LA DOUCHE ÉCOSSAISE
LE LOU S’EST LARGEMENT ET LOGIQUEMENT INCLINÉ À DOMICILE CONTRE GLASGOW. CELA LUI MONTRE SES LIMITES ACTUELLES ET LE CHEMIN À PARCOURIR POUR ÊTRE COMPÉTITIF SUR LE PLAN EUROPÉEN.
Caramba ! Encore raté ! Et cette fois, il n’y a pas de regrets à avoir. Contre Cardiff, Lyon avait mené au score, pouvait râler contre des faits de jeu et se sentir légitimement mal payés de ses efforts. Samedi après-midi, rien de tout cela, comme le résuma sans fard son manager, Pierre Mignoni : « Nous n’étions pas invités. » Avec une équipe recomposée, contrainte et forcée, par les blessures notamment aux postes de pilier, ou par choix raisonné et raisonnable, comme celui de se passer par exemple du Néo-Zélandais, Charlie Ngatai, très sollicité depuis le début de saison, le Lou espérait tout de même s’offrir son premier succès européen. Mais la lumière n’est jamais venue. Les Écossais sont allés trop vite et ont rapidement éteint les ambitions locales. Déjà, le bizut lyonnais a eu la drôle de sensation de revivre le même match que contre Cardiff à domicile, avec dans le rôle du dynamiteur, le demi de mêlée adverse, dans le premier acte. Après le neuf gallois, Tomos Williams qui avait offert un essai à son flanker, avant de marquer lui-même, les deux fois sur du jeu désordonné, ce fut cette fois George Horne qui fit marquer son flanker, Adam Ashe, avant de pointer lui-même le deuxième essai. À chaque fois, il s’échappa près d’un regroupement. Comme contre Cardiff, le Lou paya également cher des moments d’égarements, encaissant deux essais en quelques minutes - 29e et 32e contre les Gallois, 59e et 61e, samedi -. « Dès que tu te relâches une seconde, même quand le ballon est arrêté, tu le paies », rappelait Pierre Mignoni.
DÉPASSÉS PAR LA VITESSE ÉCOSSAISE
Mais le Lou n’a pas encore cette maturité, cette expérience des plus grands. Et il n’a pas non plus peut-être les reins assez solides, comme d’autres de représentants du rugby français. « Plus vite, plus vite et plus vite », telle semble être la devise de ses Écossais qui ont fini par étourdir des Lyonnais volontaires, mais dépassés par le jeu adverse proposé. L’une des meilleures défenses du Top 14, n’en finit pas d’encaisser des points et des essais (respectivement 72 et 9, en deux matchs à domicile). « Je l’ai dit aux joueurs : cela montre la différence réelle qui existe entre le Top 14 et ce niveau-là, explique Pierre Mignoni. Aujourd’hui, nous ne sommes pas invités dans notre championnat pour rivaliser avec ces équipes-là, ou pas assez. Nous avons fait un bon match de rugby. Les joueurs se sont donnés. Nous avons produit des choses intéressantes en attaque. Il y avait des choses vraiment bien. Mais il y a des détails qui font que le haut niveau ne pardonne pas. Nous encaissons des essais beaucoup trop facilement. »
Et cette impression d’apparente proximité, par séquences, avec ses adversaires, est vite réduite à néant. Outre la question du Top 14 - vaste question, qui mérite d’être débattue - le Lou entend tout de même contrôler ce qu’il peut. Si son destin européen est compromis à court terme, il n’en fait pas une fatalité. Au contraire, il s’agit d’en tirer les leçons. « Cela montre à certains joueurs, à nos bons jeunes, le chemin à parcourir, positive Pierre Mignoni. Il faut avoir cette exigence de montrer le niveau à chaque entraînement, il faut savoir pourquoi tu es là. Tout ce que les Écossais font, ils le font bien, à haute intensité, avec de la vitesse. Et ils arrivent à répéter les choses. C’est la différence avec nous. Nous sommes capables de faire des choses super. Je nous ai trouvés mieux qu’eux offensivement sur certains points. Mais d’un coup, plus rien ! On peut passer de trucs super bien, à des trucs médiocres… Et cela, ce n’est pas possible. »
C’est juste français…