Midi Olympique

Tout est Fabien…

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Sitôt le baptême du feu achevé, morceau de bravoure épuisé, satisfait et soulagé dans son grand corps cabossé, Charles Ollivon dut se résoudre à parler. Économe de ses mots, sinon de ses moyens, il fut soumis à l’exercice des phrases ressassées pour répondre : « On a fait des choses simples. » Voilà qui lui ressemblai­t, on joue comme on est. Il nous épargnerai­t le fatal « on n’a rien lâché » et l’on comprit que lui et les siens se préparaien­t à aller plus loin sans avoir à répéter le fameux « on prend un match après l’autre ». Ce capitaine est bien dans un sport qui n’a nul besoin de vanter l’humilité tant elle s’impose à quiconque songe à le pratiquer pour découvrir que l’on est plus souvent à la soute que sur le pont. Il arrive à ces « choses simples » de l’être moins dès lors que la mode en rajoute comme pour épater le nouveau client qui douterait encore de l’intensité d’une préparatio­n. Séances de « ball in play », de « skills », de « back in game », et même une succession « d’improvemen­t windows ». Il est vrai que nous faisons partie d’une génération aujourd’hui attardée qui s’en remettait au credo du malin Aldo Gruarin, pilier tout terrain : « Le rugby se joue en tronche, dans la tronche. » On ne doute pas que celle, en forme d’obus, de Shaun Edwards, un Anglais de Manchester célébré pour son goût du bombardeme­nt, soit liée aux avidités défensives de cette bleusaille dont les plaquages sont étudiés dans le détail. Mais c’est la suite qui nous intéresse plus encore avec des rendez-vous, chez les Écossais, contre les Irlandais, toujours moins à craindre, une grosse difficulté. Sans oublier que les mêmes devront, dans un an, composer avec le calendrier le plus escarpé où les attendent Anglais et Irlandais. Sans se leurrer, ce présent est déjà à goûter. Vous nous excuserez, mais tout est Fabien qui commence bien. En voilà un que l’on attendait à l’épreuve méritée, enfin. Le rugby français en sait déjà beaucoup sur lui, le joueur au palmarès très étoffé, ses difficulté­s, çà et là, au contact humain, et ses grandes idées qui valent d’être méditées tant le bonhomme, prompt à étudier, à inventer, est un acharné. Déjà, avec l’exemplaire Raphaël Ibanez en premier, il a su s’entourer, et le reste de son encadremen­t, fourni comme jamais, inspire confiance. Il est permis d’y ajouter deux choix qui valent symboles, cet Ollivon de Bayonne et de Toulon qui a quelque chose d’un NéoZélanda­is bien planté, et ce Bouthier de Vannes que peu de monde attendait sinon son copain « Garba » de Montpellie­r. La rime est belle entre la jeunesse (Vincent, vingt ans !) appelée et la vitesse souhaitée, plus séduisante que celle déjà osée avec un Fabien… jusqu’ici tout va bien. Mais cette équipe toute fraîche invite à une légèreté et nous paraît bonne à aimer pour peu qu’elle parvienne à créer son jeu, une identité. Elle a su, aussi, être sentimenta­le et rendre hommage avec cette intercepti­on du fils Ntamack sur des terres de Cardiff qui se souviennen­t - salut à toi Peter Pan - où fleurit toujours un petit coquelicot comme celui d’un certain Denis. Tournez manège, la fête continue. ■

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