERTITUDE.

- Par Simon VALZER, envoyé spécial simon.valzer@midi-olympique.fr

C’est ce que l’on appelle une promotion éclair. Avant ce match, Kevin Gimeno ne comptait que quatorze minutes de jeu avec le CO, son nouveau club après quatre années à Carcassonn­e. Un petit quart d’heure disputé face à la Section paloise lors de la neuvième journée de Top 14. Des débuts retardés à cause d’une blessure récalcitra­nte au mollet qui l’a tenu écarté des terrains pendant de longues semaines. Enfin entré en jeu face à Pau, Gimeno devait enchaîner. Mais un nouveau coup du sort est venu perturber son ascension avec le CO : « Il a attrapé une grave gastro-entérite qui lui fait perdre près de huit kilos, nous confiait son manager Christophe Urios à la veille de la rencontre. Il lui a fallu le temps de se guérir et de retrouver son poids de forme. » Initialeme­nt prévu remplaçant de Baptiste Delaporte face au Munster, un nouvel événement est venu bouleverse­r l’ordre des choses : « Baptiste s’est donné une petite entorse à la cheville jeudi, racontait Urios, Nous avons donc choisi de ne pas prendre de risque et de titularise­r Kevin à la place. » Et voilà comment l’on se retrouve titulaire face à Peter O’Mahony et ses frères, dans leur antre mythique de Thomond Park. La nouvelle a d’ailleurs coupé la chique au principal intéressé : « J’ai voulu le prévenir le plus tôt possible afin qu’il se prépare au mieux. Je l’ai donc appelé le vendredi matin, et quand je le lui ai annoncé, il y a eu un grand blanc. J’ai même cru que la communicat­ion avait été coupée ! » se marrait le boss du CO.

DOMINATION IRLANDAISE SANS PARTAGE

Sur le terrain, Gimeno a fait comme ses coéquipier­s. Il a beaucoup couru. Le problème, c’est que comme eux, il l’a fait essentiell­ement sans le ballon et dans son camp, comme l’indiquent les scores de 63 % et 67 % de possession et d’occupation du Munster sur cette rencontre. C’est un fait : les Castrais ont été trimballés de touches en touches, de mêlées en mêlées, de rucks en rucks. Autant de secteurs de jeu dans lesquels ils ont été dominés : « Nous n’avons eu aucune libération rapide en première mi-temps, et avons été pénalisés en mêlée fermée. Nous avons donc essayé de rectifier le tir en changeant la première ligne. Cela a amélioré la conquête, mais cela n’a pas changé grand-chose », déplorait l’entraîneur adjoint Joe El Abd. Les amateurs du « No scrum no win » pourront repasser… Le regain de forme du pack castrais n’aura rien changé au scénario du match. Selon une logique aussi effrayante qu’implacable, les Tarnais étaient systématiq­uement remis sous pression par le Munster, quoi qu’ils faisaient : « Il est vrai que nous n’avons pas suffisamme­nt mis de pression au point de chute, prolongeai­t El Abd. Mais quand nous décidions d’enchaîner des séquences à la main, nous perdions le ballon dans le ruck suivant… Vraiment, il n’y a pas grand-chose qui a fonctionné aujourd’hui. »

COMMENT REBONDIR ?

En quittant cette cathédrale du rugby mondial qu’est Thomond Park, les Castrais n’avaient donc pas plus de certitudes qu’au moment d’y pénétrer : « Il est difficile de dire ce que l’on va garder de ce match tant le Munster a dominé l’ensemble des secteurs de jeu », grimaçait El Abd qui refusait de jeter la pierre à ses hommes : « Les joueurs ont réagi par rapport à la défaite contre Agen. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient. Mais ils ont été sous pression toute la partie, et le Munster était meilleur. » Il n’en reste pas moins que l’urgence est là. Samedi, les Munstermen débarquero­nt dans le Tarn avec pour mission d’infliger au CO sa troisième défaite à domicile. Un scénario qui plongerait le groupe tarnais dans le doute avant de recevoir Bordeaux-Bègles. Alors, que faire ? D’abord, les Castrais devront régler leurs problèmes en conquête, qu’il s’agisse de la mêlée ou de la touche (quatre lancers perdus). Ensuite, ils devront retrouver de la vitesse pour imposer leur jeu : vitesse de déplacemen­t, de replacemen­t, mais aussi vitesse de libération­s de balle s’ils veulent contourner la muraille rouge. Et enfin, avec quels hommes ? À Thomond Park, aucun titulaire ne s’est illustré. Les supposés meilleurs joueurs n’ont pas évolué à leur niveau. Seuls les remplaçant­s Yannick Caballero et Martin Laveau ont eu un réel impact sur la partie. Le premier par son leadership qui a contribué à réveiller son équipe en fin de partie. Le second par son énergie, qui lui a permis de franchir et de marquer juste après son entrée en jeu. Mais il faudra beaucoup plus pour mater la bête de Limerick…

 ?? Photo Icon Sport ?? Benjamin Urdapillet­a et les Castrais n’ont rien pu faire face à CJ Stander et ses coéquipier­s. Tout simplement plus forts…
Photo Icon Sport Benjamin Urdapillet­a et les Castrais n’ont rien pu faire face à CJ Stander et ses coéquipier­s. Tout simplement plus forts…

Newspapers in French

Newspapers from France