Midi Olympique

BAPTISÉ ET COURONNÉ

DU SÉLECTIONN­EUR ADVERSE À SES ENTRAÎNEUR­S EN PASSANT PAR LES OBSERVATEU­RS COMME JAMES HOOK, TOUT LE MONDE S’ACCORDAIT SUR LE CAS « NTK » : L’OUVREUR A ÉTÉ ÉTINCELANT POUR SA PREMIÈRE À CARDIFF.

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I «l a réalisé un très bon match, un très bon match, oui… » La gorge nouée derrière le pupitre,Wayne Pivac parvient tout juste à décrocher quelques mots au sujet de Romain Ntamack. La question sur la performanc­e de l’ouvreur du XV de France sera la dernière de la conférence de presse pour le sélectionn­eur gallois. Une fraction de secondes plus tard, le technicien se lève de sa chaise et quitte les lieux. La cicatrice infligée par le bourreau du jour était visiblemen­t encore trop vive.

Sacré homme du match, Romain Ntamack venait de précipiter la chute de ses Dragons rouges pour le premier grand rendez-vous de son mandat à la maison. Croisé dans les travées de l’enceinte quelques minutes auparavant, James Hook en croyait à peine ses yeux. « Il m’a vraiment impression­né, nous confiait l’ancien ouvreur internatio­nal passé par Perpignan. Tous ses coups de pied d’occupation et ses pénaltouch­es étaient tapés au millimètre. C’était assez hallucinan­t. » Du haut de ses 81 sélections, trois Coupes du monde et autant de victoires dans le Tournoi, le futur retraité s’est frotté aux meilleurs ouvreurs du monde. Ses compliment­s valent donc de l’or : « J’avais conscience de son potentiel pour avoir vu quelques-uns de ses matchs mais je demandais à voir sa performanc­e au Millennium. Car ici, j’ai vu de nombreux jeunes ouvreurs avec du talent passer à côté. Mais lui semblait imperturba­ble à tout ce qui l’entourait. Il était dans la maîtrise totale. Il a réussi le test haut la main. »

« IL ÉTAIT TRÈS DÉÇU APRÈS L’ITALIE »

Le surdoué passait un double examen pour l’occasion : ce baptême dans la cathédrale galloise allait de pair avec une repentance personnell­e. Sa dernière prestation lui avait laissé un goût d’inachevé en bouche. « On avait discuté avec lui car il était très déçu de lui après l’Italie, explique Laurent Labit. Il avait très bien buté à l’échauffeme­nt mais quand il était revenu du vestiaire, il avait eu du mal à maîtriser le vent. Du fait qu’il ne réussisse pas dans les tirs au but, il était sorti de son match. Ça reste un jeune joueur. Même si le but n’est pas au rendez-vous, il doit rester concentré. C’est le travail qu’il a à fournir. » La réponse de l’apprenti champion, deux semaines après, a évidemment comblé son entraîneur : « On a pu voir sur ce rendez-vous que c’était un très grand joueur. Dans une rencontre de très haut niveau comme celle-là, il fallait jouer les yeux dans les yeux avec l’adversaire. Et Romain a tenu plus que la dragée haute à Biggar. »

Le duel entre les deux hommes a atteint des sommets de stratégie et d’efficacité. Le Gallois, une des références mondiales, a inscrit dix-huit points, le Français un de moins. Mais le dernier mot est revenu au Toulousain, décisif dans les moments clés. Son intercepti­on et sa lointaine pénalité ont changé le cours des événements : « Romain fait partie de l’équipe qui sort des gros matchs depuis un certain temps. Il grandit, comme le groupe », tempérait Fabie Galthié. Une prudence de rigueur : les numéros 10 français peuvent être idolâtrés puis brûlés à une semaine d’intervalle. Mais quoi qu’il arrive à l’avenir, le récital de Cardiff restera un de ses premiers chefs-d’oeuvre sur la scène internatio­nale. ■

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Photo M. O. D. P. Romain Ntamack file à l’essai.

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