Midi Olympique

« Avoir une bonne stratégie collective »

- Propos recueillis par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Les demis de mêlée ont en ce moment tendance à être contrés sur leurs coups de pied de dégagement. Comment l’expliquez-vous ?

Les nouvelles règles imposent aux joueurs de protéger le demi de mêlée en se disposant en « train », attachés les uns aux autres par les épaules derrière un joueur qui fait partie du ruck. Du coup, les équipes s’adaptent, et cherchent quand même à mettre la pression sur le demi de mêlée. Ce dernier est fautif aussi, car comme il se sent protégé par ses coéquipier­s il est moins attentif aux adversaire­s. Mais en réalité, il n’est qu’à deux mètres des adversaire­s. Et comme il doit trouver de la longueur, il doit donner au ballon une trajectoir­e tendue, et donc plus basse qui sera plus facile à contrer qu’une chandelle. C’est pour toutes ces raisons que l’on voit des demis de mêlée contrés ces dernières semaines. En plus la mode actuelle demande au demi de mêlée de prendre le jeu au pied de dégagement à son compte pour éviter de mettre le dix sous pression…

Pourquoi cette tendance ? L’ouvreur ne serait-il justement pas mieux placé dans l’axe et loin de l’adversaire pour taper ?

C’est mathématiq­ue. On ne souhaite plus perdre dix ou douze mètres par la passe, car il faudra regagner cette distance par le jeu au pied du dix. Et cela va dans l’ordre des choses, puisque la grande majorité des neuf sont aujourd’hui buteurs, ou du moins travaillen­t autant leur jeu au pied que les ouvreurs.

Quels sont les inconvénie­nts à constituer cette « chenille » ?

Déjà, cela nuit au rythme du match. C’est un peu long… et comme les règles imposent d’être liés par les épaules, on voit les joueurs s’allonger au maximum pour gagner de la distance. Mais ces joueurs doivent rester vigilants : à trop penser à protéger leur neuf, ils en oublient que les adversaire­s en face peuvent contre-rucker. C’est pourquoi nous avons travaillé cette phase dès la reprise. Les sorties de camps sont très importante­s, et il faut avoir une bonne stratégie collective pour le faire.

Comment le travailler à l’entraîneme­nt ?

Il faut répéter un scénario, pour que les choses deviennent automatiqu­es. Après l’annonce faite par le neuf, les joueurs s’organisent et suivent le schéma défini.

Comment choisir de mettre deux, trois ou quatre joueurs dans le « train » ?

C’est à la demande du demi de mêlée, qui doit analyser la situation. Si quatre joueurs sont déjà au sol, il est délicat d’en ajouter encore trois derrière le ruck car cela mobilise sept joueurs. Il doit aussi repérer les profils des joueurs au sol : s’ils sont avants ou trois-quarts. Si des joueurs rapides sont au sol, on va préférer refaire un temps de jeu au près avec des avants pour libérer ces joueurs rapides. Ces derniers devront ensuite sprinter jusqu’au point de chute du ballon au cas où celui-ci ne sorte pas en touche. Si l’on ne soigne pas la montée qui suit le coup de pied, on s’expose à des relances et on risque de se remettre sous pression. Les joueurs doivent donc se poser ces trois questions : avec qui, comment, et pourquoi ? Et agir en fonction.

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