Midi Olympique

« Une question de santé et d’éthique »

IL EXPLIQUE LA DÉCISION DE DÉCLARER UN FORFAIT À STRASBOURG LORS DU MATCH REPORTÉ IL Y A HUIT JOURS.

- Propos recueillis par Guillaume CYPRIEN

Votre équipe n’a pas effectué son déplacemen­t la semaine dernière à Strasbourg alors qu’elle devait y disputer un match reporté. Un forfait en Fédérale 2, la chose s’est déjà produite dans certaines circonstan­ces, mais elle est rare. Pourquoi n’y êtes-vous pas allés ?

Pour plusieurs raisons, et la première tient à la date d’organisati­on de cette rencontre. Nous avions demandé à la Fédération, avec l’accord de Strasbourg, de pouvoir la disputer au mois de février, mais la Fédération n’a pas accédé à cette demande. Elle nous a imposé la date du 6 janvier selon son règlement qui prévoit d’exploiter la première date de libre. De façon collégiale, avec les entraîneur­s et les joueurs, nous avons décidé de ne pas y aller. Il nous manquait trop de monde. Nous étions en plein retour de congés. Nous pouvions à peine rassembler vingt-six ou vingt-sept joueurs.

Ce qui vous aurait permis de jouer au moins avec l’équipe première…

Nous y avons réfléchi, mais ce n’était pas sérieux. Sur la trentaine des joueurs présents, il y avait pas mal de joueurs de la réserve. Tout le monde manquait d’entraîneme­nt, et par rapport à la situation du club de Strasbourg, cela ne nous semblait pas opportun d’envoyer les gars au casse-pipe. Avec quelle équipe les Strasbourg­eois nous auraient-ils reçus ? Avec ou sans les joueurs profession­nels ? Nous n’allions pas envoyer nos joueurs à l’abattoir. Du point de vue de la santé, et tout le monde sait aujourd’hui que cette problémati­que est devenue centrale dans notre sport, ce n’était pas très sérieux. Et du point de vue éthique, nous ne nous sentions pas obligés de nous déplacer en Alsace.

Pourquoi ?

Les Strasbourg­eois jouent avec les règlements depuis le début de saison. Un coup, ils pensent que leur club sera mis en liquidatio­n judiciaire, et ils font jouer huit étrangers contre le Creusot pour leur symbolique collective, ce qui a donné automatiqu­ement cinq points au Creusot. Une autre fois, ils ne se déplacent pas à Épernay. Et ensuite, ils vont jouer à Meyzieux en effectif incomplet en réserve, avec des joueurs qui doublent en première, ce qui a déclenché une réclamatio­n de la part de leurs adversaire­s qui pourrait aboutir à leurs succès. Comprenez bien ici que je n’incrimine pas nos concurrent­s de la poule. Mais il y a un comporteme­nt qui fausse le championna­t, qui se rajoute à la problémati­que initiale strasbourg­eoise.

Laquelle visez-vous ?

Le club de Strasbourg fait partie de ceux qui vivent au-dessus de leurs moyens. Il a construit un effectif hors norme pour la division, sans qu’il puisse l’assumer. Pour nous qui sommes promus et vivons avec un budget de deux cent cinquante mille euros, la pilule a du mal à passer.

À leur décharge, ils avaient construit cet effectif en pensant pouvoir rejouer en Fédérale 1…

À l’échelon duquel ils avaient déjà été sanctionné­s, et ce pourquoi ils encourent en ce moment le risque d’une liquidatio­n judiciaire. Ce qui renvoie aussi un peu la Fédération à ses responsabi­lités. Il n’est pas normal à mon sens que l’on puisse accepter une telle situation. Faire jouer des joueurs sous contrats profession­nels dans notre division, quel sens cela peut-il avoir ? Peut-on accepter des contrats en Fédérale 2, alors que des clubs comme le nôtre y figurent également ? Dans le contexte actuel du rugby français, ce n’est pas opportun.

Compte tenu des sanctions de relégation­s émises par la DNACG à l’encontre de Strasbourg et d’Épernay, sous réserve naturellem­ent du résultat de leurs appels, votre club, qui est avant dernier au classement, se trouve en situation de maintien. Que ferez-vous la saison prochaine, compte tenu de l’expérience difficile que vous vivez ?

Nous y réfléchiro­ns le moment venu. Nous sommes montés à la surprise générale, sur le tard, sans moyen d’anticiper notre promotion. Cette année, nous finirons notre saison très tôt. Nous aurons les moyens de mieux nous préparer, et in fine, de mieux évaluer nos moyens d’action, pour savoir s’il sera opportun de poursuivre notre expérience dans la division.

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