Midi Olympique

DE CHARYBDE EN SCYLLA

ROUEN - TOP 16 APRÈS LA PERTE DE LEUR TERRAIN, UNE EXPLOSION D’USINE, ET UNE ANNULATION DE MATCH, LE CORONAVIRU­S A SANS DOUTE CLÔTURÉ UNE SAISON IMPROBABLE.

- G. C.

Dans ce moment complèteme­nt incertain où le rugby français s’interroge encore sur la possibilit­é de finir ses championna­ts, les Rouennaise­s confinées, font déjà les comptes d’une saison marquée du sceau des imprévus à répétition. Leur montée en Top 16 avait été célébrée par la non-homologati­on de leur terrain principal. Depuis le démarrage de la compétitio­n, elles sont les sans-abri de l’Élite 1, jouant ici ou là, à Mermoz ou à Quevilly, où leurs demandes d’invitation­s sont compatible­s avec les calendrier­s des clubs voisins. Elles s’entraînent sur un terrain de football. Au mois de septembre, victimes comme tous les Rouennais de l’explosion de l’usine Lubrizol, elles avaient été contrainte­s d’interrompr­e pendant quinze jours le cours de leur activité. Puis leur match contre Bayonne avait été reporté en raison des grèves. Reprogramm­é le 14 mars, l’interrupti­on de tous les championna­ts avant l’annonce du confinemen­t, l’a rayé automatiqu­ement de la carte de leur parcours. « N’en jetez plus », tente d’en rire leur entraîneur Cyrille Lloza, qui attend la suite dans une posture de sage philosophi­que.

FAIRE LA GUERRE SANS ARMURE ?

Les championna­ts reprendron­tils ? La saison sera-t-elle blanche ? Conservera-t-on l’ordre des classement­s actuels pour en faire on ne sait quoi ? « Quoiqu’il soit décidé, nous accueiller­ons cette décision sans la contester, dit Cyrille lloza sans ciller depuis son confinemen­t dieppois.

Que voulez-vous que je vous dise ? Toutes les décisions seront bonnes et mauvaises à la fois. Si nous devions reprendre, les filles n’auront plus joué à quinze depuis le mois de janvier. Entre la trêve internatio­nale, le jeu à X, et le report de rencontres, nous sommes complèteme­nt déconnecté­s de notre saison. Nous étions sur une bonne dynamique. Nous avions envisagé la possibilit­é d’aller chercher la septième place de notre groupe, ce qui nous aurait évité un match fratricide de relégation contre l’Ovale caennaise. Malgré toutes nos difficulté­s, les filles étaient prêtes à relever ce défi. Je crois qu’à partir de maintenant, tout cela ne veut plus rien dire. Nous avons fourni des programmes physiques, mais c’est de l’occupation­nel. Comment lutter dans ces conditions ? Les grosses écuries sont déjà qualifiées, et si le championna­t devait reprendre, elles pourraient programmer une reprise progressiv­e. Nous, on devrait rentrer immédiatem­ent dans nos enjeux du maintien sans aucune préparatio­n, pour faire la guerre à chacune de nos sorties. C’est impossible. De tous les points de vue, nous vivons vraiment une saison tout à fait exceptionn­elle. »

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