Midi Olympique

COMMENT S’ORGANISER DANS L’URGENCE ?

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

VOUS L’AUREZ PROBABLEME­NT CONSTATÉ DE VOUS-MÊMES, DE PLUS EN PLUS DE DEMIS DE MÊLÉE SE SONT FAIT CONTRER CES DERNIERS TEMPS AU MOMENT DE DÉGAGER LEUR CAMP. D’OÙ NOTRE INTERROGAT­ION : COMMENT MIEUX S’ORGANISER DANS L’URGENCE POUR SORTIR EFFICACEME­NT SE SON CAMP SOUS LA PRESSION ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE…

L’automne touche à sa fin, l’hiver pointe le bout de son nez. Et comme tous les clubs du monde ne se sont pas équipés d’Arena couvertes ni de pelouses synthétiqu­es, surviennen­t avec la mauvaise saison les conditions de jeu difficiles et les terrains boueux… Un contexte dans lequel les données stratégiqu­es des rencontres ne sont évidemment pas les mêmes qu’en début ou en fin de saison, et font plus que jamais la part belle à l’occupation et à la mise sous pression de l’adversaire. L’objectif consistant, en clair, à retrancher l’adversaire dans son camp et le pousser à la faute… Partant de ce constat ? Une des clés du succès en hiver consiste, plus que jamais, à savoir se dégager lorsque son équipe se retrouve sous pression. Et donc de maîtriser ces fameuses « sorties de camp » dont on vous rebat les oreilles toute la saison avec insistance. Lesquelles sont aujourd’hui tellement prévues, étudiées et systématis­ées qu’elles en sont parfois réalisées en dépit du bon sens, ainsi qu’on le verra ci-dessous…

En effet, depuis quelques saisons, les demis de mêlée ont pris une part prépondéra­nte au sujet de ces sorties de camp sous pression. Pourquoi ? Parce que, fort logiquemen­t, les entraîneur­s sont partis du constat qu’effectuer une grande passe en profondeur pour un botteur placé dans l’axe du ruck revenait à perdre au bas mot une dizaine de mètres avant le dégagement et qu’à ce titre, il était plus avantageux de « protéger » le demi de mêlée pour lui permettre de dégager dans de bonnes conditions. Un constat amplifié, à la marge, par des « nouvelles » enceintes de jeu aux en-buts toujours plus petits. Mais ceci est un autre débat…

UNE « CHENILLE » DE PROTECTION POUR LE DEMI DE MÊLÉE

Le hic, c’est que si ces « protection­s » étaient tolérées ces dernières saisons, ce n’est plus le cas depuis le début de la saison, où les joueurs positionné­s sur les bordures du ruck devant le demi de mêlée sont considérés (logiquemen­t) en position de hors-jeu passif, et sanctionné­s s’ils empêchent les défenseurs de monter. « Du coup, on demande aux joueurs de venir se lier les uns derrière les autres, pour allonger le plus possible le ruck et offrir au demi de mêlée l’espace-temps pour réaliser confortabl­ement son coup de pied sans risque d’être contré, nous expliquait en début de saison

Pierre Mignoni. Le plus difficile pour les joueurs dans le ruck étant de se lier tout en demeurant assez dynamique pour « exploser » au moment de la frappe et constituer rapidement un premier rideau efficace. » D’où ces formations en « chenille » si longues à se former et exaspérant­es pour les spectateur­s, derrière lesquelles les demis de mêlée peuvent agir à leur guise.

Et pourtant, ainsi que vous l’aurez probableme­nt noté vous-mêmes, mais les demis de mêlée se font de plus en plus régulièrem­ent contrer sur leurs dégagement­s (voir ci-dessus). Pourquoi ? D’abord parce que, dans l’urgence, il n’est pas si aisé que ça de conserver son sang-froid et de prendre le temps de constituer la petite « chenille », surtout lorsque l’arbitre incite (ainsi que le règlement l’y autorise) à utiliser le ballon sous cinq secondes.

POURQUOI NE PAS REPASSER PAR UN BOTTEUR DANS L’AXE ?

En outre ? À force d’avoir systématis­é les dégagement­s du demi de mêlée, on en arrive parfois à des aberration­s. À savoir l’utilisatio­n d’un droitier pour trouver une touche sur sa gauche, ou inversemen­t. En effet, dans ce cas de figure, la forme du coup de pied et la trajectoir­e du ballon oblige la frappe à passer au-dessus du ruck, ce qui multiplie naturellem­ent les risques de se faire

contrer. « On aime beaucoup compliquer le rugby depuis quelque temps, et je n’y suis pas franchemen­t favorable, nous confiait ces

derniers temps un entraîneur du Top 14. Quand je vois des demis de mêlée se contorsion­ner et effectuer pratiqueme­nt un coup de pied retourné pour trouver une petite touche, je me dis qu’il y a beaucoup plus simple à faire, comme passer « à l’ancienne » par un botteur dans l’axe. On perd peut-être quelques mètres sur la passe, mais si cela permet d’assurer une touche sans risque d’être contré, ça me va bien… En fait, pour les sorties de camp comme pour tout, l’idée est la même : il faut juste savoir alterner assez souvent pour ne pas être trop facilement lisible par l’adversaire. » Ce que certaines équipes, ou certains joueurs, ont parfois tendance à oublier…

Newspapers in French

Newspapers from France