AUX TROIS-QUARTS DÉCIMÉS
AMPUTÉE DE CINQ DE SES HABITUELS TAULIERS, RETENUS À MARCOUSSIS AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE, LA LIGNE D’ARRIÈRES STADISTE PRÉSENTERA UN VISAGE INÉDIT DIMANCHE. AVEC LES RISQUES QUE CELA COMPORTE…
Si Bezy, appelé en novembre, et Guitoune, un temps pressenti, avaient été retenus avec les Bleus, une ligne de trois-quarts entière aurait disparu à Toulouse. Voilà, par l’absurde, l’illustration des tracas pour les semaines à venir. Car, s’il n’y a aucune assurance quant à leur utilisation durant le Tournoi, cinq de ses sept titulaires des matchs contre Toulon et au Leinster se trouvent à Marcoussis (Dupont, Ntamack, Médard, Huget et Ramos) en plus de Marchand et Aldegheri. Donc absents face à Grenoble. « Presque 80 % de la ligne s’en va, c’est difficile à gérer », avoue Guitoune. Premier effet ? La minceur des possibilités, quand Mermoz, Belan et Tauzin devraient être forfaits dimanche. Le club n’a pas misé sur un effectif pléthorique mais qualitatif, s’appuyant sur la polyvalence de ses pensionnaires. Choix qui porte ses fruits mais (re)devenir si vite l’équipe la plus représentée en équipe de France en est le revers. « On dit que les troisquarts sont forts ici, note Zack Holmes. Sans les internationaux, on manquera de profondeur mais il reste de la qualité. À nous de le prouver. » L’Australien aura un rôle prépondérant en cette période. Une des raisons pour lesquelles il a été économisé récemment. « J’étais un peu blessé à la cuisse et au pied, reprendil. Rien de grave mais ça traînait et impactait mes performances. Le staff a préféré que je me soigne pour être à 100 %. J’espère que c’est derrière moi, que je serai désormais uniquement concentré sur le jeu. » Et le leadership qu’il va, de fait, endosser. « Cela me donne plus de responsabilités. Comme Seb (Bezy, N.D.L.R.), Max (Mermoz) ou Sofiane (Guitoune). » Lesquels (pour les valides) sont chargés de placer les joueurs moins utilisés (Pagès, Akhi et à un degré moindre Bonneval), le champion du monde moins de 20 ans Matthis Lebel et le prometteur Simon Renda (18 ans), dans les meilleures conditions. « Ils savent saisir les opportunités, poursuit l’ouvreur. C’est à nous, plus expérimentés, de les mettre en confiance. Ce n’est pas simple de revenir, autant conserver notre dynamique pour rendre les choses plus faciles. » Guitoune de confier : « Je ne vais pas modifier mon rôle, je parlais même quand je ne jouais pas. Il faut encadrer les jeunes, pas les rassurer. On s’entraîne avec eux et on sait de quoi ils sont capables. Le plus dur est de retrouver des automatismes. »
COMMENT RÉPONDRE AU MANQUE DE REPÈRES ?
Sur ce point, les Toulousains sont unanimes : si le potentiel n’est pas à remettre en cause - Bonneval est par exemple le deuxième Toulousain le plus efficace avec un essai toutes les 98 minutes, derrière Dupont (76) - le risque réside dans le manque de cohésion et de repères, « notamment pour placer les combinaisons habituelles, craint Holmes. La concentration est d’autant plus importante cette semaine. » Afin de compenser ce qui peut l’être dans la préparation. « On va se serrer les coudes, promet Guitoune. On a déjà montré que le turnover fonctionnait. » Régis Sonnes confirme : « On ne pouvait pas prévoir tant de sélectionnés mais on a donné du temps de jeu à tout le monde pour créer du liant, même en changeant les hommes. Le secret du haut niveau, c’est l’anticipation. On a répondu présent avec une équipe remaniée contre le Leinster, à Clermont ou à Pau. » Là-bas, ses troupes avaient su « resserrer le jeu pour gagner moche », comme le soulignait Ugo Mola après le match. Option encore d’actualité en cas de besoin. « Si on est en difficulté, on adapte le plan tactique, explique Sonnes. Dans les conditions d’hiver, on doit s’y préparer. » Guitoune va plus loin : « Si c’est nécessaire, on reviendra à des choses simples même si ce n’est pas notre philosophie. On parle de notre jeu d’attaque mais nos progrès sont aussi défensifs, ce qui résume la générosité du groupe. On tentera de mettre des choses en place. Si ça marche, tant mieux. Sinon, il faudra prouver qu’on a grandi et qu’on sait être pragmatiques. »