Midi Olympique

IL ÉTAIT UNE FOI

PLUS PERSONNE N’Y CROIT, SAUF EUX. LES CATALANS, TOUJOURS AUSSI DÉTERMINÉS MALGRÉ LEUR ZÉRO SUR VINGT CETTE SAISON, VEULENT ENTRETENIR L’IMPROBABLE ESPOIR DU MAINTIEN EN GAGNANT.

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Mardi, au Parc des Sports de Perpignan. Patrick Arlettaz trépigne à l’heure du déjeuner : « J’espère vraiment que la séance de l’après-midi va être bonne. J’attends de la qualité, de la précision. » La répétition tient ses promesses : les joueurs s’investisse­nt, répètent les lancements avec applicatio­n, défendent avec agressivit­é. À première vue, la réalité du classement, cruelle pour ces hommes, ne transparaî­t pas dans leurs attitudes, déterminée­s, et leurs regards, dirigés vers Pau. À écouter les derniers de la classe, cette échéance marquera un temps fort : le début d’une nouvelle aventure ou l’étape la plus traumatisa­nte d’un interminab­le chemin de croix. « C’est notre finale. Ce doit être l’heure du déclic », lance Berend Botha. « Il ne faut pas se le cacher : on joue notre saison face à Pau, insiste Karl Château. Le maintien sera impossible si nous ne battons pas ces équipes. L’espoir doit se faire sur ces matchs. » L’espérance comme antidote à la sinistrose. Un coup d’oeil au calendrier la rend plus concrète avec les réceptions, à la suite, de Pau, Agen, Toulon et Grenoble, soit les quatre formations les plus proches au classement. Le découragem­ent n’a donc pas encore gangréné le vestiaire. « Je peux vous dire qu’il y a beaucoup d’impatience et d’émulation », reprend le troisième ligne. « Il y a encore plus de concentrat­ion que d’habitude », témoigne le Sud-Africain. Christian Lanta le perçoit aussi : « Je sens des mecs concernés, qui ont de l’envie, pas des joueurs déprimés ou qui ont peur.Vous savez, tout le monde ou presque s’est engagé sur le long terme pour réussir avec ce club. D’où l’engagement, la motivation de ce groupe à tout donner pour rester en Top 14. » Avant même de parler de maintien ou de descente, tout un club repart, une fois encore, cette semaine, en quête d’un premier succès. Tout simplement. Depuis trois semaines et un énième échec à Paris, tout est mis en oeuvre pour y parvenir : « Notre priorité est d’amener les joueurs dans une forme de conviction, évoque Christian Lanta. Je ne parlerai pas de confiance, ce serait mentir car elle manque. Mais ils doivent être persuadés qu’ils ont les qualités suffisante­s pour battre meilleurs qu’eux. » Face au dixième du championna­t, le peuple catalan n’en attend pas moins : « On sent que c’est le moment. Tout le monde se dit : « Ça y est, ils vont le faire, Pau n’est pas bien. » Mais quand je regarde les images de la Section, je me rends compte qu’il y a un vrai potentiel et que ça joue très bien par moments même si elle ne réussit pas sa saison. »

« L’EXPLOIT, C’EST L’ESSENCE MÊME DU SPORT, NON ? »

Après le 0/20 du premier semestre, le promu a-t-il retenu les leçons de son douloureux apprentiss­age ? Pour, enfin, ouvrir son compteur, il devra réaliser sa meilleure prestation, la plus complète, surtout : « Dans le combat, il faudra être à 200 %, être plus agressifs sur le contact, tonne Berend Botha. En chacun de nous, il y a une rage, un feu intérieur, car ça fait trop longtemps que nous avons gagné. Il faut s’en servir. » Karl Château poursuit : « Nous devons être plus compacts et rigoureux en défense. Ce n’est plus possible, les adversaire­s marquent trop facilement. Pareil pour les sorties de camp. L’équipe se remet trop souvent la tête sous l’eau. » Samedi, le collectif devra afficher une osmose de tous les instants et les individual­ités hausser leur niveau de performanc­e pour inverser, enfin, le cours du destin. Aimé-Giral attend désespérém­ent de voir Enzo Forletta soulever son vis-à-vis en mêlée, Genesis Lemalu avancer à l’impact, Eroni Sau ouvrir les brèches depuis son aile et Paddy Jackson rassurer son monde à l’arrière.

Alors, seulement, le vestiaire sang et or pourra véritablem­ent commencer à croire en son improbable mission sauvetage, entamée avec treize points de retard : « Nous sommes tous très lucides, reprend Christian Lanta. Il est peut-être déjà trop tard. Disons que ce match sert à entretenir l’espoir de l’exploit. Mais le sport génère l’exploit. C’est ce que tout le monde aime, c’est l’essence même du sport, non ? C’est justement ce challenge qui anime les joueurs à l’heure actuelle. » Samedi, sur les coups de 20 heures, leur saison sera peutêtre enfin lancée. Ou pas. « Il faudrait alors un miracle ; et des miracles, je n’en ai jamais vus », souffle Patrick Arlettaz. Même en cas de petit bonheur, le chemin restera long, très long. Christian Lanta conclut : « Tout le monde a conscience qu’il faut remporter ce match mais il en faudra en gagner d’autres, beaucoup d’autres. Les victoires face aux équipes du bas du tableau ne suffiront pas pour se maintenir. » Mais la révolte commence par là.

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Photo Icon Sport Peu utilisé jusqu’à maintenant, l’ailier Eroni Sau sera-t-il le déclic qu’a besoin l’Usap ?

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