TAILLÉ POUR L’EUROPE
BAPTISTE CHOUZENOUX - TROISIÈME LIGNE DU RACING NOMMÉ HOMME DU MATCH, DECISIF SUR DE MULTIPLES INTERVENTIONS, ET CAPITAINE DE TOUCHE INSPIRE, IL A CONFIRME SA MONTEE EN PUISSANCE.
Les qualités multiformes du Bayonnais du Racing 92 Baptiste Chouzenoux, qui lui ont valu la reconsidération de ses dirigeants franciliens - contrat prolongé de deux années supplémentaires jusqu’en 2022 il y a quinze jours - viennent d’exploser sur la scène européenne dans ce choc ultra rythmé. Il en est ressorti élu homme du match. Son entraîneur, Laurent Travers, qui dit de lui quand il commente son abattage et son style, « qu’il est mieux taillé pour l’Europe que pour ferrailler dans les rucks du top 14 », ce qui ne l’empêche pas d’en avoir fait l’un des joueurs les plus utilisés en championnat - huit titularisations en onze rencontres - lui avait donné contre Leicester son deuxième « quatre-vingt minutes » après celui qu’il avait livré au Scarlets au mois d’octobre. C’est déjà deux fois plus de titularisations dans la compétition que la saison dernière. Il a fait des quarante premières minutes de cette deuxième sortie une sorte de compilation de tout ce dont il est capable.
UNE PLAQUE TOURNANTE
Sur le premier essai des Franciliens, la propreté de sa prise de balle en touche et de sa remise ont ouvert la brèche à Eddy Ben Arous qui a ouvert sa brèche à Virimi Vakatawa (7e). Sur le renvoi au centre qui a suivi, cible du jeu au pied de George Ford reculé dans son coin à gauche dans ses vingt-deux mètres, son décalage subtil créé pour Leone Nakarawa a provoqué un déboulé de Juan Himoff achevé quatre-vingts mètres plus loin à cinq mètres de la ligne d’en-but anglaise. L’Arena s’est mise à chauffer. Quand le score a pris ses proportions à 19 à 7 pour son équipe, ses deux contre en touche sur des ballons chauds, le premier à cinq mètres de sa ligne (28e), et le deuxième deux minutes plus tard sur sa ligne des vingt-deux mètres (30e), ont réduit à néant les tentatives anglaises de revenir dans la partie. Le quatrième essai du bonus, c’est lui qui l’a inscrit, quand il est venu peser sur la ligne entre deux défenseurs pour appeler une passe au cordeau à Teddy Iribaren. What else ?
Deux ou trois broutilles parsemées ici ou là dans une deuxième mitemps un peu tombée en rythme, où depuis son positionnement à l’extrémité de la ligne dans le grand champ, il n’a pas trop vu le jeu aller à lui, et l’ont un peu isolé dans son rôle de premier soutien à ses ailiers. Dans leur système de jeu, Laurent Travers et Laurent Labit lui ont confié la gestion de tout ce qui se déroule sur les bords de touche. Ses grandes extrémités ont dragué les lignes dans l’attente des fulgurances des impacts players habituels que le Racing 92 comptent dans ses lignes, tenant son rôle de plaque tournante « en s’ennuyant un peu, a-t-il concédé. C’est vrai que le jeu m’a un peu fui lors des quarante dernières minutes. Mais bon, c’était très rythmé, et dans l’ensemble, on a pris beaucoup de plaisir. Cette Coupe d’Europe nous propose des rencontres vraiment intéressantes, et qui me conviennent bien ». Côté face, il a commis sa seule bévue sur un placage manqué sur Guy Thompson. On résume : une présence en touche décisive, une intervention dans le jeu courant qui a fait mouche et des soutiens aux porteurs toujours justes, toujours très au service des autres, et toujours pour faire rebondir le jeu. À 25 ans, le Bayonnais monté l’an dernier depuis le Pays basque seul avec son sac « pour tenter de faire ma place dans un grand club », y a fait son trou. Ce match contre Leicester a confirmé qu’il avait pris une nouvelle dimension dans cette équipe.