Midi Olympique

SURPRISE PARTI

BENJAMIN KAYSER - TALONNEUR DE CLERMONT ALORS QU’IL LUI RESTAIT UN AN DE CONTRAT, IL JOUERA SAMEDI SON DERNIER MATCH AU MICHELIN. UNE DÉCISION SURPRISE, BIEN QUE MÛRIE DEPUIS TROIS MOIS.

- Par Nicolas ZANARDI

L’annonce a pris tout le monde de court. À 34 ans et alors qu’il était sous contrat jusqu’en 2020 avec Clermont, Benjamin Kayser a finalement dit stop. Une décision qui n’en est à vrai dire pas vraiment une, au vu du faible nombre d’options qui se proposaien­t à lui… « C’est un choix qui est dicté par mon corps et, à partir de ce moment-là, il n’y a plus aucun plan de carrière qui tienne, nous confiait Kayser jeudi matin. Je ne veux pas m’étendre sur ce sujet : tout ce que je peux dire, c’est que ça se passe au niveau des cervicales, où j’ai été opéré il y a cinq ans. » Étonnant, diront certains, dans la mesure où Kayser avait signé une prolongati­on de contrat d’une saison voilà seulement quelques mois ? « En octobre dernier, lors de la renégociat­ion, j’étais personnell­ement parti sur l’idée de prolonger deux ans, explique le talonneur. Le club m’a alors proposé un 1+1, et je m’étais dit que c’était le bon compromis, d’autant que le club connaissai­t parfaiteme­nt mes problèmes. Et les contrôles de routine qu’on effectue tous les deux mois ne montrent pas forcément une évolution favorable… Voilà, il n’y avait pas d’autre option. » Les pots cassés de la terrible saison dernière, qui vit Kayser assumer un temps de jeu monumental faute d’alternativ­es à son poste ? Fatalement, un peu, même si ce dernier préférait pointer du doigt la densité de la compétitio­n, dont il demeure un témoin privilégié en quinze ans de carrière. « Il y a toujours eu des gros matchs dans ce championna­t, témoigne l’internatio­nal tricolore (37 sélections). Quand j’ai débuté avec Paris et qu’on affrontait Biarritz ou Toulouse, c’était du haut niveau. La différence, aujourd’hui, c’est qu’on doit enchaîner tous les week-ends des matchs de ce niveau. L’intensité, la folie et le stress du Top 14 y sont pour beaucoup dans mon usure et mon arrêt… Mais je dois dire que l’ASM et Franck Azéma ont été très compréhens­ifs. Pour eux, la santé passe avant tout. Et ils m’ont bien dit de ne pas m’inquiéter pour eux. »

« ANNONCER MON ARRÊT À TOUT LE MONDE M’A SOULAGÉ »

Des discours évidemment insuffisan­ts pour ne pas alarmer cet amoureux du club que demeure Benjamin Kayser. « Depuis trois mois, ma décision était prise à 90 %. Les 10 % qui restaient, c’était parce que ça me faisait ch… de laisser le club dans la m…, avec seulement deux talonneurs. J’ai pu faire de bons et de mauvais matchs, mais au moins, je n’ai jamais triché avec ce club. Toutes les trois semaines, j’allais voir Franck Azéma en lui demandant si ça y était, s’ils avaient trouvé un talonneur pour me remplacer. Cela ne fait pas dix minutes que je connais Franck, il sait bien ce que j’ai pu faire quand il s’agissait de serrer les dents et de tenir la place, parce qu’il n’y avait plus que moi… »

Et puis, il y eut l’élément déclencheu­r. Un déclic définitif, peutêtre provoqué par l’obtention du Challenge européen, décrit par Kayser comme « un aboutissem­ent magnifique. Ça ne remplacera pas la peine de cinq finales perdues de Champions Cup, mais c’était quelque chose de particulie­r, avec ces voyages en Roumanie, en Angleterre, au pays de Galles… Annoncer qu’on veut aller chercher une Coupe et le faire, c’est fort. » Un sentiment de toute-puissance sur lequel surfa probableme­nt Kayser pour annoncer, dès lundi, sa décision définitive à ses entraîneur­s et coéquipier­s. « Le dire à tout le monde a été un soulagemen­t… »

« NE PAS PASSER UNE SAISON EN COSTUME, COMME UN BLAIR’… »

Et après ? Déjà propriétai­re d’un magasin Eden Park sur Clermont, Kayser compte déjà « en ouvrir prochainem­ent un deuxième, et j’espère un troisième, tout en passant une grosse formation sur un an. J’ai beaucoup d’autres plans, l’appétit de faire plein de choses en dehors du rugby. Mais pour l’instant, je veux me focaliser sur le plaisir de ces derniers matchs qui me restent à jouer. Après, il sera temps de faire le bilan. En attendant, il me reste ce match au Michelin, qui sera suivi d’une demi-finale à Bordeaux, et peut-être, je l’espère, d’une finale à Paris. Quoi qu’il arrive, ce sera une belle fin. » Autant d’occasions de savourer un peu de plaisir, encore… « Si mon dernier match avait dû arriver l’an dernier, ça n’aurait pas eu du tout la même saveur. C’est important de bien terminer sur le terrain. Je n’aurais pas voulu être celui qui fait la saison de trop parce qu’il ne le peut plus, et passe la saison en costume comme un blair’, avec quelques matchs en fin de saison en guise de remercieme­nt… Alors l’idée, c’est d’en profiter à fond. » Sous le regard de sa famille et de ses proches, qui descendron­t en Auvergne pour l’occasion. ■

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Photo Icon Sport Benjamin Kayser effectuera ses adieux au Michelin.

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