Midi Olympique

Surtout, ne changez rien

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Pour comprendre la nouvelle génération, il n’y a qu’à remonter dans ses souvenirs, jusqu’au soir de la dernière finale du Top 14. Quelques minutes après le sacre toulousain, l’ailier Yoann Huget confiait sa stupéfacti­on, coincée entre incompréhe­nsion et admiration, concernant l’attitude

de ses jeunes coéquipier­s : « On n’avait pas l’impression de jouer une finale. Les Dupont, Ramos et toute la clique, ces gamins nous rendent fous, nous les anciens qui avons besoin d’être concentrés toute la semaine. J’avais envie de leur mettre des claques (rires). Ils jouaient au rami, à d’autres choses. Et même au badminton la veille du match ! Moi, j’avais la boule au ventre. Mais, quand il arrive sur le terrain, le groupe répond présent. Les jeunes nous apportent cette fraîcheur. Grâce à eux, on se dit parfois que ce n’est que du rugby. » Il paraît même que la relève stadiste se marrait dans le bus qui menait à SaintDenis. Ugo Mola de résumer : « Ils sont déconcerta­nts, tant

ils sont détachés de tout. » Huget a raison : ces gosses ont la belle idée d’apporter un nouveau souffle, et une bonne dose d’insoucianc­e, en même temps qu’ils réveillent le rugby français. Et il n’est pas anodin d’en retrouver une sacrée flopée au sein d’un XV de France qui gagne enfin. Certains affirmeron­t qu’ils ont le boulard, on rétorquera que c’est de l’assurance, celle des vrais champions. Eux, pour partie, l’ont été chez les moins de 20 ans et ont grandi avec la culture de la gagne, ce qui confère une confiance à toute épreuve. Surtout, loin d’une précédente génération de la « lose » qui en était parfois devenue aigrie et parano, ils savent flirter avec les limites de la désinvoltu­re en dehors des pelouses pour switcher (le mot à la mode !) et se transforme­r en compétiteu­rs hors pair une fois sortis du couloir. Et quand on voit le temps pris par Arthur Vincent, tout sourire, pour évoquer dans les moindres détails sa première au Millennium juste derrière le coup de sifflet final, on aimerait leur dire : même quand vous perdrez, surtout ne changez rien.

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