Midi Olympique

Les Bleuets sans Mondial

RÉÉDUCATIO­N

- Par Jérémy FADAT jeremyfada­t@midi-olympique.fr

GRAVEMENT TOUCHÉ À LA MOELLE ÉPINIÈRE LORS D’UN MATCH DE PREMIERSHI­P DÉBUT JANVIER, LE DEUXIÈME LIGNE NÉO-ZÉLANDAIS MICHAEL FATIALOFA A EFFECTUÉ SES PREMIERS PAS SEUL ET SANS ASSISTANCE CES DERNIERS JOURS. UNE LEÇON DE COURAGE DE ET D’ABNÉGATION, RÉJOUISSAN­TE EN CES TEMPS INCERTAINS.

Pendant que le monde du rugby, au même titre que l’ensemble de la société, est plongé dans l’incertitud­e et l’inquiétude face à la crise liée au coronaviru­s, voilà une nouvelle qui vient d’Angleterre, de nature à faire relativise­r et à apporter du baume au coeur. Il y a deux mois et demi, le samedi 4 janvier, le deuxième ligne de Worcester Michael Fatialofa (27 ans) se blessait très gravement à la suite d’un double plaquage lors d’un match contre les Saracens. Les images, absolument glaçantes, avaient alors frappé tout un chacun : resté allongé et incapable d’effectuer le moindre mouvement sur la pelouse, le visage pétrifié par la peur, le Néo-Zélandais avait attendu une quinzaine de minutes avant d’être évacué sur civière puis d’être transporté en urgence vers l’hôpital St Mary à Paddington. Touché à la moelle épinière, le joueur risquait d’être paralysé à vie. « Il ne peut pas encore sentir son corps », avait affirmé sa femme Tatiana sur les réseaux sociaux le lendemain de l’accident. Il avait été opéré le lundi.

« LE MARATHON CONTINUE ! »

Voilà qui avait entraîné une vague de soutiens parmi ses congénères, partout en Grande-Bretagne, en Europe ou dans son pays natal. De très nombreux joueurs étaient d’ailleurs venus lui rendre visite dans sa chambre, parmi lesquels ses partenaire­s de Worcester comme Cornel Du Preez, Jono Lance, Ollie Lawrence, Joe Taufete’e ou Marco Mama, d’autres qui évoluent en Premiershi­p ou en Ligue celte mais aussi plusieurs garçons jouant en France comme Victor Vito (La Rochelle), Loni Uhila (Clermont), Jordan Puletua (Agen) ou Kimani Sitauti (Montauban). Pendant ce temps, le syndicat des joueurs profession­nels anglais avait aussi lancé une collecte de fonds pour apporter une aider financière à sa famille. « Ensemble, nous pouvons tous garantir qu’il a les meilleures chances de retrouver son indépendan­ce et de vivre à nouveau une vie épanouissa­nte », remerciait sa femme, laquelle s’est toujours plu à montrer son optimisme et son abnégation.

Alors qu’il avait notamment passé quinze jours en soins intensifs, Fatialofa a été, au bout d’un mois, transféré dans une unité de rééducatio­n spécifique­ment dédiée à la colonne vertébrale afin de poursuivre son très long combat. « Je suis enfin suffisamme­nt solide pour déménager dans une clinique spécialisé­e, s’était alors réjouit l’intéressé sur son compte Instagram. Les médecins, les infirmière­s et les kinés ont été incroyable­s. Je suis submergé par l’amour et le soutien de la famille et des amis. Merci d’avoir été à mes côtés. Le marathon continue ! » Depuis, les nouvelles n’ont cessé d’être encouragea­ntes concernant son évolution au quotidien.

En fin de semaine, c’est d’ailleurs une autre et merveilleu­se nouvelle qu’est venue apporter son épouse puisqu’elle a, cette fois, publié une vidéo sur laquelle on peut voir Michael Fatialofa marcher seul et sans assistance pendant plusieurs secondes dans une salle de travail. Une scène émouvante et surtout impression­nante pour ceux qui ont encore en mémoire cette horrible attente sur le terrain des Saracens, onze semaines plus tôt.

UHILA : « LE VOIR MARCHER ME FAIT PLEURER »

Des premiers pas, signe des immenses progrès réalisés jusque-là et dans un laps de temps extrêmemen­t court pour ce genre de blessures par l’intéressé, qui est évidemment sur la bonne voie. Fin février, le joueur avait déjà lui-même posé une vidéo sur laquelle on l’observait avancer seul à l’aide d’une canne, ce qui avait de nouveau provoqué un tonnerre de réactions positives de la part de divers rugbymen. Forcément, il a franchi une autre étape la semaine dernière. Et là encore, nombreux sont ceux à s’être félicités publiqueme­nt de cette énorme avancée. Parmi eux, le pilier tonguien de l’ASMCA, Loni Uhila, qui a côtoyé le deuxième ligne chez les Hurricanes de Wellington entre 2015 et 2017 : « Il y a quelques semaines, je réclamais vos prières pour mon frère Michael Fatialofa et sa femme Tatiana et le voir marcher aujourd’hui me fait pleurer. Je t’aime mon frère et continue à te battre. » Certes, le Warrior (traduction de « guerrier » et surnom des joueurs de Worcester, plutôt équivoque actuelleme­nt) et ses proches devront encore s’armer de patience mais l’espoir est permis, ce qui est déjà une très grande victoire. « On a besoin de miracles. On a besoin de prières. On a besoin du pouvoir de Dieu pour le soigner. Je ne lâcherai rien jusqu’à ce qu’on voit une lumière », disait sa femme après le drame. Aujourd’hui, c’est bien sûr une forme de miracle pour elle et son mari. ■

 ??  ?? Evacué inerte le 4 janvier dernier sur la pelouse des Saracens (en haut), Michael Fatialofa, vainqueur du Super Rugby en 2016 avec les Hurricanes (en bas à gauche), soigné désormais dans un centre de rééducatio­n spécialisé, a réussi à remarcher sans assistance la semaine dernière (en bas à droite).
Evacué inerte le 4 janvier dernier sur la pelouse des Saracens (en haut), Michael Fatialofa, vainqueur du Super Rugby en 2016 avec les Hurricanes (en bas à gauche), soigné désormais dans un centre de rééducatio­n spécialisé, a réussi à remarcher sans assistance la semaine dernière (en bas à droite).
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