LA VIE SANS FINN
RUSSELL AVEC L’ÉCOSSE, LAMBIE PARTI, LES RACINGMEN COMPTERONT SUR RAPHAËL LAGARDE ET BEN VOLAVOLA CES DEUX PROCHAINS MOIS. CES DEUX-LÀ ONT-ILS LES ÉPAULES ?
Dans l’esprit des deux Laurent, le tempo était le suivant. Aux premières morsures de l’hiver, à l’instant où Finn Russell rejoindrait l’Écosse pour préparer le Tournoi des 6 Nations, le Springbok Pat Lambie serait enfin rétabli d’une grave blessure au genou et, de fait, apte à prendre le relais de l’envoûteur de Glasgow. Vous connaissez la suite : jeudi dernier, Midi Olympique annonçait que « l’ange du Racing » renonçait au rugby, Pat Lambie confirmait la nouvelle à ses coéquipiers et, dans la foulée, les dirigeants franciliens se mettaient en quête d’un joker médical. Ce week-end, à Lyon, Raphaël Lagarde et Ben Volavola, respectivement numéros 3 et 4 dans la hiérarchie des ouvreurs du Racing, se partageront donc le temps de jeu. Depuis le début de saison, c’est l’ancien Bayonnais Lagarde qui a compté le plus de titularisations à l’ouverture (3), le meneur de jeu fidjien (deux titularisations en numéro 10) ayant aussi été utilisé pour couvrir le poste d’arrière.
Quelles sont leurs caractéristiques, au juste ? De loin, on jurerait que Lagarde et Volavola sont deux joueurs particulièrement portés sur l’offensive, deux ouvreurs évoluant très près de la ligne adverse. Lagarde, qui voici dix ans formait avec Maxime Machenaud la charnière des champions de France espoirs de l’UBB, fut longtemps considéré comme une grande promesse du rugby français. Ralenti par les blessures, frappé par la scoumoune, le Girondin (il est né à Langon) eut pourtant du mal à répondre aux attentes que ses coachs successifs avaient alors placé en lui. En le recrutant à l’intersaison, l’entraîneur des trois-quarts franciliens Laurent Labit avait alors déclaré : « On souhaite relancer un garçon qui était un espoir du rugby français à l’ouverture, talentueux mais qui n’a pas pu exprimer tout son potentiel durant sa carrière ». Pour tout dire, on avait alors pensé que le pari Lagarde était loin d’être sot : buteur fiable et bel animateur, le Girondin aurait pu briller derrière un pack dominant comme l’est souvent celui du Racing 92. Las, la gloutonnerie et le talent de Finn Russell ne lui ont laissé que des miettes. Du coup, Raphaël Lagarde, qui devrait débuter ce week-end à Lyon, fera les trois prochaines saisons avec Agen.
LA CAUTION GLAMOUR
Derrière lui, Ben Volavola aura également son mot à dire dans les prochaines semaines, étant aujourd’hui acquis que Finn Russell ne reviendra pas dans les Hauts-de-Seine avant fin mars, date à laquelle les Ciel et Blanc affronteront Toulouse en quarts de finale de Champions Cup. Ce sont donc cinq matchs de championnat (Lyon,Toulouse, Castres, La Rochelle et Grenoble) que les Franciliens, actuels sixièmes du Top 14, s’apprêtent donc à disputer sans le meilleur ouvreur d’Europe. Quant à savoir si cette absence les met oui ou non en danger, le déplacement à Lyon donnera une première indication…
Volavola, hein ? L’élégant demi d’ouverture des Fidji, caution glamour du Racing (il partage sa vie avec Shailene Woodley, une actrice américaine), a toujours été une doublure, si ce n’est en équipe nationale où il compte 28 sélections depuis 2015. Barré aux Waratahs, barré aux Crusaders et barré à Bordaux-Bègles, Ben Volavola mériterait probablement davantage qu’une vie dans l’ombre. Reste à savoir s’il saura oui ou non saisir sa chance.