COMMENT S’ORGANISER DANS L’URGENCE ?
VOUS L’AUREZ PROBABLEMENT CONSTATÉ DE VOUS-MÊMES, DE PLUS EN PLUS DE DEMIS DE MÊLÉE SE SONT FAIT CONTRER CES DERNIERS TEMPS AU MOMENT DE DÉGAGER LEUR CAMP. D’OÙ NOTRE INTERROGATION : COMMENT MIEUX S’ORGANISER DANS L’URGENCE POUR SORTIR EFFICACEMENT SE SON CAMP SOUS LA PRESSION ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE…
L’automne touche à sa fin, l’hiver pointe le bout de son nez. Et comme tous les clubs du monde ne se sont pas équipés d’Arena couvertes ni de pelouses synthétiques, surviennent avec la mauvaise saison les conditions de jeu difficiles et les terrains boueux… Un contexte dans lequel les données stratégiques des rencontres ne sont évidemment pas les mêmes qu’en début ou en fin de saison, et font plus que jamais la part belle à l’occupation et à la mise sous pression de l’adversaire. L’objectif consistant, en clair, à retrancher l’adversaire dans son camp et le pousser à la faute… Partant de ce constat ? Une des clés du succès en hiver consiste, plus que jamais, à savoir se dégager lorsque son équipe se retrouve sous pression. Et donc de maîtriser ces fameuses « sorties de camp » dont on vous rebat les oreilles toute la saison avec insistance. Lesquelles sont aujourd’hui tellement prévues, étudiées et systématisées qu’elles en sont parfois réalisées en dépit du bon sens, ainsi qu’on le verra ci-dessous…
En effet, depuis quelques saisons, les demis de mêlée ont pris une part prépondérante au sujet de ces sorties de camp sous pression. Pourquoi ? Parce que, fort logiquement, les entraîneurs sont partis du constat qu’effectuer une grande passe en profondeur pour un botteur placé dans l’axe du ruck revenait à perdre au bas mot une dizaine de mètres avant le dégagement et qu’à ce titre, il était plus avantageux de « protéger » le demi de mêlée pour lui permettre de dégager dans de bonnes conditions. Un constat amplifié, à la marge, par des « nouvelles » enceintes de jeu aux en-buts toujours plus petits. Mais ceci est un autre débat…
UNE « CHENILLE » DE PROTECTION POUR LE DEMI DE MÊLÉE
Le hic, c’est que si ces « protections » étaient tolérées ces dernières saisons, ce n’est plus le cas depuis le début de la saison, où les joueurs positionnés sur les bordures du ruck devant le demi de mêlée sont considérés (logiquement) en position de hors-jeu passif, et sanctionnés s’ils empêchent les défenseurs de monter. « Du coup, on demande aux joueurs de venir se lier les uns derrière les autres, pour allonger le plus possible le ruck et offrir au demi de mêlée l’espace-temps pour réaliser confortablement son coup de pied sans risque d’être contré, nous expliquait en début de saison
Pierre Mignoni. Le plus difficile pour les joueurs dans le ruck étant de se lier tout en demeurant assez dynamique pour « exploser » au moment de la frappe et constituer rapidement un premier rideau efficace. » D’où ces formations en « chenille » si longues à se former et exaspérantes pour les spectateurs, derrière lesquelles les demis de mêlée peuvent agir à leur guise.
Et pourtant, ainsi que vous l’aurez probablement noté vous-mêmes, mais les demis de mêlée se font de plus en plus régulièrement contrer sur leurs dégagements (voir ci-dessus). Pourquoi ? D’abord parce que, dans l’urgence, il n’est pas si aisé que ça de conserver son sang-froid et de prendre le temps de constituer la petite « chenille », surtout lorsque l’arbitre incite (ainsi que le règlement l’y autorise) à utiliser le ballon sous cinq secondes.
POURQUOI NE PAS REPASSER PAR UN BOTTEUR DANS L’AXE ?
En outre ? À force d’avoir systématisé les dégagements du demi de mêlée, on en arrive parfois à des aberrations. À savoir l’utilisation d’un droitier pour trouver une touche sur sa gauche, ou inversement. En effet, dans ce cas de figure, la forme du coup de pied et la trajectoire du ballon oblige la frappe à passer au-dessus du ruck, ce qui multiplie naturellement les risques de se faire
contrer. « On aime beaucoup compliquer le rugby depuis quelque temps, et je n’y suis pas franchement favorable, nous confiait ces
derniers temps un entraîneur du Top 14. Quand je vois des demis de mêlée se contorsionner et effectuer pratiquement un coup de pied retourné pour trouver une petite touche, je me dis qu’il y a beaucoup plus simple à faire, comme passer « à l’ancienne » par un botteur dans l’axe. On perd peut-être quelques mètres sur la passe, mais si cela permet d’assurer une touche sans risque d’être contré, ça me va bien… En fait, pour les sorties de camp comme pour tout, l’idée est la même : il faut juste savoir alterner assez souvent pour ne pas être trop facilement lisible par l’adversaire. » Ce que certaines équipes, ou certains joueurs, ont parfois tendance à oublier…