Où s’arrête la liberté d’expression ?
AUSTRALIE L’AFFAIRE FOLAU N’EN FINIT PLUS DE FAIRE DES VAGUES. LE SYNDICAT DES JOUEURS ESPÈRE QUE DES RÈGLES SERONT ADOPTÉES QUANT À LA PRISE DE PAROLE.
La sanction est tombée. Un joueur, Israel Folau, a vu son contrat rompu par Rugby Australia pour avoir exprimé ses opinions religieuses envers certaines composantes de la société australienne. Au-delà du fait que Folau avait déjà été averti par son employeur, il reste que les règles sont loin d’être claires. Du coup, le syndicat des joueurs de rugby professionnel (RUPA) a décidé de mettre sur pied un groupe de réflexion pour réfléchir au sujet de l‘expression de la foi et des croyances religieuses. Ce groupe de réflexion devrait commencer ses travaux à l’issue de la saison. RUPA note que
« Rugby Australia n’a pas encore fourni d’instructions claires ou spécifiques sur la façon dont les joueurs professionnels pouvaient exprimer leur foi et leurs croyances de manière à ne pas porter préjudice au rugby. Il est évident que les joueurs doivent être informés sans ambiguïté de leurs droits et de leurs responsabilités. » Malgré la très large couverture médiatique du cas Folau, il reste beaucoup d’incertitudes sur ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Ainsi, si Folau avait cité les écritures saintes directement au lieu de paraphraser la Bible, est-ce que le résultat aurait été diffèrent ?
Le syndicat souhaite ardemment que la Fédération participe à cet exercice et prenne les choses en main pour clarifier la situation. Quand on sait que 45 % des membres du syndicat sont d’origine des îles du Pacifique, peut-être qu’un certain nombre d’entre eux partagent les vues de Folau. Il est donc important de donner un cadre pour pouvoir s’exprimer sans crainte. En de maintes occasions, Raelene Castle, la directrice générale de Rugby Australia, a rappelé que les joueurs étaient libres d’exprimer leurs croyances, à condition de ne pas offenser d’autres communautés. Déjà, de nombreux joueurs affichent des passages de la Bible ou des croix sur leurs protections, notamment autour des poignets. De nombreux joueurs se signent en entrant sur le terrain ou remercient Dieu après avoir inscrit un essai. Et il est aussi très fréquent de voir les joueurs s’agenouiller et prier après un match, chose très commune en Afrique du Sud également. Il est donc impératif de fournir un cadre précis aux joueurs pour les rassurer mais aussi pour marquer le respect de Rugby Australia pour les croyances religieuses d’une large portion des pratiquants de ce sport.