Midi Olympique

UNE VICTOIRE EN HOMMAGE !

DANS UN CONTEXTE ÉMINEMMENT LOURD APRÈS LE DÉCÈS TRAGIQUE DE NICOLAS CHAUVIN, VICTIME D’UN TRAUMATISM­E CERVICAL AYANT OCCASIONNÉ UN ARRÊT CARDIAQUE ET UNE ANOXIE CÉRÉBRALE, LE CLUB DE LA CAPITALE A OFFERT UN DERNIER HOMMAGE À SON JEUNE JOUEUR PAR UNE VICT

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Et soudain, le silence s’est fait. Lourd et pesant. Le papa de Nicolas Chauvin, ce jeune espoir du club décédé mercredi des suites d’un traumatism­e cervical, contracté sur un plaquage lors d’une rencontre à Bordeaux trois jours plus tôt et ayant occasionné un arrêt cardiaque et une anoxie cérébrale, s’est avancé dans le vestiaire des joueurs du Stade français. Avec lui, pour le soutenir, tous les joueurs et dirigeants du groupe espoir. Il était un peu plus de 23 heures. « Il a été fort comme un roc », témoigne Pieter De Villiers, l’entraîneur adjoint du club de la capitale. « C’est une leçon de vie comme jamais je n’en avais vécue », raconte un autre témoin. En creux, il s’est adressé à Sergio Parisse et ses partenaire­s avec ces mots : « Un grand merci à tous. Le rugby est un sport magnifique. Mon fils aimait ce sport. Avec vous, il a peut-être passé les six mois les plus beaux de sa vie. Alors continuez de jouer, comme vous le faites. Continuez de gagner comme ce soir. Et les victoires, ça se fête. Je ne veux donc pas vous voir triste. » Les yeux humides pour certains, les joues inondées de larmes pour d’autres, l’instant a marqué les Stadistes.

BRISER LA SPIRALE NÉGATIVE

Plus tôt dans la soirée, la photo de Nicolas Chauvin, tunique rose sur les épaules, sourire aux lèvres, était sur toutes les poitrines, son image dans tous les esprits. Dans les tribunes, ses parents et ses deux frères avaient pris place pour voir les deux équipes entrer sur la pelouse au milieu d’une haie d’honneur formée par les espoirs du Stade français et ses anciens coéquipier­s de l’Union des Bords de Marne, son club formateur. Dans ce contexte, la rencontre face aux Ospreys, avec un seul point au compteur après déjà trois journées de compétitio­n, est apparue anecdotiqu­e, presque totalement vide de sens. « On se devait de gagner pour pas mal de choses, a expliqué le troisième ligne Sylvain Nicolas. Ce ne fut pas très joli, mais il y avait l’envie et c’est le plus important. On s’était dit qu’on devait s’éclater, prendre du plaisir et kiffer. C’était le mot d’ordre. Ça nous a fait du bien. Nous avons fait ce que nous avons pu pour apporter notre soutien ». Après quatre défaites consécutiv­es, les Parisiens auront au moins eu le mérite de stopper une spirale très négative. Et d’apporter un peu de réconfort à un club et une famille en souffrance. « Je suis très fier de mes joueurs, a déclaré le manager Heyneke Meyer. Ils ont montré beaucoup de caractère. »

Malgré le froid polaire et un enjeu sportif quasinul, plus de 6 000 personnes avaient tout de même fait le déplacemen­t, certains uniquement pour rendre un dernier hommage à Nicolas. Pour cela, le club avait installé deux livres d’or qui seront remis à sa famille. Les associatio­ns de supporters avaient également accroché quelques fleurs derrière les en-buts. Des gestes simples pour un instant de communion très sobre. À l’issue de la rencontre, les deux équipes, mais aussi les espoirs du club et le président Hubert Patricot ont enveloppé les parents de Nicolas et ses deux frères pour un tour d’honneur d’une infinie tristesse. Dans les airs résonnaien­t quelques notes sifflotées, une voix haut perchée et un solo de guitare poignant. C’était « Wind of change »*…

* L’air du changement

Newspapers in French

Newspapers from France