Midi Olympique

RETOUR EN TOP 16 ?

LES PRÉSIDENTS DU RUGBY PROFESSION­NEL FRANÇAIS ENVISAGENT SÉRIEUSEME­NT UN RETOUR À UNE ÉLITE À 16 CLUBS LE TEMPS D’UNE SAISON (2020-2021), POUR GONFLER LES RECETTES ET AMORTIR LA CRISE ÉCONOMIQUE LIÉE AU CORONAVIRU­S.

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Comme tout un chacun, le premier réflexe des hommes qui font nos clubs de rugby est le même : « Pensez aux personnes, aux familles. Que chacun prenne soin de sa santé et de celle des siens. Le reste, ce n’est que du rugby… » relativise à ce propos Franck Azéma. Avant d’en venir à une hypothétiq­ue fin de sa saison et les différents scénarios qui en découlent, d’ores et déjà posés sur la table, les dirigeants de club ont donc géré l’urgence. Ce qui n’empêche pas, d’un autre oeil, de poser le regard sur les comptes prévisionn­els qui tiennent chaque structure profession­nelle. À ce sujet, l’inquiétude est de mise.

Elle est légitime. Qu’importe le modèle, construit sur un maillage de partenaire­s locaux ou centralisé sur la fortune d’un homme autour de laquelle gravitent quelques apports, marginaux, les clubs du Top 14 sont en danger. « Les trous seront partout, dans tous les clubs, tous les budgets et il faudra bien les combler. […] Je ne crois pas que face à cette situation, un seul club soit protégé » jure un peu lus loin (page 6) Patrick Wolff, ancien vice-président de la LNR et expert-comptable au civil.

Face au péril qui se dessine désormais clairement, avec le chiffre de 100 millions d’euros de pertes cumulées qui s’avance vers le rugby profession­nel français comme un spectre mortuaire, tout le monde n’est pas égal. Au moins, tout le monde aura des réponses diverses à apporter. Pour les clubs à l’économie « réelle », construite majoritair­ement sur la billetteri­e et le partenaria­t, il conviendra d’entamer sans tarder une vaste opération séduction pour conserver un maximum de partenaire­s, compenser les quelques départs qui se feront, quoiqu’il arrive, et maintenir l’adhésion d’un public jusqu’ici fidèle malgré l’enveloppe « loisirs » qui risque de fondre dans les prochains mois. Parce que, oui, face à un événement sanitaire d’une telle ampleur, le rugby entreprise retrouve soudain son costume de loisir.

Pour les clubs à l’ambition tractée par une grande fortune, il faudra surveiller de près les comporteme­nts et velléités de ces dites fortunes, qui seront en première ligne pour combler les trous. Autant d’incertitud­es qui s’ajoutent à beaucoup d’autres : jouera-t-on la fin de saison ? Si oui, sous quel format ? Y aura-t-il des relégation­s ? Ces questions de demain sont celles d’aujourd’hui, pour mieux juger de l’ampleur des pertes et les anticiper. En rugby profession­nel, comme ailleurs, la question n’est plus de savoir s’il y aura des déficits. Mais combien. ■

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany

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