ITINÉRAIRE D’UN NOUVEAU FRANÇAIS
PHÉNOMÈNE DU TOP 14, LE FIDJIEN A OBTENU, SAMEDI, SON PASSEPORT FRANÇAIS. CE QUI LE REND SÉLECTIONNABLE.
On nous avait largement prévenus. « Vous allez interviewer Alivereti ? Sérieusement ? Il est adorable mais j’espère que vous avez prévenu beaucoup de questions. Ce n’est pas un grand bavard ! » se marrait Camille Lopez. C’était le 16 octobre dernier, au soir de l’oscar Midi Olympique remis alors à Wesley Fofana, dans les salons du Parc des sports Marcel Michelin. Le lendemain matin, effectivement, rendez-vous était pris avec Alivereti Raka. Il nous attendait, flanqué de son entraîneur, Franck Azéma, dans les couloirs du centre d’entraînement de l’ASMCA. Le technicien a fait les présentations, dans un sourire. « Voici le phénomène, je le laisse entre vos mains. Vous allez voir, il est plus bavard que ce que veulent bien dire ses coéquipiers.» Loquace ? Nous n’irons pas jusque-là. Mais Raka n’est pas aussi renfrogné que ce que « vend » le qu’en-dira-t-on.
D’abord, il s’est prêté avec enthousiasme au jeu des photos et des fumigènes, qui allaient avec. Ensuite, il a insisté pour répondre à l’intégralité de l’entretien en français. D’une voix douce, il s’est raconté : de son enfance à la ferme, à cultiver les racines de kava, jusqu’à Clermont où son destin rugbystique a surpassé son premier rêve de « devenir mécanicien ». Avec l’équipe de France en toile de fond.
FRANÇAIS DEPUIS SAMEDI
L’après-midi de l’interview, Raka devait figurer sur la liste de Jacques Brunel pour les testmatchs d’automne. C’était annoncé dans la presse, à raison : le choix était acté du côté de l’encadrement du XV de France. Jusqu’à ce que Bernard Laporte, qui avait réclamé en début de mandat présidentiel la détention d’un passeport français pour postuler au maillot bleu, appose un véto de dernière minute. Raka avait donc dû attendre.
Ce passeport, Alivereti Raka l’a officiellement à disposition depuis samedi, jour où il terminait homme du match en Roumanie, fort d’un doublé lors de la victoire de Clermont (47-14) sur la pelouse de Timisoara. Il pourra le retirer officiellement, en ce début de semaine, en préfecture de Clermont-Ferrand.
Raka, alors, sera officiellement sélectionnable. Faut-il franchir le pas ? Son cas génère un débat de fond, sur l’ouverture de la sélection aux joueurs d’origine étrangère. Le joueur, lui, clame son envie d’en être. Au regard de ses performances, qui en font assez nettement le meilleur ailier du Top 14, difficile d’imaginer que Jacques Brunel se passera de ses services, en février prochain. Reste le choix politique...