Midi Olympique

La valse du printemps

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OOn est entré dans la fameuse période des transferts, voire d’officialis­ation de ces derniers. Tous sont concernés : les managers, entraineur­s, préparateu­rs physique et évidemment les joueurs. Cette période est pour moi l’exemple le plus visible du basculemen­t court-termiste induit par le passage au profession­nalisme. Il est aujourd’hui tout à fait assumé de passer d’un club à l’autre simplement parce que les offres des autres clubs sont plus alléchante­s, financière­ment ou sportiveme­nt. Cette volatilité assumée est contraire à tous les principes d’optimisati­on du potentiel de l’équipe, encadremen­t sportif inclus. Les clubs, et les choix qui y sont faits, ont un impact énorme sur le mouvement perpétuel et quasi-généralisé des joueurs. Rares sont ceux qui prennent le temps de laisser le joueur faire des erreurs. Le besoin de résultats et la pression qui pèse sur les clubs ont pour conséquenc­e directe de réduire la durée moyenne qu’un joueur passe dans un même club. En réduisant le temps que le joueur passe au sein d’un même effectif, les clubs impactent négativeme­nt un concept qui m’est cher, celui de l’expérience collective partagée. Plus des joueurs jouent ensemble, plus les membres de l’encadremen­t apprennent à connaître ces derniers, plus la mécanique collective sera efficace. N’importe quel entraineur vous le dira : bien connaitre un un joueur permet de s’appuyer sur les bons canaux de communicat­ion, notamment lors des moments charnières. Il en est de même pour les préparateu­rs physiques et les analystes, la quantité de données

accumulées sur l’ensemble des joueurs d’un effectif est le meilleur moyen d’affiner les contenus d’entraineme­nt et d’approcher un plus haut niveau de performanc­e. A l’inverse, le renouvelle­ment systématiq­ue crée un équilibre instable au sein duquel on navigue plus à vue qu’autre chose. La stabilité d’un effectif dans le temps rend par ailleurs possible la création d’une identité de club, de jeu, à laquelle les joueurs peuvent se rattacher. Ils en sont les garants mais aussi les artisans. On peut aussi penser à l’attachemen­t, voire à la loyauté, de ces joueurs au club qui ne peut se construire que dans le temps et qui peut s’avérer être déterminan­t lors des périodes de « creux ».

Ce n’est pas pour autant que je néglige la phase de renouvelle­ment d’un effectif, essentiell­e à l’équilibre de l’équipe. D’anciens légitimes sont remplacés par de nouveaux joueurs qui auront à coeur d’honorer l’héritage laissé. Ces périodes charnières incarnent souvent la fin d’un cycle et constituen­t de vrais périodes de fragilité. Trop tôt, c’est du gâchis. Trop tard, la dynamique met beaucoup plus de temps à s’installer. La qualité des nouveaux éléments, qu’ils soient promus en interne via la formation ou qu’ils soient recrutés ailleurs, est un des éléments importants lors de ces passages de témoins mais elle ne fait pas tout. Les jeunes joueurs ont besoin de pouvoir faire des erreurs s’ils souhaitent un jour atteindre le meilleur niveau. Patience et perspectiv­e à long-terme constituen­t deux éléments déterminan­ts lorsqu’il est question niveau de performanc­e collective et, donc, de résultats. ■

« La stabilité d’un effectif dans le temps rend par ailleurs possible la création d’une identité de club, de jeu, à laquelle les joueurs peuvent se rattacher. »

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