Midi Olympique

Paul Willemse pour l’exemple

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

L’évidence nous pendait au nez depuis un moment déjà, promesse accrochée à la seule délivrance d’un passeport tricolore : Paul Willemse a été convoqué par Jacques Brunel dans le groupe France appelé à préparer le Tournoi des 6 Nations. Le rendez-vous manqué de novembre ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir pour le deuxième ligne sud-africain du MHR, désormais attendu comme le bibendum providenti­el qui va transforme­r le XV de France d’ici au Mondial. Vous y croyez ? Nous, pas totalement même si les Bleus ont bien besoin d’une telle puissance pour dominer au niveau des avants.

Pour être franc, nous aurions aimé que le sélectionn­eur fasse jaillir un autre nom de son chapeau, mercredi, en conférence de presse. Que ceux qui verront dans cette affirmatio­n le sombre relent nauséabond et identitair­e pour qui prônerait l’exclusion, ouvrent les yeux. Les qualités sportives de l’ami « Paulo » ne souffrent d’aucune contestati­on possible et on imagine le drôle d’attelage qu’il formerait avec Eben Etzebeth sous le maillot springbok. On se dit qu’il fera du bien aux avants tricolores, qui peinent tellement à rivaliser. Et du mal à nos adversaire­s, quand il portera le ballon sur le front de la ligne d’avantage, prêt à briser tous les plaquages…

Quand même, sa présélecti­on nous apparaît être un bras d’honneur magistral à tous les Jiff. C’est un message de défiance posté à l’adresse de la formation française tout entière, pour qui l’horizon est encore bouché et des clubs qui sont obligés de recruter local. Comprenne qui pourra ce cap tel qu’il est fixé, avec des règles du jeu et des principes « philosophi­ques » à géométrie variable. Pour notre part, la chose est d’une évidente limpidité : malgré lui, Paul Willemse a valeur d’exemple. Et à plus d’un titre, d’ailleurs. Parce que sa sélection en dit long sur le dessein sportif du XV de France qui cherche à se couvrir de puissance pour mieux oublier sa déshérence et sauver ce qui peut l’être d’ici au Mondial, quitte à se faire encore doubler par le jeu de vitesse que les autres nations ont toutes adopté… Enfin, parce qu’à son poste, nombre d’espoirs tricolores pouvaient prétendre à grandir si on leur avait donné de la confiance et le temps d’apprendre.

Mais le temps est une logique qui, de manière générale, échappe au rugby français incapable de tenir l’ordre de ses priorités. Ainsi, au lieu de s’engager sur la durée dans le défi de la formation, on retrouve régulièrem­ent bon nombre de dirigeants dans les habits de jongleurs courttermi­stes, prêts à dégainer leur chéquier pour recruter tout ce qu’il leur manque à l’étranger.

Ce week-end, après une énième défaite de son RCT, Mourad Boudjellal s’est fendu d’un message sibyllin sur les réseaux sociaux, laissant planer l’ombre d’une nouvelle vague de recrutemen­t. Il nous semble pourtant que Toulon, déjà éliminé de la Coupe d’Europe, n’a pas tout perdu face à Edimbourg. En faisant jouer ses jeunes (Smaili, Carbonel, Cottin, Setiano, Gros…), Patrice Collazo prépare l’avenir. Il a raison pour Toulon mais également pour le rugby français. À ce rythme et si on lui en laisse le temps, nous sommes prêts à parier qu’il jouera gagnant dans quelques années ; surtout si son président décide de former son futur Flash (Gordon) au lieu de céder à la tentation d’aller le recruter au bout du monde. De Toulon au XV de France, de Willemse à Hulk, certaines habitudes ont la peau dure…

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