Cudmore défend Biggar et tape sur le Top 14
AVANT-MATCH, FABIEN GALTHIÉ ASSURAIT QUE L’OUVREUR GALLOIS DAN BIGGAR, VICTIME DE TROIS COMMOTIONS CES DERNIERS MOIS, N’AURAIT PAS PU JOUER EN TOP 14 LE WEEK-END DERNIER. A-T-IL RAISON ?
Vous n’êtes pas sans savoir que Dan Biggar, victime de trois commotions cérébrales ces cinq derniers mois, fut sujet à polémique la semaine dernière, au moment même où son sélectionneur Wayne Pivac annonça que l’ouvreur des Saints démarrerait face aux Bleus, à Cardiff. Mais cette décision est-elle vraiment choquante ? Jamie Cudmore, qui fut en quelque sorte le lanceur d’alerte au sujet des commotions cérébrales en 2017, explique en préambule : « Un joueur comme Dan Biggar est très bien conseillé par les neurologues du staff gallois. S’ils ont donné le feu vert, c’est que tous les contrôles possibles ont été réalisés. » D’accord. Mais on parle ici de trois commotions en cinq mois, pas d’une vulgaire chute de trottoir. Cudmore, aujourd’hui responsable de l’équipe regroupant les plus grands espoirs du rugby canadien,
poursuit ainsi : « Le problème n’est pas le nombre de commotions mais leur gravité. On peut se remettre de douze commotions cérébrales et ne pas se relever d’une seule. Chaque traumatisme est différent et chaque individu récupère à sa manière. Si les symptômes ont disparu, il n’y a aucun souci. Personnellement, après m’être arrêté trois mois en 2015, j’ai pu dans la foulée participer à la Coupe du monde au Royaume-Uni. Ce n’était pas dangereux puisque j’avais respecté mon temps de repos. J’imagine que c’est la même chose pour Biggar. »
CUDMORE : « EN TOP 14, LES CLUBS FONT BEAUCOUP DE PUB… »
Jamie Cudmore a beau défendre l’ouvreur gallois et son staff, la pilule eut beaucoup de mal à passer du côté français, à tel point que Fabien Galthié assura en conférence de presse qu’en « Top 14, Dan Biggar n’aurait pas pu jouer ». Est-ce vrai ? Cudmore en
doute : « Je ne suis pas du tout d’accord avec cet argument. En Top 14, Biggar aurait même joué plus tôt ! Chez vous, il y a des gars commotionnés toutes les semaines qui jouent le week-end suivant. En France, tu peux rejouer six jours après et cette règle est totalement contre la loi de World Rugby, qui établit qu’un joueur commotionné doit sortir puis observer un repos d’au moins quinze jours. C’est aberrant. Ces règles propres à certaines ligues professionnelles mettent les joueurs en danger. » Et Cudmore de poursuivre son attaque : « Aux yeux de World Rugby, la France est l’enfant terrible de ce sport au niveau de la prise en charge des commotions cérébrales. En Top 14, les clubs font beaucoup de pub en rapport avec ça : « Nous, on cherche ci, nous on prévoit ça... » Mais ce sont des mots, rien n’est prouvé. Une seule chose est sûre en matière de traumatisme crânien, le meilleur moyen de récupérer, c’est le temps. » Toujours en guerre avec son ancien club, l’ASMCA, à qui il reproche d’avoir mis sa vie en danger, Jamie Cudmore a la dent dure contre le championnat de France. Mais il n’a pas raison sur toute la ligne. Bernard Dusfour, le président de la commission médicale de la LNR, répond ceci : « Jamie Cudmore doit estimer qu’il est des cas échappant au diagnostic… Notre règle, totalement franco-française, dit juste ceci : après une première commotion cérébrale, le joueur peut rejouer six jours plus tard à condition qu’il ait reçu le feu vert du neurologue ; après une deuxième commotion, le joueur doit rester au repos trois semaines ; à la troisième commotion cérébrale, il se repose trois mois durant et n’est autorisé à reprendre la compétition que si l’avis du collège d’experts est favorable. » Quoi qu’il en soit, le sujet brûlant des commotions cérébrales n’a pas fini de faire causer dans le petit monde du rugby… ■