DANS L’ENFER DES ARRÊTS DE JEU
LA QUALITÉ DE LA DÉFENSE FRANÇAISE EST À L’ORIGINE DE CE TROISIÈME SUCCÈS. UN CONSTAT ILLUSTRÉ PAR LES DEUX DERNIÈRES MINUTES ET LES CINQ MINUTES D’ARRÊT DE JEU DE LA PREMIÈRE MI-TEMPS. UN LAPS DE TEMPS QUI CONDENSE PARFAITEMENT TOUS LES POINTS FORTS DE CETTE ÉQUIPE. MAIS AUSSI LES QUELQUES FAILLES DU SYSTÈME.
C’est Shaun Edwards qui l’affirme : « Le tournant (de la rencontre) reste la séquence défensive de fin de première période. » Cet instant de grand danger pour le XV de France qui a duré plus de cinq longues minutes, c’est le condensé parfait de la performance défensive des Bleus. Durant cette période, le système mis en place par Fabien Galthié dès sa présence dans le cadre de la préparation du Mondial japonais, repris par Shaun Edwards depuis son arrivée en début d’année, a été mis à rude épreuve, obligeant Charles Ollivon et ses partenaires à défendre toutes les formes de jeu proposées alors par les Gallois. D’abord, dans le désordre quand le troisième ligne Tipuric a décidé de jouer vite une première pénalité dans les 22 mètres français alors qu’Ollivon n’avait pas fait l’effort de se placer à dix mètres. Ensuite, sur un ballon porté structuré par l’alignement gallois. Avec une franche réussite à chaque fois. Par-delà le système, c’est la volonté de gagner le duel à chaque impact qui a permis aux Bleus de s’en sortir une première fois. Après trois journées de compétition, les Bleus ne sont pas très largement en tête du classement des plaquages offensifs en cumulé (82) par hasard. Et que dire de l’activité de certains joueurs ? Évidemment qu’elle n’est pas étrangère non plus à ce constat. Un exemple ? Sur la séquence de jeu suivante, celle qui a amené le carton jaune de Grégory Alldritt (40e), sept temps de jeu gallois pour trois plaquages de Bernard Le Roux, ça vous parle ? Le deuxième ligne, meilleur plaqueur du Tournoi des 6 Nations après trois matchs, affiche un total de 63 plaquages dont 13 jugés « offensifs ». Des chiffres pharaoniques qui ne doivent rien au système mis en place. La suite ? C’est une succession de mêlées galloises doublée d’un pilonnage en règle. Jusqu’à une première intervention d’Antoine Dupont monté en pointe sur le trois-quarts centre Parkes, le contraignant à jeter le ballon plus qu’à ne le passer (40e+2). Mais le geste décisif, Dupont va le réaliser sur la séquence suivante. En collant au ballon derrière l’ultime mêlée de cette première période, le demi de mêlée toulousain va réussir à perturber Gareth Davies dans sa transmission grâce à une cuillère plutôt coquine, contraignant ce dernier à une passe en cloche, forcément plus lente à arriver dans les mains de Dan Biggar. Conséquence : l’ouvreur gallois hérite du ballon en même temps qu’il prend Dupont dans le buffet. Oui, vous avez bien lu. C’est lui seul, le demi de mêlée français, qui va finalement faire déjouer le pays de Galles... En coffrant Biggar et en lui imposant l’impact, Dupont a permis sur cette action à son équipe de gagner la ligne d’avantage et d’annihiler le temps fort adverse. Un peu comme il l’avait fait déjà sur la dernière action face à l’Angleterre en claquant un immense coup d’épaule à son vis-à-vis, obligeant ce dernier à lâcher le ballon.
Toutefois, et c’est à souligner, si les Bleus ont tenu cette longue séquence de défense avant la mi-temps, celle-ci est aussi survenue par leur faute. À l’origine de cette action, c’est une montée trop rapide, mal maîtrisée, sur un premier temps de jeu, de Teddy Thomas, ouvrant un large intervalle à Nick Tompkins. Une défaillance illustrant les 13 franchissements concédés en trois matchs… ■