Midi Olympique

UN HAMEAU DEUX MONTAGNES

- Par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

DANS UNE ENCEINTE PALOISE CHAUFFÉE À BLANC ET QUI SERA PLEINE À CRAQUER CE DIMANCHE, L’EUPHORIQUE ARMADA BAYONNAISE DÉFIERA LA TERRIBLE MACHINE BRIVISTE POUR UNE FINALE DE FEU. AVEC, À LA CLÉ, UN BILLET POUR LES LIMBES ENNIVRANTE­S DU TOP 14.

Il y a trois semaines, à la sortie de la pelouse AmédéeDome­nech, le manager de l’Aviron bayonnais Yannick Bru confiait au sujet de son adversaire : « Félicitati­ons à Brive, qui est un cran au-dessus, qui mérite d’être tout en haut du Pro D2 et à qui je souhaite d’intégrer le Top 14. » Son équipe venait, pour le compte de la 30e et dernière journée, de s’incliner de peu (18-20) sur le terrain du leader de la phase régulière. Serait-il prêt à réitérer ces mêmes propos à ce jour ? Peut-être, histoire d’évacuer la pression sur un CABCL qui fait figure de favori au regard des huit points qui ont séparé le meilleur élève de l’exercice du troisième au classement final. Mais il est bien connu que la méritocrat­ie n’a qu’une place toute relative à l’heure où il convient de s’engager dans l’ultime ligne droite d’un marathon long de huit mois et demi. Dimanche soir, il n’en restera qu’un… Du moins, pour une semaine, puisque le perdant de la finale d’accession se verra offrir une nouvelle chance le week-end suivant face à Grenoble. Mais l’ancien entraîneur des avants du XV de France, s’il s’était montré au minimum poli et même peut-être sincère à l’encontre des Corréziens, rêve désormais de bousculer l’ordre établi. Ce qui n’était pas prévu au programme l’été dernier quand l’Aviron se présentait sur la ligne de départ avec autant d’espoirs que d’incertitud­es. Et un mode d’ordre : le temps de la reconstruc­tion avant celui de l’ambition. « On avait dit que, dans deux ou trois ans, on essaierait de remonter, expliquait le président Philippe Tayeb, après la fabuleuse victoire de ses joueurs à Oyonnax. Aujourd’hui, nous sommes aux portes du Top 14 et nous allons à Pau pour gagner cette finale. On ne peut plus reculer et se mentir à nous-mêmes. Il faut vivre cette finale pour revenir en Top 14. Nous ne pouvions pas l’annoncer il y a un an, c’était vraiment trop prétentieu­x de notre part. » Alors, à l’arrogance, les Basques ont préféré l’insoucianc­e. Laquelle les a portés jusqu’au Hameau, là où les désirs les plus fous sont permis. « Nous sommes des compétiteu­rs et on se décarcasse toute la saison pour jouer ce genre de match, clame le demi de mêlée Guillaume Rouet. Quand on y est, on a bien sûr envie d’aller au bout. » Pour placer un point d’honneur en guise de terme à une aventure exceptionn­elle pour un effectif encore immature dans son vécu commun. « L’an passé,

une partie de ce groupe disputait la demi-finale espoirs contre Pau, s’enthousias­me l’entraîneur des avants Joël Rey. Ces mêmes joueurs sont en finale de Pro D2. » Derrière le court revers de ses troupes à Brive le 5 mai, Bru tirait déjà les enseigneme­nts du rendez-vous dominical et de l’exercice dans son ensemble : « Nous avons une équipe jeune, qui a beaucoup progressé tout au long de la saison. Nous sommes venus embêter Brive, y compris sur ses points forts. Cela valide un peu le travail, on sait que c’est une année de constructi­on pour nous. Ces efforts ne sont pas vains et les garçons ont appris. » La preuve est dorénavant implacable.

L’ENFER TANT CONVOITÉ DE L’ÉLITE

Portée par son euphorie, qui l’a conduit à combler ses dix-huit points de retard à Oyonnax pour signer une victoire de prestige, la joyeuse bande d’Antoine Battut n’a finalement plus grand-chose à perdre. Ce qui la rend d’autant plus dangereuse. Si elle s’incline dimanche, une forme de logique sportive sera respectée - bien qu’elle soit sûrement la formation à avoir posé le plus de tracas au CABCL cette saison. Si elle l’emporte, elle pourra alors définitive­ment chavirer. Et apprécier le retour dans l’enfer tant convoité de l’élite, là où tout promu est condamné avant l’heure. Est-elle seulement prête pour l’affronter ? Là n’est pas la question. Elle se posera ce lundi, peut-être celui d’après. Ou même une autre année. Qu’importe, il s’agit de goûter la fête à sa juste valeur. « Cette finale à Pau, à une heure de Bayonne, c’est un peu un cadeau que nous offrons à nos supporters », se félicite d’ailleurs le capitaine. Le tableau est jusque-là idyllique. Le problème ? C’est qu’une autre montagne se dresse en face. Plus solide et impression­nante que jamais. Ce ne serait faire offense à personne que de défendre la théorie selon laquelle Brive possède la flotte la plus complète et armée de Pro D2. Sûrement celle la plus à même de batailler à

Joël REY

Entraîneur de Bayonne « L’an passé, une partie de ce groupe disputait la demifinale espoirs contre Pau. Ces mêmes joueurs sont en finale de Pro D2 »

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