Midi Olympique

« Les Jiffs ont dérégulé les salaires »

Mourad BOUDJELLAL Ancien président du RC Toulon

- Propos recueillis par P.-L. G.

Je pense que notre sport vit au-dessus de ses moyens. Pour deux raisons principale­s. D’abord, on a abandonné le financemen­t par l’économie réelle c’est-à-dire fondé d’abord et avant tout sur la billetteri­e et le partenaria­t pour tenter de faire comme au football et s’appuyer sur des Droits TV important. Or dans notre sport, ceux-ci, même s’ils approchent les 100 millions, ils ne sont pas assez élevés surtout que l’on divise les revenus télévisuel­s du Top 14 en trois, avec une part importante pour le Pro D2 et une autre pour le budget de fonctionne­ment de la LNR qui est trop important selon moi. Bien sûr, j’ai contribué à l’augmentati­on des salaires en faisant venir des stars du Sud mais avec eux, j’ai créé une économie réelle autour du club qui a permis au RCT de rivaliser avec Perpignan ou Toulouse qui étaient les modèles économique­s et sportifs de la fin des années 2000. Mais avec l’instaurati­on des Jiffs, nous avons dérégulé les salaires. Philosophi­quement, nous aurions dû limiter le nombre d’étranger sur une feuille de match, plutôt que d’imposer un quota de 16 joueurs « français ». Je l’ai déjà dit, nous avons dopé artificiel­lement la cote des joueurs français moyens. Deuxièmeme­nt, l’autre raison c’est que l’on a laissé des gros investisse­urs faire du rugby leur jouet de défiscalis­ation. Je ne vois pas la richesse collective créée chez certains. Au football, le PSG remplit les stades à l’extérieur et fait les meilleures audiences à la TV. Au rugby, c’est le RCT ou Toulouse avec Clermont qui trustent les premières places dans ces secteurs. Si l’on regarde le Racing, le Stade français, Montpellie­r et Lyon, les quatre clubs adossés à un mécène. Leur investisse­ment ne tire pas selon moi, l’économie du rugby vers le haut. Ces quatre clubs font-ils guichets fermés à l’extérieur ? À la différence de La Rochelle ou Toulouse, ces clubs n’ont peu ou pas d’impact sur l’économie de leur ville. Ils sont plus liés à une entreprise qu’à un territoire.

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